BARKER, WILLIAM HENRY, homme d’affaires, né le 24 juin 1853 à Manchester, Angleterre, un des dix enfants d’Ambrose Barker et de Sarah Westerdale ; il épousa à Astoria, Oregon, Orpha Beard, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 9 janvier 1929 à Vancouver.
Au sortir de l’école en Angleterre, William Henry Barker travailla dans l’entreprise paternelle de transport maritime à Liverpool et s’engagea ensuite dans la marine marchande. En 1872, il émigra aux États-Unis. Établi en Oregon au moment même où la pêche s’intensifiait dans le Columbia, il se tailla bientôt une place dans l’industrie de la conserverie, alors en phase d’implantation. Plusieurs des premiers conserveurs de cet État l’employèrent. Ainsi, de 1878 à 1881, il s’occupa des intérêts de Robert Deniston Hume à la conserverie Kinney d’Astoria. En 1885, après avoir exercé durant une dizaine d’années des fonctions de direction dans diverses entreprises, il fonda la George and Barker Packing Company sur le Columbia avec George H. George. Il était l’associé en second. En 1895, cette société regroupa plusieurs conserveries rivales sous le nom d’Eureka and Epicure Packing Company. En 1897, la fusion de neuf autres entreprises situées sur le bord du Columbia engendra la Columbia River Packers’ Association, dont le siège social était à Astoria. Barker occupa des postes élevés dans l’administration et la direction de toutes ces entreprises. Par exemple, il accéda à la surintendance de la Columbia River Packers’ Association dès la création de celle-ci. Cependant, il quitta ce poste en 1901 pour se consacrer à la George and Barker Company, fondée l’année précédente. À la fois président et directeur de cette société, il mit en œuvre un programme d’expansion qui comprenait l’établissement d’une conserverie à Point Roberts, dans l’État de Washington.
Barker arriva à Vancouver en 1904 afin de continuer l’intégration des conserveries regroupées au sein de la British Columbia Packers’ Association. Deux ans auparavant, cette association, financée par des investisseurs de l’Est canadien et des États-Unis, avait fusionné 22 compagnies et pris le contrôle de plus de la moitié des stocks de saumon du Fraser. Dotée d’un capital de 4 millions de dollars, elle était la plus grosse entreprise de mise en conserve de poisson de la Colombie-Britannique. Barker avait la réputation d’être un homme pratique, qui connaissait bien le domaine et qui saurait administrer l’association avec compétence. Directeur général à compter du 1er octobre 1904, il supervisait les affaires courantes, représentait l’association auprès des gouvernements fédéral et provincial, et s’employait à améliorer le rendement de la main-d’œuvre et des techniques de production. L’association reconnut l’efficacité de son travail en le faisant président en 1907 ; il succédait à Alexander Ewen*. Il continua de superviser les activités à titre de directeur général, mais son nouveau poste lui donnait plus d’autorité au sein de l’association. En 1921, la British Columbia Fishing and Packing Company Limited prit en main l’exploitation de la British Columbia Packers’ Association, qui continua d’exister en tant que société de portefeuille. Barker fut président de la nouvelle entreprise jusqu’en 1926 et démissionna parce qu’il s’opposait à ce qu’elle fasse de nouvelles acquisitions.
Durant toute la période où il fut à la British Columbia Packers’ Association, Barker insista pour que celle-ci observe les règles du monde des affaires et fulmina contre la réglementation gouvernementale. S’agissant de la préservation des ressources, il estimait que les conserveurs canadiens subissaient les effets d’une baisse des prises attribuable aux pressions exercées par les conserveurs des États-Unis sur le saumon qui montait vers le Fraser. Il avait tendance à critiquer les mesures de préservation qui nuisaient à la British Columbia Packers’ Association, mais soutenait les initiatives susceptibles de faire grossir les réserves de poisson, par exemple la pratique de la pisciculture et l’élimination des débris dans les frayères. À propos des conflits ethniques dans l’industrie de la pêche, il faisait preuve des mêmes préjugés que ses contemporains. Cependant, il était d’avis que, dans l’embauche des travailleurs, on devait mettre de côté les attitudes racistes et le favoritisme ethnique, et viser avant tout l’efficacité.
Barker ne joua pas de rôle important dans la vie sociale et politique de Vancouver. Il appartenait au Vancouver Club mais, comme le noterait à son décès le Vancouver Daily Province, il « s’intéressait à peu près exclusivement à ses affaires et à sa famille ». Au temps où il vivait en Oregon, il avait pourtant milité au Parti républicain et fait de la politique municipale. À la fin des années 1920, grâce à sa fortune et à sa position dans l’industrie de la conserverie, il jouissait quand même de beaucoup de prestige dans sa ville d’adoption. Parmi les grands hommes d’affaires installés à Vancouver avant 1914 et décédés avant 1940, il se classait au dixième rang par la valeur de sa succession, qui était de 551 909 $.
Le cas de William Henry Barker illustre les mouvements transnationaux de main-d’œuvre et de capitaux qui façonnèrent l’industrie britanno-colombienne de la pêche. À la fin du xixe siècle et au début du xxe, à cause de l’épuisement des ressources en Nouvelle-Angleterre, en Californie et sur la côte nord-ouest des États-Unis, les pêcheries du Fraser devinrent, dans une certaine mesure, le plus vaste et le dernier territoire à conquérir pour une classe d’entrepreneurs et d’administrateurs de conserveries désireux d’exploiter de grosses réserves naturelles. Tout comme Henry Doyle, un des fondateurs de la British Columbia Packers’ Association, et John Pease Babcock*, le commissaire adjoint des Pêches de la province, Barker atteignit une haute fonction au Canada en milieu de carrière grâce à l’expérience qu’il avait acquise aux États-Unis. Il faisait partie de ces hommes que l’on fit venir au pays à un moment où la croissance et la concentration de l’industrie de la conserverie dépendaient de plus en plus de l’apport de capitaux britanniques et américains.
William Henry Barker est l’auteur d’un article, « Reminiscences of the salmon industry », paru dans le Pacific fisherman yearbook (Seattle, Wash.), 1919 : 67–69.
BCA, GR-2951, no 1929-09-415205.— City of Richmond Arch. (Richmond, C.-B.), AN 2001 34 (British Columbia Packers fonds), Barker letterbooks.— Univ. of B.C. Library, Rare Books and Special Coll. (Vancouver), Henry Doyle papers ; International Pacific Salmon Fisheries Commission coll.— Evening Telegram (Portland, Oreg.), 10 janv. 1929.— New Westminster Columbian (New Westminster, C.-B.), 10 janv. 1929.— Oregon Daily Journal (Portland), 21 mars 1929.— Vancouver Daily Province, 27 août 1920, 10 janv. 1929.— Victoria Daily Times, 10 janv. 1929.— The development of the Pacific salmon-canning industry : a grown man’s game, Dianne Newell, édit. (Montréal et Kingston, Ontario, 1989).— Cicely Lyons, Salmon : our heritage ; the story of a province and an industry (Vancouver, 1969).— R. A. J. McDonald, Making Vancouver : class, status, and social boundaries, 1863–1913 (Vancouver, 1996).— Portrait and biographical record of western Oregon, containing original sketches of many well known citizens of the past and present (Chicago, 1904).— D. J. Reid, « Company mergers in the Fraser River salmon canning industry, 1885–1902 », CHR, 56 (1975) : 282–302.— « William H. Barker passes », Pacific Fisherman ([Portland]), 27 (févr. 1929) : 22.
Matthew Evenden, « BARKER, WILLIAM HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barker_william_henry_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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