ATKINSON, GEORGE, agent principal de la Hudson’s Bay Company, décédé le 2 octobre 1792 à Eastmain Factory (à l’embouchure de la rivière Eastmain, Québec).
On ne sait rien sur la vie de George Atkinson antérieure à son engagement à la Hudson’s Bay Company, si ce n’est qu’il est probablement né à Stockton-on-Tees, Angleterre. Ses premières années au service de la compagnie furent de toute évidence celles de 1751 à 1754, alors que les listes d’équipage du Sea Horse, un navire de la compagnie employé au ravitaillement des postes de la baie d’Hudson, mentionnent régulièrement son nom. On perd sa trace pendant les 14 années suivantes, mais, en 1768, il était de nouveau engagé par la compagnie, cette fois pour servir à titre de marin au fort Albany (Fort Albany, Ontario), pendant trois ans, au salaire annuel de £15.
En 1769, Atkinson fut nommé second maître à bord du sloop d’Eastmain House, au salaire de £25 par année, après que George Isbister eut été destitué pour mauvaise conduite. Thomas Moore, chef de poste à Eastmain House, vit en Atkinson « un homme de très grande valeur », et l’employa à la chasse, à la pêche et au transport du courrier à Moose Factory (Ontario) et au fort Albany, aussi bien qu’au soin du sloop. Quand Moore alla en Angleterre à la fin de 1772, Atkinson prit charge d’Eastmain House et de son sloop. Son journal pour 1772–1773 laisse croire que ses relations avec les Indiens étaient cordiales.
À l’automne de 1773, Moore reprit le commandement d’Eastmain House, et Atkinson continua jusqu’en 1777 à servir sur les navires de la compagnie. Son assiduité et sa « connaissance des indigènes » firent qu’il fut proposé comme chef des expéditions à l’intérieur des terres à l’automne de 1773 et de nouveau à la fin de 1776. Dans les deux occasions, les circonstances l’empêchèrent de partir. À la fin de 1777, cependant, Atkinson alla à l’intérieur. Eusebius Bacchus Kitchin, agent principal à Moose Factory, avait souhaité que le parti d’Atkinson voyageât sur le cours supérieur de la rivière Abitibi (Ontario), mais « l’arrivée tardive [à Moose Factory] et la faible profondeur de l’eau » mirent ce plan en échec. Atkinson hiverna plutôt au lac Mesakamy (lac Kesagami, Ontario), « à mi-chemin » seulement du lac « Abbitiby », après un « voyage long et fatigant ». Ses lettres à Kitchin apportent des renseignements sur les problèmes qu’il y rencontra, et sur les manifestations de la maladie dont il devait souffrir par la suite. Discutant de l’accusation de Kitchin d’avoir mésusé des provisions, il écrivait : « Que puis-je faire ? Les Indiens qu’il vous a plu d’envoyer avec nous n’avaient rien pour subsister par eux-mêmes. »
Kitchin donna à Atkinson l’ordre de prendre le commandement du sloop de Moose Factory, en juin 1778. En septembre, Atkinson, qui « était beaucoup aimé des indigènes de l’endroit », fut nommé chef de poste à Eastmain House, un commandement qu’il allait conserver presque continuellement jusqu’à sa mort. Le poste s’agrandit matériellement et son importance s’accrut sous la direction d’Atkinson, et Edward Jarvis, chef de poste à Moose Factory, lui attribua le mérite de l’ouverture de « nouveaux canaux de traite, depuis le Nord jusqu’à Richmond [sur le lac Guillaume-Delisle, Québec] et au lac Mistasin [lac Mistassini, Québec] ». En septembre 1786, Eastmain House, devenue indépendante de Moose Factory, était « une factorerie distincte par elle-même » et prit le nom d’Eastmain Factory. C’était aussi une base de résistance à la concurrence des trafiquants de Montréal (trafiquants rattachés à une compagnie de Montréal). En 1790, Atkinson envoyait John Clarke* au lac Mistassini pour rassembler des renseignements sur les trafiquants montréalais rivaux qui empiétaient sur le territoire d’Eastmain Factory, et pour recruter « tout homme indépendant qui désirerait entrer à [notre] service ». Le salaire d’Atkinson permet de croire que ses efforts furent appréciés par la compagnie : en 1791, il touchait £130 par année. Toutefois, en ses dernières années, il fut malade et dut retourner en Angleterre en 1785–1786 et en 1791–1792. À son retour à Eastmain Factory, en 1792, il ne survécut que quelques semaines, y mourant en octobre.
