BARRINGTON, SIBELLA ANNIE, infirmière diplômée et administratrice, née le 4 décembre 1867 à Sydney Mines, Nouvelle-Écosse, fille de York Ainsley Walker Barrington et de M. Matilda Mahon ; décédée le 7 décembre 1929 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, et inhumée à Barrington Park, Sydney Mines.

Sibella Annie Barrington (aussi appelée Bay ou Bey) fut probablement prénommée en l’honneur de la sœur de son père, Margaret Sibella, qui avait épousé Richard Brown, agent des mines et ingénieur au Cap-Breton et futur auteur de trois livres. Sa famille avait pris racine dans l’île vers 1825, au moment où son grand-père paternel, Charles Barrington, capitaine dans l’armée britannique, s’était établi près de Sydney Mines. Propriétaire terrien, le troisième fils de Charles, York Ainsley Walker Barrington, exerça un certain nombre de fonctions officielles et finit par hériter d’un titre de baronnet.

Les archives contiennent peu de détails sur la jeunesse de Sibella Annie Barrington. En 1901, huit ans après la mort de son père, elle entra à l’Aberdeen Hospital School of Nursing de New Glasgow. La surintendante de l’établissement, Jessie Muir Sheraton, femme « très résolue, imposante et stricte en matière de discipline », pourrait avoir influencé ses habitudes de travail. On suppose que Mlle Barrington, en robe bleu foncé et tablier blanc, allait prendre directement des quarts de 12 heures auprès des malades en quittant sa chambre, située au troisième étage de l’hôpital, sous les combles. Elle termina ses études en 1904. Le titre d’infirmière diplômée lui serait conféré en 1922, année où la Nouvelle-Écosse instituerait le diplôme d’État.

Preuve de son engagement dans sa profession, Sibella Annie Barrington alla poursuivre sa formation à Chicago et outre-mer. À Dublin, elle étudia le programme d’hygiène publique et de lutte contre la tuberculose qui avait été lancé en 1907 par lady Aberdeen [Marjoribanks*] et qui consistait en des tournées en roulotte dans tout le pays. Elle apprit ainsi à enseigner aux gens à combattre la maladie. À Londres, elle collabora avec le docteur Frederic Truby King. Pionnier de la protection de l’enfance en Nouvelle-Zélande, il croyait en la participation de la population à la médecine préventive.

Dès 1917, Mlle Barrington travaillait à Halifax, où elle avait, semble-t-il, une grosse pratique privée. Elle fit du bénévolat au cours de la gigantesque explosion du 6 décembre de cette année-là, et la Croix-Rouge britannique la nomma membre à vie. Depuis le début de sa carrière, elle s’occupait surtout de cas d’obstétrique et, de 1918 à 1923, elle fut surintendante du Halifax Infants’ Home, qui recueillait des enfants non désirés et servait aussi d’hôpital pour femmes. Sa compassion envers les mères célibataires, clientèle habituelle de la maternité, était bien connue. Elle fut également vice-présidente de la Children’s Aid Society durant cinq ans. En 1919, elle assuma la présidence de la Graduate Nurses’ Association of Nova Scotia, où elle avait été vice-présidente locale, et, avec ses collègues, elle rencontra les autorités provinciales de la santé pour s’informer au sujet des projets de loi sur diverses questions sanitaires et professionnelles. En août 1924, elle faisait partie des conseillères de la Canadian Nurses’ Association pour la Nouvelle-Écosse ; en outre, elle appartint au comité éducatif de cet organisme. Elle fut aussi convocatrice du comité des hôpitaux publics du Halifax Local Council of Women. Dans les années 1920, elle serait à l’occasion déléguée à des réunions du National Council of Women of Canada, où elle était membre du comité de santé publique. Toutefois, elle se distingua surtout par le travail qu’elle accomplit au Nouveau-Brunswick pour la Société canadienne de la Croix-Rouge.

À la fin de la Première Guerre mondiale, la Croix-Rouge avait cherché quel rôle jouer en temps de paix et avait mis en place un programme d’amélioration de la santé, de prévention de la maladie et de soulagement de la souffrance. Ce programme consistait, entre autres, à organiser des classes où les femmes apprendraient à identifier les maladies et à donner des soins de base à domicile. Au début, le conseil central de la Croix-Rouge nomma des organisatrices nationales des soins infirmiers à domicile et assuma la totalité de leur rémunération. En décembre 1924, la société nationale prêta à Saint-Jean les services de Mlle Barrington, qui se mit à la tâche avec ardeur. Sauver des enfants était son principal objectif. En 1925, elle fit 101 visites personnelles, prononça 119 exposés et organisa 62 classes de soins à domicile pour 1 558 élèves. L’année suivante, elle en organisa 77. Des infirmières diplômées donnaient des cours à titre bénévole, ce pour quoi la Croix-Rouge leur témoignait sa gratitude.

