Titre original :  Marie Barbier (1663 - 1739)

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BARBIER, MARIE, dite de l’Assomption, sœur de la congrégation de Notre-Dame, fille de Gilbert Barbier, dit Le Minime, maître charpentier, arpenteur, procureur fiscal et marguillier de la paroisse de Ville-Marie, et de Catherine de La Vau, baptisée à Montréal le 1er mai 1663, décédée dans la même ville le 19 mai 1739.

Nous connaissons partiellement la jeunesse de Marie Barbier par les lettres qu’elle écrivit à son directeur, l’abbé Charles de Glandelet. Elle lui raconte, entre autres choses, ses vanités de jeunesse, l’intervention de la Vierge qui la sauve d’une tentative de viol, et diverses expériences mystiques qu’elle vécut. Dès l’âge de 14 ans, elle était pensionnaire et peut-être même « aspirante » chez les sœurs de la congrégation de Notre-Dame, puisqu’en 1679 elle est reçue novice et qu’en 1684 sa profession est confirmée par une « donation entre vifs ». Elle fut la première Montréalaise à entrer dans la congrégation de Marguerite Bourgeoys*.

Durant sa période de probation, elle voua une dévotion particulière à l’Enfant-Jésus, sur la recommandation d’un prédicateur. Ce théologien un peu naïf prétendait que cette dévotion était très efficace pour obtenir le pardon des péchés, car les enfants, disait-il, ne gardent jamais rancune. Le sentiment de culpabilité de Marie pour ses frivolités passées et sa foi très simple la conduisirent alors à un dialogue constant avec le divin Enfant. Il devint son recours et son aide dans les tâches journalières, si bien qu’elle le mettait « en charge » du pain quand ses devoirs l’appelaient ailleurs. Selon l’abbé de Glandelet, cette confiance permit à Marie d’accomplir des faits extraordinaires : guérison de malades qui mangeaient un petit pain « en forme de galette » fait en l’honneur de l’Enfant-Jésus ; multiplication de la farine et autres vivres en temps de disette ; orage qui inondait le grenier laissant intacte cette même farine ; arrêt d’un incendie à l’île d’Orléans. La congrégation de Notre-Dame a fait restaurer un tableau primitif de l’Enfant-Jésus que la tradition associe encore au nom de sœur Barbier.

En 1685, Marie Barbier, accompagnée de sœur Mayrand, se rendit dans la paroisse de Sainte-Famille à l’île d’Orléans et fonda une école. Dès 1686, elle fut rappelée à Québec et participa à la fondation de l’ouvroir de La Providence. Mgr de Saint-Vallier [La Croix] avait conçu ce projet après avoir été enchanté de l’œuvre similaire créée par Marguerite Bourgeoys à Ville-Marie.

Marie Barbier retourna à l’île d’Orléans en 1689 et y demeura jusqu’à son départ pour Ville-Marie en 1691. L’année suivante (1692), elle fut nommée assistante et, en 1693, elle devenait supérieure, succédant à mère Bourgeoys ; elle demeura en fonction jusqu’en 1698. C’est peu après son élection qu’elle disputa sur la règle de la congrégation avec Mgr de Saint-Vallier. Ce dernier, incapable de concevoir la vie d’une religieuse en dehors du cloître, récrit la Règle provisoire de sœur Bourgeoys. Plusieurs articles, inapplicables à une congrégation enseignante œuvrant dans une colonie naissante, ne convenaient qu’à la vie du cloître. Le prélat vint spécialement à Ville-Marie pour imposer aux religieuses des vœux solennels, une dot et même un vœu particulier d’obéissance envers l’évêque. Il les menaça même de les contraindre à accepter ses vues par écrit. Cependant, on réussit à persuader Mgr de Saint-Vallier de retarder la mise en vigueur du règlement jusqu’à son retour de France où il devait consulter M. Louis Tronson, supérieur des Sulpiciens à Paris. Le conseil de la congrégation, sous la direction de Marie Barbier, envoya un placet très détaillé à M. Tronson. Ce dernier obtint de l’évêque quelques changements mais la révision dura quatre ans. La Règle de 1698 conserva cependant quelques articles édictés par le prélat.

En 1700, Marie Barbier dut être hospitalisée à l’Hôtel-Dieu de Québec « pour se faire guérir [...] d’un cancer qu’elle avait au sein ». Elle avait eu cette tumeur à la suite d’un excès de pénitence, alors qu’elle portait sous sa robe, près du sein, un instrument à pointes de fer. Michel Sarrazin, « aussi habile chyrugien que sçavant medecin », pratiqua l’opération chirurgicale le 29 mai. C’était peut-être la première opération chirurgicale du cancer au Canada. Mère Juchereau de Saint-Ignace nous indique dans les Annales que Marie Barbier « s’en retourna à Montréal, parfaitement guérie ».

Sœur Barbier occupa par la suite plusieurs postes administratifs tout en continuant d’enseigner et de travailler jusqu’à sa mort, survenue le 19 mai 1739 ; elle était âgée de 76 ans.

Marie Barbier savait s’imposer de grandes souffrances ; elle fit même quelques excès de pénitence qu’elle devait regretter. Fait à relever : dans le placet contre la Règle de 1694, elle demanda qu’aucune austérité corporelle ne soit imposée, alléguant que cela devait être laissé au choix de chaque sœur conseillée par son directeur. La vie mystique de Marie Barbier restera assez obscure aussi longtemps que nous ne connaîtrons pas l’influence précise de l’abbé de Glandelet sur sa formation spirituelle.

M. Eileen Scott, c.n.d.

AJM, Greffe de Bénigne Basset, 20 déc. 1684 ; Greffe de Claude Maugue, 11 août 1679 ; Greffe de Jean de Saint-Père, 5 nov. 1650.— ANDM, Registres des baptêmes, mariages et sépultures.— ASQ, Congrégation Notre-Dame, 198, [Charles de Glandelet], Recueil touchant la S[œur Marie Barbier], fille séculière de la Congrégation de Notre-Dame [...].— Juchereau, Annales (Jamet).— [Étienne-Michel Faillon], Vie de la Sœur Bourgeoys, fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Villemarie en Canada suivie de lhistoire de cet institut jusquà ce jour (2 vol., Villemarie [Montréal], 1853), II.— Histoire de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal (9 vol., Montréal, 1910–1941), II, IV.

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M. Eileen Scott, c.n.d., « BARBIER, MARIE, dite de l’Assomption », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barbier_marie_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    1 décembre 2024