Comme plusieurs autres fonctionnaires de la compagnie, à cette époque, Atkinson s’était donné une famille indigène : il eut, avec l’Indienne Necushin, deux fils et une fille. Le comité de Londres, dans une tentative pour éloigner de ses postes les familles des trafiquants, avait interdit d’amener des Européennes à la baie d’Hudson, et avait longtemps défendu à ses hommes de fréquenter les Indiennes. Mais, dans les années 1770, ce dernier règlement avait été défié par des hommes de la compagnie comme Joseph Isbister, Humphrey Marten, Moses Norton et Robert Pilgrim*. Longtemps éloignés de l’Angleterre, il arrivait que les trafiquants acceptent les offres que leur faisaient les Indiens d’une compagne, y voyant aussi des avantages commerciaux. À l’époque de la mort d’Atkinson, la compagnie en venait à accepter la présence de femmes indigènes et d’enfants dans ses postes. Les Indiens considéraient généralement que ces femmes étaient mariées et, dans les années 1830, elles étaient en train d’obtenir, aussi bien de la loi que de la compagnie, la reconnaissance en tant qu’épouses « selon les coutumes du pays ». Les fils issus de ces unions, avec l’encouragement du père et celui de la compagnie, pouvaient offrir d’utiles services à la Hudson’s Bay Company. Atkinson envoya, en 1790, son fils Sneppy en Angleterre, où il acquit son nom de baptême, George, dans l’espoir qu’il « se dégagerait un peu de l’Indien et, ce faisant, se verrait forcé à agir comme un homme » à son retour à Eastmain Factory : Les deux fils d’Atkinson servirent la compagnie, comme ce fut le cas de ces autres jeunes gens de la baie d’Hudson, Charles Thomas Isham* et William Richards*. George, fils, connut une carrière de quelque réputation dans la traite des fourrures et laissa une nombreuse famille pour continuer le nom d’Atkinson dans la région de la baie de James.
Durham County Record Office (Durham, Angl.), EP/Sto 2 (Holy Trinity Church, Stockton-on-Tees, registre des baptêmes, mariages et sépultures, 1707–1780).— HBC Arch., A.1/39, pp.14, 127, 240, 388 ; A.1/43, ff.58, 105 ; A.1/46, f.74 ; A.5/2, ff.145–147 ; A.6/13, ff.124, 153 ; A.11/57, ff.122–122d ; A.30/l, ff.2, 17, 30 ; A.30/3, f.33 ; A.30/4, f.11 ; A.32/3, f.12 ; A.36/1B, ff.14–16 ; B.59/a/40, ff.15, 29, 40, 44, 45 ; B.59/a/44, ff.6–8, 19, 21, 24 ; B.59/b/1 ; B.59/b/6, ff.6, 14–15 ; B.59/b/9, ff.14–15, 16 ; B.59/b/10, f.22 ; B.59/b/12 ; B.135/b/5, ff.3, 5–6, 10 ; B.135/b/6, ff.6, 8–9, 16–17, 40.— PRO, Prob. 11/1 238, testament de George Atkinson, homologué le 28 nov. 1793.— HBRS, XVII (Rich et al.) ; XXIV (Davies et Johnson).
Jennifer S. H. Brown, « ATKINSON, GEORGE (mort en 1792) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/atkinson_george_1792_4F.html.
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Auteur de l'article: | Jennifer S. H. Brown |
Titre de l'article: | ATKINSON, GEORGE (mort en 1792) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |