Titre original :  Benjamin Fish Austin (circa 1900).jpg

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AUSTIN, BENJAMIN FISH, éducateur, ministre méthodiste, rédacteur en chef, auteur, spiritualiste et éditeur, né le 21 septembre 1850 dans ce qui deviendrait peu de temps après le canton de Brighton, Haut-Canada, fils de Benjamin Franklin Austin et de Mary Ann McGuire ; le 16 juin 1881, il épousa à Prescott, Ontario, Frances Amanda Connell (décédée en 1928), professeure de musique, et ils eurent un fils et trois filles ; décédé le 22 janvier 1933 à Los Angeles, ses cendres furent enterrées dans le lot familial à St Thomas, Ontario.

Formé à l’école publique à Brighton, Benjamin Fish Austin enseigna et fut prédicateur laïque pendant plusieurs années, puis fréquenta l’Albert College de Belleville, où il obtint, en 1877, une licence ès arts en langues et littérature orientales avec mention très bien. La même année, il fut ordonné ministre de l’Église méthodiste épiscopale en Canada. L’Albert College lui décerna une maîtrise ès arts en 1878, puis une licence en théologie en 1881. En 1896, la Victoria University de Toronto lui conférerait un doctorat honorifique en théologie. En 1881, après avoir rempli quelque temps une charge de pasteur à Prescott et à Ottawa, Austin s’installa avec sa femme à St Thomas où il devint le premier directeur de l’Alma Ladies’ College, ouvert la même année par l’Église méthodiste du Canada. Il gagna l’approbation des étudiantes, et fit augmenter le nombre d’inscriptions et de professeurs. Il n’était cependant pas habile à collecter des fonds. En 1897, invoquant des raisons personnelles, notamment « une épreuve familiale et de grandes inquiétudes concernant diverses questions », il démissionna afin d’exercer des activités littéraires à Toronto pour « une rémunération beaucoup plus large », dit-il. Il devint membre du comité de rédaction de la Linscott Publishing Company. En 1900, il constitua juridiquement l’Austin Publishing Company Limited.

Au fil des ans, Austin avait participé à plusieurs projets d’édition. À l’Albert College, il avait été corédacteur de la Temperance Union, dont il reste peu de traces. En 1879, il rédigea à Toronto The Methodist Episcopal Church pulpit [], recueil de sermons de pasteurs de son Église en Ontario. En 1880, il fit paraître au même endroit 12 de ses sermons sous le titre Popular sins […]. Il publia également, entre autres, The Jesuits [], opuscule paru à St Thomas en 1889 et inspiré par le conflit autour de la question des biens des Jésuites [V. D’Alton McCarthy* ; Honoré Mercier*] ; cet ouvrage, dont James Laughlin Hughes écrivit l’introduction, fut réédité un certain nombre de fois et entraîna Austin dans un différend avec le prêtre catholique de St Thomas, William Flannery*. La publication la plus importante d’Austin fut un recueil de textes, écrits par lui-même et par d’autres, rédigé sous sa direction en 1890 : Woman : her character, culture and calling. Cette œuvre le fait voir comme un champion de la cause des femmes, aspect de sa carrière encore bien peu exploré par les universitaires.

La publication, en 1898, de Glimpses of the unseen, introduction objective et bien documentée à la parapsychologie, révéla l’intérêt d’Austin pour des sujets plus ésotériques. Son ouvrage suivant, What converted me to spiritualism, paru en 1901, est un résumé d’expériences personnelles occultes vécues par des Canadiens, des Américains et des Britanniques. Austin y inséra sa propre déclaration de conversion, ainsi que celle de sa compatriote canadienne Flora MacDonald Denison [Merrill*], qu’il avait rencontrée au rassemblement spiritualiste à Lily Dale, dans l’État de New York. (En 1900, Austin publia aussi le roman de Mme Denison : Mary Melville, the psychic.) Ces textes, rares dans leur édition originale, restent des ressources précieuses pour l’étude de l’histoire de la parapsychologie au Canada. Un certain nombre de facteurs contribuèrent probablement à la conversion d’Austin au spiritualisme : l’influence d’apparentes manifestations psychiques parmi ses étudiantes à l’Alma Ladies’ College, son intérêt grandissant pour l’étude de la psychologie, sa profonde douleur résultant du décès de sa fille Kathleen Dell à l’âge de deux ans et peut-être un côté pragmatique qui le poussait à chercher une preuve tangible de la vie après la mort afin d’élargir le dogme de l’Église.

Les livres d’Austin sur l’occultisme ne firent pas beaucoup de bruit en général, mais ses croyances suscitèrent inévitablement des querelles entre lui et l’Église méthodiste du Canada, qui avait absorbé l’Église méthodiste épiscopale en 1884 [V. Albert Carman*]. Le 8 janvier 1899, Austin prêcha à l’église méthodiste de Parkdale, à Toronto. Soutenant que « toute vérité est sacrée et divine », il présenta des arguments pour la tenue d’une enquête au grand jour sur des sujets comme « la télépathie, la clairvoyance, le voyage astral, la psychométrie et la prophétie ». Si certains fidèles furent un peu stupéfaits, personne ne protesta. Le révérend Arthur H. Going de Port Stanley, après avoir entendu parler du sermon, demanda à Austin de se rétracter. Austin refusa. Un peu plus tard, Going l’accusa d’hérésie. Le 15 mai 1899, l’Église tint une audience préliminaire à Aylmer ; Austin, déclaré coupable de trois chefs d’accusation sur quatre, fut suspendu. Le mois suivant, à Windsor, Austin prit la parole pendant environ trois heures au cours de la réunion annuelle de la London Conference. Au lieu de parler des accusations portées contre lui, il traita des preuves scientifiques qui soutenaient, selon lui, la croyance au spiritualisme. Il ne fit toutefois pas grande impression sur les pasteurs présents et son expulsion du clergé fut maintenue. Cet événement le marquerait pour toujours, puisque jamais plus aucune orthodoxie sectaire stricte ne recevrait son approbation. De plus, il semble qu’il ne reviendrait pas souvent au Canada.

En 1903–1904, Austin séjourna à Geneva, dans l’État de New York, parce qu’il espérait obtenir le poste de directeur du collège féminin que le philanthrope William Smith projetait de fonder, mais sa nomination ne se concrétisa pas. Il résida ensuite à Rochester, où il devint le ministre de la First Spiritual Church (qui prendrait le nom de Plymouth Spiritualist Church). De cette chaire, il acquit une réputation d’orateur et ses sermons furent régulièrement repris dans la presse locale. En avril 1913, Austin s’était déjà installé à Los Angeles, où, en 1914, il fut ordonné ministre par la National Spiritualist Association of the United States of America. Durant les dernières années de sa vie, il remplit la fonction de pasteur ou donna des conférences dans la plupart des églises spiritualistes de la Californie. Il participa également à de nombreuses tournées de conférences estivales partout aux États-Unis, afin de défendre les croyances du spiritualisme. Austin maintint aussi son intérêt pour l’édition. Le périodique Sermon, qu’il avait créé à Toronto, continua de paraître un certain nombre d’années à Los Angeles, sous le titre Reason. Ce mensuel devint un trimestriel vers les années 1920. Puis, en 1926, s’ajouta Austin Pulpit ; chaque numéro, publié tous les trois mois, contenait deux conférences prononcées dans l’enceinte de la Church of Revelation à Los Angeles, vraisemblablement par Austin, qui prenait la parole régulièrement dans ce lieu de culte. Au cours de sa vie, Austin aurait écrit environ 27 opuscules sur divers sujets soutenant le spiritualisme. La base de son entreprise d’édition américaine était un ensemble de planches de l’ouvrage en 27 volumes de l’un des premiers auteurs spiritualistes, Andrew Jackson Davis, qui lui apportait un revenu considérable. L’Austin Publishing Company Limited s’endetta cependant et cesserait toute activité l’année qui suivit le décès de son fondateur.

Après son expulsion de sa chaire méthodiste et son départ du Canada, Benjamin Fish Austin se bâtit une carrière en devenant un important représentant du spiritualisme dans la société américaine, qu’il jugeait plus ouverte aux idées radicales. Selon lui, le spiritualisme était un mouvement moderniste, dont les croyances étaient corroborées de façon convaincante par la science et la raison. Il garda néanmoins sa foi en le Christ du Nouveau Testament, mais il en vint à rejeter le dogme rigide qui caractérisait la théologie chrétienne.

Stan McMullin

Benjamin Fish Austin a entre autres écrit : Glimpses of the unseen […] (Toronto et Brantford, Ontario, [1898]) ; The heresy trial of Rev. B. F. Austin, m.a., d.d., ex-principal of Alma College […] (Toronto, [1899]), qui contient « Synopsis of the heresy sermon » (pp.8–13) ; et The A.B.C. of spiritualism […] (Los Angeles, 1920). Il a également été l’éditeur de Woman, her character, culture and calling […] (Brantford, 1890) et de What converted me to spiritualism : one hundred testimonies (Toronto, [1901]).

De l’information sur Austin se trouve aux EUC-C, dans le fonds Benjamin Fish Austin, F 3007, et dans la documentation sur l’Alma College conservée dans plusieurs collections.

« Dr. Austin’s side », Globe, 3 juin 1899 : 30.— Ramsay Cook, The regenerators : social criticism in late Victorian English Canada (Toronto, 1985).— E. W. Edwards, The history of Alma College, St. Thomas, Ontario (s.l., 1927).— « In memoriam », National Spiritualist (Chicago), 15 (1933), no 171 : 6.— Stan McMullin, Anatomy of a seance : a history of spirit communication in central Canada (Montréal et Kingston, Ontario, 2004).— J. M. Selles[-Roney], « “Manners and morals” ? or “men in petticoats” ? Education at Alma College, 1871–1898 », dans Gender and education in Ontario : an historical reader, Ruby Heap et Alison Prentice, édit. (Toronto, 1991), 249–272 ; Methodists and women’s education in Ontario, 1836–1925 (Montréal et Kingston, 1996).— W. H. Smith, Hobart and William Smith : the history of two colleges (Geneva, N.Y., 1972).

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Stan McMullin, « AUSTIN, BENJAMIN FISH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/austin_benjamin_fish_16F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2016
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