AYRE, WILLIAM, instituteur, né en 1782 ou 1783 en Irlande ; décédé le 14 avril 1855 à Halifax.
On sait peu de chose de la jeunesse de William Ayre. D’après ses dires, il fut instituteur en Nouvelle-Écosse pendant quelque temps avant 1832. Cette année-là, par ailleurs, il enseignait à proximité d’Antigonish. En 1835, il quitta la terre ferme pour aller à Port Hood, dans l’île du Cap-Breton, où, après un court séjour, il perdit sa licence d’enseignement. Même si, d’après ce qu’on a dit, il possédait d’excellentes qualités, un sérieux défaut gâcha sa carrière – il avait peine à rester tant soit peu sobre ! Sa vie professionnelle fut marquée par des dépenses excessives, des dettes innombrables et un flot presque constant de pétitions aux autorités gouvernementales afin que sa licence lui soit rendue.
En 1836, Ayre abandonna Port Hood sans toutefois quitter l’île et, au cours de l’année suivante, il enseigna sans licence et sans aide gouvernementale à Hillsboro et à Mabou. En juin 1837, il commença la construction d’un établissement d’enseignement général à Mabou mais, à cause d’un manque d’argent, son école fut bientôt connue comme l’ « Ayre’s Folly ». En 1839, il envoya au lieutenant-gouverneur sir Colin Campbell* une pétition pour qu’on lui remette sa licence, ce qui aurait rendu son école admissible à l’aide gouvernementale. Il fit encore une demande l’année suivante, mais les autorités de son ancienne école, à Port Hood, s’y opposèrent. Ayre se défendit lui-même contre leurs allégations et affirma : « les règlements de l’école du pétitionnaire prévoient qu’après chaque examen il devra avoir quelques jours de vacances durant lesquels, s’il va visiter ses amis ou s’il s’offre un jour de fête, il n’est pas spécifié qu’il doive en rendre compte [...] C’est un fait notoire que l’école de Port Hood était l’endroit où les protecteurs de la jeunesse et de l’éducation se rencontraient pour régler leurs disputes familiales [...] Le pétitionnaire quitta l’école de Port Hood. L’école ne le mit pas à pied. » Malgré tous les efforts d’Ayre, les deux pétitions furent rejetées. Inébranlable, il en appela de nouveau et, le 22 avril 1841, par un arrêté en conseil, « eu égard à son âge et à sa grande utilité comme enseignant », la somme qu’on lui devait lui fut payée ; on présume que sa licence lui fut accordée de nouveau, puisqu’il continua d’exercer sa profession dans la province.
En 1844, tandis qu’il enseignait à North East Margaree, Ayre fit de la réclame pour son école dans le Novascotian, précisant que « la section d’enseignement [était] pourvue par l’instituteur d’une bibliothèque contenant des livres scolaires approuvés, des ouvrages de navigation et de sciences, du papier à dessin, des fournitures scolaires [...] des syllabaires, la méthode d’enseignement de Chambers, des grammaires, des dictionnaires, le système d’écriture de Jones, l’arithmétique de Morrison et d’autres [...] qu’il vend[ait] à ses élèves à des prix intéressants ». Il semble aussi s’être préoccupé de parfaire l’éducation des adultes, puisqu’il ajoutait : « les adultes qui s’adonnent aux études ont accès, à des conditions avantageuses, à cette bibliothèque ainsi qu’à la lecture de deux journaux hebdomadaires ».
Les plaintes bien rédigées qu’Ayre adressa à divers conseils scolaires et aux autorités gouvernementales laissent croire qu’il fit probablement des études supérieures. Ses factures étaient toujours détaillées. En 1849, à l’époque où son salaire était d’environ £128, il envoya une autre pétition dans laquelle il réclamait £121, dont 5 shillings pour les « régals » de rhum ou d’une boisson faite de jus de fruits où entraient parfois des spiritueux. Dans une lettre qu’il adressa au Novascotian en avril 1851 et qu’il avait écrite d’une école de l’établissement de Ross (Rossville), dans la région de Margaree, où il avait construit un cadran solaire à l’usage de ses élèves et avait aussi acheté un globe terrestre recommandé par le surintendant de l’Éducation, John William Dawson*, Ayre décrit l’indifférence générale de la communauté devant ses efforts pour améliorer l’enseignement : « Je ne pèche pas contre la vérité quand j’affirme que la majorité des gens de cette communauté n’ont pas acquis le désir de la lecture, que ce soit pour leur développement intellectuel ou pour leur divertissement ; que la lecture et la compréhension de ce que nous lisons sont indubitablement les nécessités premières [sur] lesquelles on fonde un système d’enseignement solide. »
En 1852, William Ayre enseignait encore dans l’île du Cap-Breton et écrivait toujours des lettres aux autorités gouvernementales. Cela faisait alors plus de 35 ans qu’il exerçait sa profession en Nouvelle-Écosse, et il était désireux de « s’assurer un lieu de repos pour le reste de [ses] jours ». Il enseigna dans le comté d’Inverness jusqu’en 1854 et prit finalement sa retraite à Halifax où il mourut le 14 avril 1855, à l’âge de 72 ans.
PANS, MG 5, Halifax County, Camp Hill Cemetery, Halifax, reg. of burials, 1855 (mfm) ; RG 14, 3, 1832 ; 39, nos 64–65 ; 70, 1852.— St Paul’s Anglican Church (Halifax), Reg. of burials, 1855 (mfm aux PANS).— « A documentary study of early educational policy », D. C. Harvey, édit., PANS Bull. (Halifax), 1 (1937–1939), n° 1.— Novascotian, 18 nov. 1844, 28 avril 1851, 21 avril 1853.— Place-names of N.S., 399, 409.— H. H. Johnston, « The contributions of the Scottish teachers to early Cape Breton education, 1802–1865 » (thèse de m.a., Dalhousie Univ., Halifax, 1973), 99–105.
Hope H. Johnston, « AYRE, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ayre_william_8F.html.
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Auteur de l'article: | Hope H. Johnston |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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Date de consultation: | 1 décembre 2024 |