ASSIKINACK (Assiginack), FRANCIS, fonctionnaire et maître d’école, né en 1824 à l’île Manitoulin, Haut-Canada, fils de Jean-Baptiste Assiginack et de sa seconde épouse, Theresa Catherine Kebeshkamokwe, décédé le 3 novembre 1863 à Manitowaning, île Manitoulin.

Jean-Baptiste Assiginack joua pendant longtemps un rôle important dans la bande d’Outaouais de l’île Manitoulin où il servit de lien entre son peuple et les fonctionnaires du département des Affaires indiennes. Les relations étroites qu’il entretenait avec les Blancs se reflétèrent dans sa décision d’envoyer son fils Francis, un jeune homme plein de promesses, à Upper Canada College de Toronto. En 1848, une fois terminées ses études secondaires, Francis demanda une aide au département des Affaires indiennes pour aller étudier la médecine en France ; sa demande fut rejetée. Le jeune Outaouais demanda alors qu’on lui permît d’étudier la médecine au Canada ; cette faveur lui fut également refusée, sous prétexte que les Indiens ne retireraient pas suffisamment de bénéfices de l’argent pris à même leur fonds par rapport au coût d’un tel projet. En juin 1849, le secrétaire civil, Thomas Edmund Campbell*, offrit à Francis le poste de commis et d’interprète du surintendant Thomas Gummersall Anderson* à Toronto, au salaire annuel de £100, en lui suggérant qu’il était temps pour lui de montrer les résultats de l’instruction qu’il avait reçue. Lorsque le jeune Outaouais répondit qu’il désirait rester à l’école, Campbell l’exhorta brutalement à accepter cet emploi au département. Assikinack ne fut pas heureux en tant que commis. Anderson fit observer qu’il était d’un bon naturel mais qu’il ne semblait pas très qualifié pour ce poste. Lorsque l’école de l’établissement catholique de Wikwemikong à l’île Manitoulin demanda un professeur en 1850, le gouverneur général, lord Elgin [Bruce], suggéra qu’Assikinack, qui était lui-même catholique, occupe le poste, car il pourrait se révéler une aide précieuse pour les siens en leur transmettant les connaissances qu’il avait acquises en partie aux frais du gouvernement. Après une année de service au poste de commis, Francis Assikinack quitta Toronto.

Son père, qui venait de prendre sa retraite, vivait à l’île Manitoulin, mais ce rapprochement avec sa famille ne rendit pas le jeune homme heureux en tant que maître d’école. Après trois ans et demi de frustrations, sa colère éclata. C’est contre le missionnaire de l’Église d’Angleterre, au caractère énergique, Frederick O’Meara*, qu’Assikinack dirigea son hostilité, causant quelques dommages à la propriété du missionnaire et l’injuriant. Ce tapage valut à Assikinack d’être réaffecté au service d’Anderson au département des Affaires indiennes à Toronto comme commis principal, en 1854. Assikinack avait été présent, à titre d’interprète, à Owen Sound, en 1851, au moment où les terres longeant la rivière Saugeen avaient été cédées par les Indiens, et, pendant les années qui suivirent 1854, il participa souvent à des négociations de traités, comme celui de l’île Manitoulin en 1862. Il conserva le poste de commis principal à Toronto jusqu’en septembre 1863 où il fut gravement atteint de consomption ; il regagna l’île Manitoulin le même mois et y mourut avant la fin de l’année.

Les carrières respectives des Assikinack, père et fils, montrent que les relations entre Indiens et Blancs ne seraient jamais aussi faciles à mener que l’espéraient certains réformateurs humanitaires. Les méthodes éducatives adoptées par les Blancs peuvent sembler avoir été une réussite, comme dans le cas de Francis Assikinack, mais ceux qui les utilisaient n’auraient pu présumer qu’elles formeraient un individu content de retourner chez les siens avec un rôle déterminé d’avance. Il est malheureux que le xixe siècle n’ait pas pris conscience de cet aspect du problème.

Douglas Leighton

Francis Assikinack, alors qu’il était commis principal au département des Affaires indiennes, au service du surintendant, rédigea trois articles pour le Canadian Journal, à la demande de Daniel Wilson*. Dans le premier article, Legends and traditions of the Odahwah Indians, nouv. sér., III (1858) : 115–125, Assikinack raconte quelques légendes et discute du symbolisme et de la mythologie qu’on y retrouve. Cet article est important, principalement à cause des notes éditoriales concernant l’auteur. Le second article, Social and warlike customs of the Odahwah Indians, nouv. sér., III (1858) : 297–309, décrit entre autres les méthodes de discipline pour les enfants, les sociétés secrètes chez les tribus, et les mœurs de la guerre et la façon de traiter les prisonniers. Enfin, le troisième article, The Odahwah Indian language, nouv. sér., III (1858) : 481–485, traite de la sémantique et de la linguistique outaouaises. Par ces articles, on découvre le style franc d’Assikinack et son désir de concilier, lorsqu’il le peut, les traditions reçues de son milieu amérindien et celles acquises par sa foi chrétienne.  [d. l.]

APC, RG 10, vol. 118, 129–139, 511–512, 532–535, 572–574.— MTCL, Samuel Peters Jarvis papers, B58–B60.— Canada, Indian treaties and surrenders [...] [1680–1906] (3 vol., Ottawa, 1891–1912 ; réimpr., Toronto, 1971).— The roll of pupils of Upper Canada College, Toronto, January, 1830, to June, 1916, A. H. Young, édit. (Kingston, 1917).— H. G. Tucker, A warrior of the Odahwahs, OH, XVIII (1920) : 32–36.

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Douglas Leighton, « ASSIKINACK (Assiginack), FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/assikinack_francis_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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