Sibella Annie Barrington était une brillante oratrice, et elle utilisait pleinement cette qualité. Elle sollicitait des appuis pour sa campagne en faisant appel à d’autres organismes, entre autres l’Imperial Order Daughters of the Empire, dont elle était membre, et à des associations professionnelles tels la New Brunswick Association of Registered Nurses et le Victorian Order of Nurses. Elle savait éveiller l’esprit communautaire et se rendait chaque jour en divers lieux de la province pour prononcer des discours sous les auspices des conseils locaux de femmes. Cependant, elle était efficace surtout auprès des infirmières. Grâce à ses efforts, il se donna plus de cours de soins à domicile au Nouveau-Brunswick de 1924 à 1928 que dans toute autre province, sauf l’Ontario. En outre, elle aida la Croix-Rouge à ouvrir des hôpitaux dans des villages isolés – St Leonard et St Clair (Clair) – et à créer un service de soins infirmiers à St George.

En 1928, le conseil central cessa de subventionner le programme de soins à domicile. Cette décision explique peut-être pourquoi, dans le courant de l’année, Sibella Annie Barrington devint l’infirmière du port de Saint-Jean. La Croix-Rouge, parmi ses initiatives d’après-guerre, avait ouvert dans cette ville le premier dispensaire portuaire au monde. Des infirmières et des bénévoles de l’endroit portaient assistance aux immigrants – au début, les personnes à la charge de soldats – dans la dernière partie de leur voyage. Les soins donnés par ces infirmières aux mères et aux enfants étaient complexes et, même si des médecins étaient de garde, leur travail ressemblait à celui des infirmières praticiennes. L’année suivante, Mlle Barrington rendit encore service à la Croix-Rouge en organisant une campagne de financement pour la Division du Nouveau-Brunswick, dont les réserves étaient à sec au printemps de cette année-là. Elle accomplit un « excellent travail ».

Sibella Annie Barrington mourut subitement en décembre 1929 à la suite d’une chirurgie au General Public Hospital de Saint-Jean. Il semble qu’elle avait éprouvé des ennuis de santé auparavant : selon une nécrologie, « elle continua de travailler avec un zèle infatigable malgré les terribles handicaps de la maladie ». Son frère John accompagna sa dépouille jusqu’à la demeure familiale, Barrington Park, où eut lieu le service funèbre. Mlle Barrington était anglicane. Son décès, perte irréparable pour le Nouveau-Brunswick, donna lieu à de vibrants hommages dans la presse des Maritimes.

L’apport de femmes comme Sibella Annie Barrington à l’édification du pays est souvent négligé. Pourtant, les femmes, et les infirmières en particulier, ont toujours été au premier rang lorsqu’il s’agissait de définir l’orientation des collectivités. Par l’entremise de la Société canadienne de la Croix-Rouge, elles ont accompli, souvent parmi une population très éloignée des services de santé, un travail qui a rendu la vie meilleure à des milliers de personnes. Mlle Barrington a transformé en un plan réalisable ce qu’elle souhaitait obtenir pour les femmes et les enfants du Nouveau-Brunswick. Sa belle réputation, son aptitude à associer des organismes à une cause et sa faculté de persuasion l’ont énormément aidée à réaliser son objectif.

Arlee Hoyt McGee

Beaton Institute, Univ. College of Cape Breton (Sydney, N. É.), Biog. and geneal. files, Barrington ; Brown ; MG 12.208, D (Elva Jackson papers), geneal. charts, Charles Barrington ; Newspaper clippings.— College of Registered Nurses of Nova Scotia (Halifax), Graduate Nurses’ Assoc. of Nova Scotia, minutes, 1919.— Assoc. des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick, Centre hist. en soins infirmiers (Fredericton), New Brunswick Assoc. of Graduate Nurses, minutes, 22 juin 1927, 16 oct. 1928 ; Scrapbooks.— Telegraph-Journal (Saint-Jean, N. B.), 25 janv. 1930.— Soc. canadienne de la Croix-Rouge, A history of Red Cross outposts in New Brunswick, 1922–1975 (Saint-Jean, 1976).— Faye Hoare et al., 90th anniversary booklet of the Aberdeen School of Nursing, 1987 ([New Glasgow, N. É., 1987] ; exemplaire aux Aberdeen Hospital Nursing Alumni Arch., New Glasgow).

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Arlee Hoyt McGee, « BARRINGTON, SIBELLA ANNIE  », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barrington_sibella_annie_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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