BALFOUR, JAMES, ministre de l’Église d’Angleterre, né le 15 août 1731 dans la paroisse de Banchory-Ternan, Écosse ; le 13 octobre 1766, il épousa à Trinity, Terre-Neuve, Ann Emray, et ils eurent quatre enfants ; décédé en 1809 à Terre-Neuve.
James Balfour reçut le baptême au sein de l’Église presbytérienne. En 1757, il quitta l’Écosse pour chercher du travail en Angleterre. Il devint maître d’école à Wadley et adhéra à l’Église d’Angleterre. Au début de 1764, il posa sa candidature comme missionnaire auprès de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, qui décida de l’envoyer à la baie de la Trinité, à Terre-Neuve. Ordonné prêtre par l’évêque de Londres, il était à la fin de la même année installé dans sa mission.
La première impression de Balfour ne parut point favorable. Il fut scandalisé de découvrir qu’une certaine forme, fréquente, d’union sexuelle était considérée comme un mariage en common law, laquelle s’accommodait de plusieurs changements temporaires de partenaires. Personne ne voulut lui offrir le gîte de crainte que sa présence ne « gênât quelque vice de prédilection ». Sa congrégation, à Trinity même, ne comptait que dix familles, qui lui construisirent toutefois une maison ; en 1766, il affirma qu’entre ses gens et lui régnaient une « harmonie et un contentement des plus agréables ». Mais les propos euphoriques de cette nature cessèrent bientôt, et Balfour se plaignit fréquemment auprès de la Society for the Propagation of the Gospel pendant les 11 années de son ministère à la baie de la Trinité. La population de sa mission se querellait, interceptait probablement ses lettres, et les Irlandais, en particulier, étaient enclins aux « émeutes et aux cambriolages ». Le dimanche n’était point respecté : on faisait de la musique, on dansait, on travaillait. À Scilly Cove (Winterton), du côté est de la baie de la Trinité, « lieu barbare et sans loi », les habitants paradaient chaque dimanche derrière un joueur de cornemuse, alors que plus bas sur la côte, à New Perlican, un climat de guerre civile régnait entre les Irlandais et les Anglais. Balfour lui-même n’était pas à l’abri des dangers : en mars 1769, un chirurgien allemand et un employé de commerce l’attaquèrent sans raison apparente. « Je reçus plusieurs coups, raconta-t-il, sans m’en offenser le moins du monde, les supportant avec patience, car en tant que prêtre on ne doit pas rendre coup pour coup. » Lorsque le gouverneur John Byron* visita Trinity au mois de juillet de cette année-là, Balfour lui raconta l’incident et offrit de pardonner à ses attaquants contre la promesse qu’ils se conduiraient correctement à l’avenir. Le gouverneur insista néanmoins pour obtenir des assaillants de « très humbles » excuses et une légère amende.
Balfour eut à affronter d’autres problèmes, outre l’indiscipline de la population. Sa congrégation quittait les lieux chaque hiver et, comme elle était composée de planters et de petits employés, elle était trop pauvre pour assumer le coût des réparations de l’église. Les gens riches de Trinity, qui étaient quakers, presbytériens ou catholiques, refusaient de l’aider ; aussi l’église « tombait en ruine ». En 1771, Balfour put néanmoins faire état de progrès soutenus, d’un plus grand intérêt pour le culte et d’une collecte pour la réparation de l’église ; l’année suivante, il affirma avoir près de 40 communiants. Malgré tout, les désordres continuaient, et il devait se montrer circonspect lors des inhumations. Une fois, des marques laissées sur un cadavre éveillèrent ses soupçons : on découvrit alors qu’il y avait eu meurtre et on pendit le criminel. En octobre 1774, Balfour se plaignit en ces termes : « croyez-moi ! ces régions-ci sont vraiment [trop] barbares pour qu’un homme y passe sa courte vie ». Cette année-là, la Society for the Propagation of the Gospel accéda à sa demande de mutation à Harbour Grace, où il s’attendait à trouver la paix et à disposer de plus d’argent.
Balfour arriva à Harbour Grace le 6 octobre 1775. Bien accueilli par la population de la petite ville, il n’en perdit pas moins, assez vite, ses illusions. Les habitants du village avoisinant de Carbonear avaient été marqués par l’enseignement méthodiste de son prédécesseur, Laurence Coughlan*, et ils ne désiraient rien d’autre qu’un ministre méthodiste ou presbytérien. De surcroît, ils affirmèrent que l’église du lieu était leur propriété et lui en refusèrent l’accès. En 1780, un ordre du gouverneur Richard Edwards* permit à Balfour de se servir de l’église de Carbonear ; en janvier 1784, il eut cependant le désagrément de voir un prédicateur méthodiste monter en chaire au beau milieu d’un service. Ces difficultés laissaient présager les troubles qui dresseraient les différentes sectes les unes contre les autres au xixe siècle.
Pendant les années 1780, James Balfour devint de plus en plus déprimé et malade. Il affirmait ne pouvoir obtenir de l’argent des habitants à cause de la désorganisation du commerce qui avait suivi la Révolution américaine ; en outre, il se plaignait de la dureté du climat et notait avec appréhension que sa congrégation avait exprimé le souhait de le voir remplacer par un homme plus jeune. Le vase déborda en 1791, lorsqu’il se querella avec le maître d’école de Harbour Grace, William Lampen, qui avait de lui une bien piètre opinion. Lampen en appela à la Society for the Propagation of the Gospel, joignant à sa lettre une requête de certains habitants qui se plaignaient que Balfour était souvent ivre et qu’il ne présidait au culte que cinq ou six fois par année, et ajoutant, de son propre aveu, que la communion n’avait pas été célébrée depuis un an et demi. Après avoir reçu quelques contre-requêtes et avoir consulté le juge John Reeves*, entre autres, la Society for the Propagation of the Gospel congédia Lampen et mit fin à la carrière de Balfour comme missionnaire en mars 1792. Malheureux et en proie aux tracasseries, Balfour subit le sort commun à beaucoup de missionnaires vieux et exténués. Compte tenu de son âge, de ses infirmités et de ses longs services, on lui accorda, à titre de pension, son salaire annuel de £70 qu’il toucha jusqu’à sa mort en 1809.
Lambeth Palace Library (Londres), Fulham papers.— USPG, B, 6 ; C/CAN/Nfl., 1 ; C/CAN/PRE ; Journal of SPG, 16–26.— [C. F. Paseoe], Classified digest of the records of the Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, 1701–1892 (5e éd., Londres, 1895).— Prowse, Hist. of Nfld. (1896).
Frederick Jones, « BALFOUR, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/balfour_james_5F.html.
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Auteur de l'article: | Frederick Jones |
Titre de l'article: | BALFOUR, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |