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BÉLAND, HENRI (baptisé Joseph-Henri-Sévère, il signait parfois Henri-S. et on l’a souvent désigné sous les prénoms d’Henri-Sévérin ou d’Henri-Séverin), médecin et homme politique, né le 11 octobre 1869 à Saint-Antoine-de-la-Rivière-du-Loup (Louiseville, Québec), fils d’Henri Béland, cultivateur, et de Sophie Lesage ; le 4 juin 1895, il épousa à New Bedford, Massachusetts, Flore Gérin-Lajoie (décédée le 25 juin 1908), et ils eurent au moins trois enfants, puis en 1914, en Belgique, Adolphine Cogels (décédée en 1916 ou en 1917), et finalement le 20 juillet 1922, à Ottawa, Henriette Van Laethem ; décédé le 22 avril 1935 à Pittsburgh (Kingston, Ontario) et inhumé le 26 avril 1935 dans le cimetière de Saint-Joseph (Saint-Joseph-de-Beauce, Québec).
Après des études classiques au séminaire de Saint-Joseph des Trois-Rivières, Henri Béland entreprend sa médecine en 1889 à l’université Laval, à Québec. Il la termine à l’université Laval de Montréal, où il reçoit un doctorat avec grande distinction en 1893. Il commence à pratiquer sa profession en 1895 à Hinsdale, dans le New Hampshire, et s’installe par la suite à Saint-Joseph, pour continuer à exercer la médecine. Très tôt, cependant, il a été attiré par la politique : déjà, à l’université, il quittait ses cours pour aller écouter le premier ministre Honoré Mercier* à l’Assemblée législative. De janvier 1897 à janvier 1899, il est maire de sa municipalité. Toujours en 1897, il devient député libéral provincial de la circonscription électorale de Beauce. Il est réélu sans opposition en 1900 et démissionne le 7 janvier 1902.
Le même jour, à l’occasion d’une élection partielle, Béland est élu, sans opposition, député de la circonscription fédérale de Beauce. Il remporte aussi les élections générales de 1904 et de 1908. À l’été de 1911, il accepte également d’être candidat dans la circonscription de Montmagny afin d’y remplacer le député sortant, Cyrias Roy. Le 19 août, pendant la campagne électorale, un remaniement ministériel permet à Béland de devenir ministre des Postes et membre du Conseil privé du Canada. Les libéraux perdent le pouvoir au profit des conservateurs de Robert Laird Borden le 21 septembre 1911. Quant à Béland, il remporte la victoire en Beauce, mais est vaincu à Montmagny.
Peu de temps avant le début de la Première Guerre mondiale, Béland voyage en Europe avec sa deuxième femme, Adolphine Cogels, qu’il vient tout juste d’épouser. Lorsque l’Allemagne envahit la Belgique, le couple se rend en toute hâte à Kapellen, près d’Anvers, où la famille d’Adolphine possède le château Starrenhof. Béland offre ses services au roi Albert 1er et, en août 1914, commence à soigner des blessés à l’hôpital Sainte-Élisabeth. Malgré le fait qu’Anvers tombe sous le bombardement allemand le 10 octobre, il choisit de demeurer au château avec sa femme. Au début de l’année 1915, le couple a bon espoir d’obtenir la permission de quitter le pays. Le 3 juin, Béland est arrêté, puis détenu au Grand Hôtel d’Anvers. Il doit prendre le train trois jours plus tard en direction de Berlin, à destination de la prison de Stadtvogtei, dont il ne sortira que le 9 mai 1918.
Pendant ce temps, des pourparlers sur la possibilité de l’échange de Béland ont lieu, mais ne mènent pas à un accord. Malgré ses nombreuses demandes, Béland n’obtient pas la permission de se rendre au chevet de sa femme à Kapellen, et il n’est informé de sa mort que deux jours après l’enterrement. Sir Wilfrid Laurier* et Borden s’entendant pour que les unionistes ne présentent pas de candidat contre lui à l’élection du 17 décembre 1917, il est réélu sans opposition. En mars 1918, la Grande-Bretagne propose un échange que l’Allemagne acceptera deux mois plus tard. Le 13 mai, aussitôt la nouvelle de la libération connue, le député libéral Rodolphe Lemieux interrompt les travaux de la Chambre des communes pour l’annoncer. De retour à Saint-Joseph, un accueil triomphal attend Béland : 10 000 personnes se réunissent le 4 août pour lui souhaiter la bienvenue. La guerre terminée, sa vie reprend lentement son cours, mais elle ne sera plus jamais pareille. Les gens qui le côtoient le décrivent amaigri et affaibli par ses années d’emprisonnement. En 1919, Béland publie à Beauceville le récit de cette difficile expérience intitulé Mille et un jours en prison à Berlin.
Aux élections générales fédérales du 6 décembre 1921, Béland se présente de nouveau dans la circonscription de Beauce. Il remporte une brillante victoire avec une majorité de 10 695 voix sur son adversaire conservateur, J.-Ephrem Lambert. Le 29 décembre 1921, il est nommé ministre du Rétablissement des soldats à la vie civile et ministre de la Santé. À ce dernier titre, il représente le Canada au Congrès d’hygiène, à Paris, qui se déroule du 21 au 24 octobre 1924. En novembre, il participe à la Conférence de l’opium de la Société des nations, tenue à Genève, en Suisse. Le 5 septembre 1925, Béland devient sénateur de la division de Lauzon, mais il demeure membre du cabinet jusqu’au 14 avril 1926.
Sur le plan des honneurs, Béland n’est pas en reste. En 1920, il a reçu le titre de commandeur de l’ordre de la Couronne de Belgique pour services rendus pendant la Première Guerre mondiale. En novembre 1924, ce même pays lui décerne le titre de grand officier, avec étoile d’argent. En juillet 1928, l’Église catholique le nomme commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. De 1930 à 1935, il est colonel honoraire pour le régiment de Beauce (qui devient le régiment de Dorchester et Beauce en 1932).
Le 22 avril 1935, Béland, avec Henriette Van Laethem, qu’il a épousée en 1922, quitte Kingston, en Ontario, en voiture vers Ottawa. Rendu à Pittsburgh, il est victime d’une syncope et meurt peu de temps après. Sa dépouille mortelle est amenée à Ottawa, puis à Saint-Joseph, par train spécial, pour le service funèbre. Il est inhumé dans le cimetière paroissial avec sa première femme, morte en accouchant.
Représentant de la Beauce durant 29 années comme député et 10 comme sénateur, Henri Béland a eu une carrière politique particulière. Son décès a suscité des témoignages de sympathie au Canada et ailleurs. Malgré ses fonctions et ses voyages fréquents à l’étranger, Béland passait l’été à sa maison de Saint-Joseph. Pour les Beaucerons, il était un personnage respectable qui, par son courage et sa détermination, a fait honneur à la région, à la province et au pays tout entier.
Malgré de nombreuses recherches, l’acte du deuxième mariage d’Henri Béland n’a pu être trouvé. Toutefois, une note ajoutée au registre, dans la marge de gauche de la page où se trouve l’acte de baptême de Béland, donne cette information : « a épousé en 2ème noces Eufémia Adolphi M. H. Veef. le 14 de juillet 1914 ; dans l’église de la paroisse St. Jacques, en Belgique. J. N. T. Ptre, curé ».
AO, RG 80-5-0-1298, no 8203.— BAC, R112-146-8, dossier SF-18-26 ; R188-39-8, dossiers 1922-2249, 1924-437 ; R194-40-3, dossiers 167945, 204890, 211469 ; R219-100-6, dossiers 1911-865, 1914-1735, 1915-729-C, 1925-45 ; R6113-0-X ; R7207-0-X ; R10383-0-6 ; R10811-0-X ; R14423-0-6.— BAnQ-MCQ, CE401-S15, 11 oct. 1869.— BAnQ-Q, P4 ; P198.— FD, Saint-Joseph-de-Beauce, Québec, 29 juin 1908, 26 avril 1935.— Mass., Office of the Secretary of State, Arch. Div. (Boston), Record of marriage, 19 juin 1895.— L’Action catholique (Québec), 23 avril 1935.— Le Devoir, 23 avril 1935.— L’Éclaireur (Beauceville, Québec), 10 déc. 1908 ; 14 janv. 1909 ; 3, 17 août, 14 sept. 1911 ; 16 mai, 8 août 1918 ; 22 sept., 1er déc. 1921 ; 1er nov. 1924 ; 21 janv., 21 mai 1925 ; 19 juill. 1928 ; 15 mai, 10 juill. 1930 ; 25 avril, 2 mai 1935.— Globe, 23 avril 1935.— Le Soleil, 18, 30 juill. 1918 ; 22 août 1921 ; 23–25 avril 1935.— Canada, Chambre des communes, Débats, 1905, 1907–1914, 1918–1923, 1925.— Jacques Castonguay et Armand Ross, le Régiment de la Chaudière (Lévis, Québec, 1983).— René Castonguay, Rodolphe Lemieux et le Parti libéral, 1866–1937 : le chevalier du roi (Sainte-Foy [Québec], 2000).— DPQ.— P.-C. Poulin, « la Recherche de héros : l’exemple de Henri-Séverin Béland (1869–1935) », dans Histoire de Beauce-Etchemin-Amiante, Serge Courville, édit. (Sainte-Foy, 2003), 606–615.— P.-G. Roy, la Dixième Législature de Québec : galerie des membres du Conseil législatif et des députés à l’Assemblée législative (Lévis, 1901) ; la Législature de Québec : galerie des membres du Conseil législatif et des députés à l’Assemblée législative (Lévis, 1897).— J. F. Vance, « Dr. Henri Béland : nobody’s darling », American Rev. of Canadian Studies (Washington), 28 (1998) : 469–487.
Pierre C. Poulin, « BÉLAND, HENRI (baptisé Joseph-Henri-Sévère) (Henri-S., Henri-Sévérin, Henri-Séverin) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/beland_henri_16F.html.
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Auteur de l'article: | Pierre C. Poulin |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2016 |
Année de la révision: | 2016 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |