BARRETT, ALFRED, ingénieur civil, né en Nouvelle-Angleterre ; il se maria et eut au moins un fils ; décédé à Montréal le 18 juillet 1849.
Alfred Barrett commença vers 1818 à travailler pour le personnel technique du canal Érié, dans l’État de New York. Il y acquit de l’expérience, gravit rapidement les échelons et devint ingénieur dès 1821. Après l’achèvement du canal Érié en 1825, Barrett fut nommé ingénieur-surintendant des travaux du canal Welland, dans le Haut-Canada, le 10 mai 1826. Il dut peut-être sa nomination à la visite que fit en 1824 le promoteur du projet, William Hamilton Merritt*, aux ingénieurs et aux entrepreneurs du canal Érié. Barrett et David Thomas, l’ingénieur en chef du canal Welland, furent sans doute les premiers ingénieurs américains à travailler en Amérique du Nord britannique.
Après la démission de Thomas en juin 1827, Barrett continua seul. Les travaux se déroulèrent bien jusqu’en novembre 1828, lorsque s’affaissèrent les bords escarpés de la « Deep Cut », une section particulièrement haute située au sommet du canal. Comme une reconstruction était impossible, il fallut repenser le système d’alimentation de la tête du canal. On chargea James Geddes, l’un des ingénieurs les plus expérimentés du canal Érié, d’aider Barrett à reprendre les levés. Ils trouvèrent une nouvelle source d’alimentation et, le 30 novembre 1829, on ouvrait le canal. L’année suivante, dans le but d’améliorer la navigation, Barrett fit des levés sur le Saint-Laurent, à partir du lac Ontario jusqu’au lac Saint-François, mais cette étude n’aboutit à rien. Il revint au canal Welland en 1831 pour travailler à son prolongement jusqu’à Port Colborne, dans le Haut-Canada.
Comme les ingénieurs étaient moins en demande au Canada au cours des années 1830, Barrett retourna aux États-Unis. Il obtint le poste d’ingénieur du canal Chenango, un embranchement de l’Érié. En 1837, il était l’un des ingénieurs des travaux au canal Érié et, l’année suivante, l’un des cinq ingénieurs en chef chargés de son agrandissement. Il démissionna en 1843 parce que l’État de New York avait adopté des lois qui sabraient dans les budgets affectés au canal.
En 1841, le gouvernement impérial consentit un prêt important pour les travaux publics au Canada. La somme devait servir en grande partie à reconstruire le réseau canadien de canaux, du lac Érié jusqu’à Montréal. Le canal de Lachine, qu’on avait construit de 1821 à 1825, constituait l’un des principaux goulots d’étranglement. En 1843, peu après la fin des grèves d’ouvriers, on y nomma Barrett ingénieur des travaux d’agrandissement. Au cours des quatre années qui suivirent, il fit aménager une cuvette élargie, une nouvelle écluse et de nouveaux ouvrages de retenue des eaux, tout en gardant le vieux canal ouvert autant que possible. On dut réaliser une partie de ces travaux durant l’hiver, fait inusité au Canada à cette époque. Barrett assurait également la surveillance des entrepreneurs et accomplissait des tâches auxiliaires comme tracer des plans de bassins, de docks et d’entrepôts ou établir les plans et devis d’installations destinées à transformer les surplus d’eau en énergie pour l’industrie. Dès les années 1850, l’énergie hydraulique fournie par les eaux du canal de Lachine contribua à faire de Montréal la première ville industrielle du Canada.
Barrett était en outre responsable des travaux au canal de Chambly ainsi qu’au barrage et à l’écluse de Saint-Ours. Le département des Travaux publics le chargea de produire des rapports spéciaux concernant la navigation sur la rivière Grand, dans le Haut-Canada, et la rivière Saint-Charles, à Québec, ou la possibilité de construire un pont sur le lac des Deux Montagnes, près de Montréal. Après les travaux d’agrandissement du canal de Lachine, grâce à ses antécédents, Barrett obtint à l’automne de 1848 une mutation au canal Welland pour remplacer Samuel Keefer*. Il y travailla peu de temps, puisqu’il mourut du choléra à Montréal en juillet 1849.
On sait peu de chose sur la vie privée d’Alfred Barrett, sinon qu’il était franc-maçon et qu’il participa en 1829 à la formation d’une société d’abstinence chez les ouvriers du canal Welland. Force est donc de le juger d’après son travail professionnel. Il détint des postes importants sur les chantiers des canaux Érié, Welland et de Lachine, qui comptaient parmi les projets les plus vastes et les plus prestigieux du xixe siècle. Le conseil d’administration de la Welland Canal Company attribua en partie le succès de Barrett à la capacité qu’il avait, dans ses réalisations techniques, de « combiner résistance et faible coût d’exécution ». Les ingénieurs de son temps et d’autres qui allaient suivre l’avaient en haute estime. N’eût été sa mort prématurée, il aurait sûrement acquis une renommée égale à celle de ses collègues mieux connus.
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Larry McNally, « BARRETT, ALFRED », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barrett_alfred_7F.html.
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Année de la publication: | 1988 |
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