BELL, BENJAMIN TAYLOR A., milicien, journaliste, joueur de cricket et éditeur d’une revue, né le 2 juillet 1861 à Édimbourg, fils de David Bell et de Margaret Taylor ; le 2 janvier 1889, il épousa Sydney MacCarthy, et ils eurent un fils ; décédé le 1er mars 1904 à Ottawa.

Benjamin Taylor Bell fit ses études dans des écoles privées et au Stewart’s College d’Édimbourg. On ajouta à son nom l’initiale « A » pour le distinguer d’un condisciple qui s’appelait aussi Benjamin Taylor Bell. D’un naturel aventureux, il fit une fugue à Londres. Il fut ramené à Édimbourg par son père, qui le plaça dans un bureau d’ingénieurs. Il s’enrôla ensuite dans l’Edinburgh Volunteer Rifle Brigade. Après la mort de sa mère, il immigra au Canada. Débarqué à Halifax dans les premiers mois de 1882, il partit immédiatement pour Brandon, au Manitoba. Comme beaucoup d’immigrants, il n’avait ni capital ni expérience de l’agriculture. Moins d’un an après son arrivée, il était commis au service du fret de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique à Winnipeg. Il s’enrôla dans le 90th (Winnipeg) Battalion of Rifles, formé par William Nassau Kennedy* en 1883. Il se trouvait à Rat Portage (Kenora, Ontario) pour son travail lorsqu’en 1884 un groupe recruté par Kennedy passa à cet endroit. Ces hommes rejoignaient l’expédition qui allait prendre la relève du groupe dirigé par le major-général Charles George Gordon à Khartoum, au Soudan. Sous le coup d’une impulsion, Bell quitta son emploi et se joignit à eux. Il n’était pas le seul à ne pas avoir d’autre qualification que le goût de l’aventure et à n’avoir jamais été batelier, ce qui explique pourquoi le groupe allait connaître de graves difficultés sur le Nil [V. Frederick Charles Denison*].

Après la démobilisation du contingent à Londres en 1885, Bell alla à Montréal, où il obtint un brevet de lieutenant dans le lst (Prince of Wales’s) Regiment of Volunteer Rifles. Il s’attendait à participer à la répression de la rébellion du Nord-Ouest, mais son régiment ne fut jamais envoyé en service actif. Bell, qui fut muté plus tard au 43rd (Ottawa and Carleton) Battalion of Rifles, se convertit au journalisme. Il collabora à deux journaux montréalais, la Gazette et le Montreal Daily Witness. De plus, en 1886, il fut un moment rédacteur en chef du Canadian Athletic News, ce qui, présume-t-on, n’était pas sans rapport avec le fait qu’il excellait au cricket, jeu très prestigieux dans le Canada victorien. Membre des Canadian International Eleven, il faisait partie de l’équipe qui remporta un match international de cricket au New Jersey en 1886 ; il fut sélectionné pour se rendre en Angleterre l’année suivante à titre de membre de l’équipe canadienne.

En 1887, Bell décrocha l’emploi de sa vie : rédacteur en chef de la Canadian Mining Review d’Ottawa ; dès lors, il consacra toutes ses énergies à l’industrie minière du Canada. À son arrivée, la revue n’était qu’un petit mensuel voué à la promotion de l’industrie du phosphate. Il en fit « le porte-parole de l’industrie minière du Canada », comme il le disait fièrement, et donna ainsi un véritable organe d’information à cette industrie où régnaient auparavant rumeurs et spéculations. Chaque numéro contenait un aperçu de l’état de l’industrie minière, non seulement au Canada, mais dans toute l’Amérique du Nord. Au début, Bell était un employé de la revue, mais il en devint vite copropriétaire, avec W. A. Allan, puis, en 1896, unique propriétaire. Il continua de l’éditer jusqu’à sa mort. En outre, il était le correspondant au Canada de plusieurs périodiques britanniques sur le même sujet, dont l’Iron and Coal Trades Review et l’Engineering Review and Metal Worker (publiés tous deux à Londres), et il éditait à Ottawa une publication annuelle, le Canadian mining manual.

Parallèlement à ses activités journalistiques, Bell participa à la formation d’organisations minières. D’abord, il œuvra sur le plan provincial : secrétaire fondateur de la General Mining Association of Quebec, créée en 1891 en réaction à la présentation d’un projet de loi sur les droits miniers par le gouvernement d’Honoré Mercier*, il fut aussi associé de près à la Mining Society of Nova Scotia, établie en 1892. Puis, en 1894, il fonda l’Ontario Mining Institute. En 1896, il aida à convaincre les associations provinciales de se regrouper au sein du Federated Canadian Mining Institute, qui publierait leurs exposés et délibérations annuellement dans un volume et offrirait ainsi un compte rendu de la situation dans tout le pays. Cependant, cette fédération se saborda dès sa deuxième assemblée annuelle, en janvier 1898. Elle fut remplacée par l’Institut canadien des mines, auquel les membres adhéraient et versaient leur cotisation directement. Pendant la période où il fut le secrétaire et le grand animateur de l’institut, soit de 1898 jusqu’à sa mort en 1904, Bell vit le nombre de membres passer de 63 à 480. L’institut avait une double fonction : exercer des pressions sur les milieux politiques au nom de l’industrie minière, et favoriser la présentation et la publication d’exposés sur les mines canadiennes. Par ailleurs, Bell s’efforça de faire connaître l’industrie minière du Canada à l’étranger. Il participa à l’organisation de la visite de l’American Institute of Mining Engineers au Canada en 1889 et, l’année suivante, à l’organisation des tournées d’un groupe britannique et d’un groupe allemand d’ingénieurs miniers.

Étant donné ses liens avec l’industrie minière, il était tout naturel que Bell en devienne l’un des porte-parole. En 1900, le gouvernement de l’Ontario tenta de rendre prohibitif le coût d’exportation du minerai et de la matte de nickel non raffinés, afin de stimuler la transformation, dans la province même, du minerai de nickel provenant du district de Sudbury [V. Samuel J. Ritchie]. Bell s’opposa très vivement à cette mesure et, en 1901, il fut l’un des principaux membres d’une délégation qui alla à Ottawa demander au gouvernement fédéral de refuser de reconnaître la loi en question, tout comme il avait refusé de reconnaître la loi québécoise. Puis, en 1903, Bell fut nommé, avec Byron Moffatt Britton, à une commission d’enquête sur l’exploitation minière au Yukon. En octroyant une concession exclusive à un consortium dirigé par A. N. C. Treadgold, le gouvernement fédéral avait engendré du mécontentement au Yukon ; c’est pourquoi on instituait cette commission. Que l’on ait choisi Bell pour en faire partie est peut-être le meilleur indice de son prestige dans l’industrie.

Benjamin Taylor A. Bell participa aux audiences de la commission, mais mourut avant la publication du rapport, dans des circonstances assez bizarres. Pour se rendre aux locaux de la Canadian Mining Review, il avait l’habitude de prendre un raccourci par un magasin adjacent. Inexplicablement, le 18 février 1904, il se trompa de porte et fit une chute de dix pieds dans un puits d’ascenseur. Il mourut des suites de ses blessures moins de deux semaines plus tard.

Angus D. Gilbert

GRO-E, St George dist., Edinburgh, reg. of births, 2 juill. 1861.— Globe, 1er, 3 mars 1904.— Ottawa Citizen, 3 janv. 1889.— Canada, Chambre des communes, Débats, 11 juin 1903.— Canadian annual rev. (Hopkins), 1901 : 45s. ; 1903 : 237s. ; 1904 : 602.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Canadian Mining Rev. (Ottawa), 9 (1890), no 1 ; 23 (1904) : 22, 37–39 ; on consultera aussi les volumes 15 (1896) à 23 (1904), qui contiennent le rapport de l’assemblée annuelle du Federated Canadian Mining Institute et du Canadian Mining Institute, qui lui a succédé.— Dominion annual reg., 1886.— W. M. Goodwin, « The Institute, 1898–1948 », Canadian Mining and Metallurgical Bull. (Montréal), 41 (1948) : 119–121.

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Angus D. Gilbert, « BELL, BENJAMIN TAYLOR A. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bell_benjamin_taylor_a_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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