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ARTHY, EDWARD WESTHEAD, éducateur, administrateur scolaire, fonctionnaire et auteur, baptisé le 3 février 1853 en Angleterre, fils aîné de William Robert Bridge Arthy et d’une prénommée Elizabeth ; il épousa Sara Morris, et ils eurent une fille ; décédé le 19 février 1914 à Vancouver et inhumé deux jours plus tard dans la même ville.
Fils d’un ministre du culte de Macclesfield en Angleterre, Edward Westhead Arthy passa l’examen d’entrée au Queen’s College d’Oxford le 3 novembre 1871, à l’âge de 18 ans, mais il ne termina pas ses études dans cet établissement. On ignore la date de son arrivée au Canada ; cependant, en 1873, il étudiait à la University of Toronto. Sa carrière commença deux ans plus tard par sa nomination à la direction de la Royal Arthur School de Montréal. Vers 1876, il devint directeur de la Preparatory High School, école élémentaire affiliée à la High School of Montreal et préparant les élèves à l’école secondaire. Arthy fut nommé secrétaire-surintendant du Bureau des commissaires des écoles protestantes de la cité de Montréal à la veille de l’année scolaire 1883–1884, soit au moment où le titulaire de ce poste, Sampson Paul Robins, démissionna pour aller diriger la McGill Normal School, unique établissement protestant de la province qui était voué à la formation des enseignants. Tout indique que les longues années durant lesquelles Arthy occupa le poste de secrétaire-surintendant – de 1883 à sa démission en 1908 – furent fructueuses. Pendant cette période, il œuvra aussi dans les principaux organismes scolaires protestants de la province, dont le Bureau central des examinateurs protestants, qui décernait des certificats aux instituteurs des écoles protestantes, et divers comités de la Provincial Association of Protestant Teachers. Comme il fut durant de nombreuses années membre du conseil d’administration de la High School of Montreal, il resta très proche de cet établissement. De plus, il écrivit un certain nombre de manuels d’arithmétique qui furent utilisés dans les écoles jusqu’en 1932.
La fonction de secrétaire-surintendant était exigeante car elle était double. En tant que secrétaire, Arthy rédigeait les procès-verbaux des réunions du Bureau des commissaires et répondait au courrier. Quant à son rôle de surintendant, il ressemblait davantage à celui d’un haut administrateur scolaire d’aujourd’hui. À ce titre, Arthy était chargé de la supervision générale des écoles protestantes de la ville. Il devait notamment visiter régulièrement chacune d’elles et faire rapport chaque mois sur leur situation pédagogique et matérielle.
Arthy fut surintendant des écoles protestantes de Montréal à une époque où, pour trouver ses modèles, ce réseau scolaire se tournait vers le Canada anglais et la Grande-Bretagne. En conséquence, les écoles célébraient fidèlement le Jour de l’Empire et d’autres anniversaires reliés à la gloire et à l’expansion de l’Empire britannique. Toutefois, le réseau scolaire qu’Arthy quitta en 1908 ne ressemblait plus guère à celui où il était entré 25 années plus tôt. En 1883, il y avait environ 4 500 enfants dans les écoles protestantes de la ville. En 1908, ils étaient 12 000, donc près de trois fois plus, répartis entre 15 écoles élémentaires et 3 écoles secondaires. Fait encore plus significatif, la population scolaire avait connu une profonde mutation. Alors que, au début de la période, elle était presque exclusivement anglo-protestante, elle ne présentait plus à la fin cette unité ethnique et religieuse, à cause d’une forte immigration juive. Lorsqu’Arthy avait été nommé surintendant, il y avait moins de 4 % d’élèves juifs dans les écoles protestantes. Ce pourcentage était beaucoup plus élevé au moment de sa retraite, soit 37 %, et atteindrait un maximum de 44 % en 1916.
L’arrivée des Juifs dans les écoles protestantes créa une foule de problèmes scolaires et juridiques qui ne furent réglés que partiellement sous la surintendance d’Arthy. Le réseau d’enseignement public de la province, divisé officiellement selon des critères confessionnels (en un secteur catholique et un secteur protestant), avait été créé sans égard pour les non-chrétiens. Il avait été établi bien avant la Confédération à partir de la prémisse selon laquelle tout élève était franco-catholique ou anglo-protestant. Dès le début, les immigrants juifs arrivant à Montréal choisirent d’envoyer leurs enfants dans les écoles protestantes plutôt que dans les écoles catholiques. Les écoles protestantes passaient pour être moins sectaires et l’enseignement s’y donnait en anglais.
Le statut des Juifs dans les écoles protestantes suscita constamment des conflits pendant la surintendance d’Arthy. Les autorités scolaires protestantes se plaignaient souvent que les recettes provenant des taxes scolaires payées par les Juifs ne correspondaient pas au coût de l’instruction de la population juive. Quant aux élites juives, elles accusaient les écoles protestantes de ne pas respecter leurs traditions religieuses et culturelles. Une loi provinciale adoptée en 1903 et plaçant les Juifs dans la catégorie des protestants pour ce qui était de l’instruction régla partiellement le problème. Tant les leaders protestants que juifs s’en montrèrent très satisfaits. Pourtant, quelques années après, à la veille de la démission d’Arthy, un nouveau conflit éclata. Les représentants des Juifs soutenaient que, en tant que « protestants », ils étaient éligibles au Bureau des commissaires des écoles protestantes de la cité de Montréal. Les commissaires n’étaient pas d’accord et faisaient valoir que la loi de 1903 ne mentionnait pas le droit d’appartenir au bureau. Ils soutenaient également que l’élection de représentants juifs au Bureau des commissaires irait à l’encontre de l’article 93 de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867, qui protégeait les droits des catholiques et des protestants en matière d’éducation.
Au début de 1908, Arthy démissionna de son poste de secrétaire-surintendant pour des raisons de santé. Sa décision n’était pas inattendue, car il était en congé de maladie payé depuis 1906. Herbert Joseph Silver, qui avait été surintendant suppléant en son absence, lui succéda.
À en juger par les commentaires qui suivirent son départ, Arthy était aimé et respecté par son employeur et ses collègues. Le Bureau des commissaires signala « ses qualités personnelles, son intelligence, son savoir et ses compétences administratives ». Un inspecteur des écoles protestantes, John W. McOuat, déclara : « [sa] courtoisie et [son] amabilité envers tous en faisaient un surintendant idéal, et nous avons tous beaucoup de considération pour lui ».
Selon le procès-verbal d’une réunion tenue le 27 mai 1910 par le comité protestant du Conseil de l’instruction publique, Edward Westhead Arthy fut remplacé au Bureau central des examinateurs protestants parce qu’il avait « quitté la province ». Les relevés de pension indiquent qu’il résida à Vancouver de 1911 jusqu’à sa mort en 1914.
Edward Westhead Arthy est l’auteur d’une série de manuels intitulés Grafton’s graded arithmetic [...] (4 vol., Montréal, 1895–1897 ; éd. rév., 1895–1899) ; il a aussi préparé le livre du maître pour au moins trois des ces quatre manuels sous le titre Grafton’s graded arithmetic [...] : teachers’ manual with answers (3 vol., Montréal, 1896–1897 ; éd. rév., Toronto, 1915).
Arch. de la Commission des écoles protestantes du Grand Montréal, Bureau des commissaires des écoles protestantes de la cité de Montréal, annual reports, 1905–1944 ; minutes, 1908–1931.— Alumni oxonienses ; the members of the University of Oxford, 1715–1886 [...], Joseph Foster, compil. (4 vol., Oxford et Londres, 1888).— Annuaire, Montréal, 1873–1910.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Educational Record of the Prov. of Quebec (Québec), 3 (1883)–51 (1932).— G. E. Flower, « A study of the contributions of Dr. E. I. Rexford to education in the province of Quebec » (mémoire de
Bibliographie de la version révisée :
Le 27 juin 1881, Edward Westhead Arthy et Sara Morris ont obtenu un permis de mariage à Montréal : Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, E14, S1, 1960-01-033/1068, 36.
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. du Vieux-Montréal, CE601-S69, 11 juill. 1882.— British Columbia Arch. (Victoria), « Genealogy - general search » : search-collections.royalbcmuseum.bc.ca/Genealogy (consulté le 31 mai 2018).— Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc., « England, Cheshire parish registers, 1538–2000 » : familysearch.org (consulté le 31 mai 2018).— Vancouver Daily World, 20, 23 févr. 1914.
Roger Magnuson, « ARTHY, EDWARD WESTHEAD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/arthy_edward_westhead_14F.html.
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Auteur de l'article: | Roger Magnuson |
Titre de l'article: | ARTHY, EDWARD WESTHEAD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 2019 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |