BARLOW, THOMAS, homme d’affaires et homme politique, né en 1788 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, fils d’Ezekiel Barlow ; le 24 mai 1834, il épousa à Halifax Eliza Hoosse Morris ; décédé le 9 décembre 1844 dans sa ville natale.

Ezekiel Barlow était un loyaliste de Pennsylvanie qui se fixa à Parrtown (Saint-Jean) après la Révolution américaine. Charpentier de navires, il se tailla une place dans le commerce avec les Antilles et devint l’un des gros marchands de spiritueux de la ville. Thomas Barlow fit ses études à Saint-Jean puis, à l’âge de 20 ans, se joignit à son père et à son frère dans la compagnie paternelle. La même année, on l’admit comme citoyen de Saint-Jean en qualité de marchand. Avec son frère Ezekiel, il s’associa à son père, à une date indéterminée entre 1813 et 1822, et on rebaptisa la compagnie E. Barlow and Sons.

Au moment où apparaissait cette nouvelle compagnie, s’amorçait la plus forte période de croissance qu’ait connue Saint-Jean. Peuplé d’environ 5 000 habitants en 1815, Saint-Jean en comptait, en incluant Portland, 25 000 en 1840, ce qui en faisait la troisième ville de l’Amérique du Nord britannique en termes démographiques. La compagnie prospéra de même, si bien qu’elle était, cette année-là, l’une des plus grosses entreprises commerciales de Saint-Jean. À preuve, les Barlow occupaient à titre de locataires perpétuels deux beaux lots de grève près des quais du marché de la ville et, en 1841, Thomas Barlow et la compagnie possédaient des navires, dont un vapeur, qui jaugeaient en tout 2 000 tonneaux. À peu près à la même époque, les Barlow étaient les plus gros clients privés de la Bank of New Brunswick ; seul le trésorier de la province y avait un total d’escomptes plus élevé que le leur. Leur compagnie faisait alors du commerce transatlantique, ainsi que du cabotage avec des bateaux à vapeur ; elle fabriquait même des moteurs à vapeur, quoique l’on ne sache pas exactement dans quelles circonstances car, vers 1840, un autre Thomas Barlow était un important propriétaire de fonderie.

Barlow siégea au conseil d’administration de la Bank of New Brunswick et de la New Brunswick Marine Assurance Company pendant la plus grande partie de la dernière décennie de sa vie. Il fit aussi partie du conseil de la New Brunswick Mining Company, constituée juridiquement en 1837 pour exploiter les gisements houillers de la région du lac Grand, dans le centre de la province. Tout comme son frère et Moses Henry Perley*, il fut administrateur de la Lancaster Mill Company. Porte d’entrée d’une bonne partie des capitaux américains qui financèrent le commerce du bois au Nouveau-Brunswick avant l’effondrement de 1837, cette compagnie acquit de vastes concessions forestières et installa plusieurs grandes scieries dans l’est du comté de Saint-Jean. Le fait que Barlow y était associé le mettait en conflit avec bien des tories et petits entrepreneurs forestiers, qui désapprouvaient fortement cette intrusion des Américains dans l’économie provinciale. Barlow fut aussi l’un des premiers promoteurs d’une importante société d’utilité publique, la Saint John Water Company, et en fut l’un des administrateurs de 1836 à 1840, soit au moment où elle tentait d’amener l’eau du lac Lily à la ville par des conduites. Par ailleurs, il participa en 1842 à l’assemblée au cours de laquelle le groupe des détenteurs d’obligations municipales, dont il était, poussa la ville à la faillite et obligea le conseil municipal à se soumettre à l’autorité des syndics nommés par les créanciers.

Les requêtes de Barlow à la chambre d’Assemblée, présentées surtout dans les années 1820, sont bien celles d’un marchand important. En 1822, il s’opposa à un projet de loi qui visait à soustraire les débiteurs à certaines peines de prison et, en 1828, à la vente aux enchères de produits étrangers dans la province. Il appuya en 1829 un projet de loi grâce auquel on autoriserait les propriétaires à évincer leurs tenanciers. Deux ans plus tard, pendant qu’il était député, il signa une pétition pour protester contre l’arrivée, au port de Saint-Jean, d’un millier d’immigrants irlandais pauvres.

Comme la plupart des gros marchands de l’époque, Barlow participa directement à la vie politique de son milieu. Il entra à la chambre d’Assemblée comme député de la ville de Saint-Jean en 1828, par suite de l’invalidation, en appel, de l’élection de Gregory VanHorne, contre qui il avait mené une dure campagne aux élections de l’année précédente. Son premier mandat se déroula sans incident. Il fit partie du comité du commerce, ce qui prouve qu’il ne tarda pas à acquérir de l’influence. Les députés n’étaient pas encore divisés en partis, et les votes de Barlow reflètent beaucoup plus les préoccupations d’un marchand qui faisait du commerce outre-Atlantique que des principes politiques. Il favorisa les lois qui protégeaient les créanciers britanniques et, pour des raisons d’économie, s’opposa aux efforts faits pour fournir des missionnaires aux Indiens et pour aider la New-Brunswick Agricultural and Emigrant Society. Réélu en 1830, il s’objecta chaque fois qu’il était question d’augmenter les revenus de la province par l’imposition de droits supplémentaires sur l’alcool et appuya le versement de primes aux expéditions de chasse au phoque, à la construction de voiliers, à l’exportation de poisson et à la production de blé.

Pendant son deuxième mandat, Barlow fut mêlé au débat sur les terres de la couronne, lequel domina la vie politique du Nouveau-Brunswick de 1820 à 1837 [V. Thomas Baillie*]. Au début des années 1830, les radicaux de l’Assemblée, sous la gouverne de Charles Simonds*, de Saint-Jean, disputaient à l’exécutif la gestion des revenus de ces terres, de plus en plus intéressants. Barlow, d’abord, ne les soutint pas. En 1831, avec sept autres députés, tous de l’extérieur de Saint-Jean et tous défenseurs des prérogatives de la couronne, il vota contre l’adresse dans laquelle la chambre demandait au roi de redresser des griefs contre le bureau des Terres de la couronne. Par la suite cependant, son radicalisme ne cessa de croître. En 1832, il abandonna ses amis traditionalistes et appuya la majorité qui présenta une proposition au lieutenant-gouverneur, sir Archibald Campbell, lui demandant de produire un relevé des revenus de tous les fonctionnaires ainsi que de l’ensemble des recettes et dépenses de la couronne. Pendant les deux années suivantes, il fut de la minorité radicale (qui regroupait la plupart des députés de Saint-Jean) qui tenta de refuser à Campbell tout crédit pour les dépenses imprévues de la province. En 1834, avec la majorité, il condamna le ton sur lequel le lieutenant-gouverneur avait répondu, cette année-là, à l’adresse de l’Assemblée. Il était alors connu dans toute la province comme un radical, un partisan de Simonds et un ennemi personnel de Campbell. Il ne se présenta pas aux élections de 1834, mais il continua de mener contre le lieutenant-gouverneur une lutte qui culmina en 1836 par l’envoi d’une pétition dans laquelle neuf marchands de Saint-Jean demandaient à la couronne de rappeler Campbell.

Thomas Barlow ne se maria qu’à l’âge de 46 ans. À sa mort, dix ans plus tard, sa fortune alla à sa femme et à leurs quatre petites filles. Trois de ces enfants vivaient encore à la mort de son frère, en 1853, et elles héritèrent aussi de la deuxième fortune des Barlow.

Thomas William Acheson

APNB, MC 1156 ; RG 2, RS7, 31, petition to the Executive Council, 16 juill. 1831 ; RG 3, RS538, B5 ; RG 4, RS24, S31-P23, S32-P6, S37-P6, S40-P10, S52-P80 ; RG 7, RS71, 1853, Ezekiel Barlow Jr.— City of Saint John (Saint-Jean, N.-B.), City Clerk’s Office, Common Council, minutes, 9 déc. 1840, 14 janv. 1841, 7 sept. 1842.— Musée du N.-B., Bank of New Brunswick, ledger, 1er avril 1837–31 mars 1838 ; Saint John, « Register of voters », 1785–1854.— A schedule of the real estate belonging to the mayor, aldermen and commonalty of the city of Saint John [...] January, 1842 (Saint-Jean, 1849 ; copie aux APNB).— N.-B., House of Assembly, Journal, 1828 : 106 ; 1829 : 46, 70–71, 86 ; 1831 : 52, 110, 156 ; 1832 : 36 ; 1833 : 115–116 ; 1834 ; 1842, app. : cclvii-cclxxii.— New-Brunswick Courier, 31 mai 1834, 14 déc. 1844.— Esther Clark Wright, The loyalists of New Brunswick (Fredericton, 1955 ; réimpr., Hantsport, N.-É., 1981).

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Thomas William Acheson, « BARLOW, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barlow_thomas_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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