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API-KAI-EES (nom qui signifie « viande séchée avariée » et parfois traduit par « mauvaise viande séchée », connu aussi sous le nom de Deerfoot), coureur indien de la tribu des Pieds-Noirs, né vers 1864 dans les plaines de l’Ouest, fils de Natowes-tsitsi (Medicine Fire) ; il eut plusieurs femmes et enfants ; décédé le 24 février 1897 à Calgary.
Neveu de Pied de Corbeau [Isapo-muxika*], chef principal des Pieds-Noirs, Api-kai-ees jouissait déjà localement d’une réputation pour sa capacité de franchir à la course de longues distances dans la réserve des Pieds-Noirs (Alberta), lorsqu’un groupe de Calgary qui s’intéressait à la course professionnelle le découvrit en 1884. Les courses à pied de toutes sortes étaient une forme de divertissement et de pari très populaire à l’époque, et les champions locaux s’y mesuraient à des coureurs professionnels itinérants qui venaient d’aussi loin que la Grande-Bretagne. Api-kai-ees participa à des courses mineures de 1884 à 1886, moment où l’on construisit une piste intérieure à Calgary. Cette année-là, il vainquit le coureur professionnel James Green et un autre coureur pied-noir, Little Plume, dans une course d’endurance libre de quatre jours. Il fit 84 milles et 6 tours de piste durant les 16 heures allouées. Après ce succès retentissant, Api-kai-ees commença à participer à des courses professionnelles sous le nom de Deerfoot, qu’avait utilisé vers les années 1860 Ha-ga-sa-do-ni, Indien tsonnontouan qui avait établi plusieurs records mondiaux à la course à pied au Crystal Palace, à Londres.
Api-kai-ees participa à plusieurs autres courses locales en 1886. Il gagna la course d’un mille de la fête du dominion et, selon le Calgary Herald, il lui manquait seulement une seconde pour battre le record établi pour cette distance. Les journaux se firent l’écho de ses performances même jusqu’à New York, ce qui donna lieu à l’organisation d’une grande course de dix milles l’automne suivant à Calgary. Api-kai-ees battit d’un tour complet J. W. Stokes, de Birmingham, en Angleterre, et l’emporta aussi sur le coureur George Irvine, de Winnipeg. Cependant, les entraîneurs du coureur britannique contestèrent le compte des tours, et la course fut déclarée nulle. On reprit la compétition plusieurs jours plus tard, mais Api-kai-ees, méfiant, n’entra dans la course qu’après le sixième tour de piste de Stokes. Il réussit néanmoins à dépasser le coureur de Birmingham, et termina la course en 54 minutes et 30 secondes.
La carrière de coureur d’Api-kai-ees prit brusquement fin en août 1887, lorsqu’on le prit à voler deux couvertures dans une maison de colons située près de la réserve des Pieds-Noirs. Se défendant avec une hache, il résista aux agents de la Police à cheval du Nord-Ouest et réussit à s’enfuir. La veille, on avait abattu un autre Pied-Noir dans des circonstances semblables. Les Blancs du district commencèrent à s’inquiéter de la fuite d’Api-kai-ees, et les journaux, dont le Calgary Herald et le Calgary Tribune, parlèrent de l’imminence d’une guerre indienne.
Api-kai-ees demeura au large durant environ deux ans, malgré un appel personnel du lieutenant-gouverneur Edgar Dewdney* à Pied de Corbeau pour que son neveu se rende, une fouille de la réserve que firent 100 agents de la Police à cheval du Nord-Ouest, et l’offre d’une prime de 50 $. Enfin, au printemps de 1889, Pied de Corbeau prit des arrangements avec Dewdney, alors ministre de l’Intérieur, pour la reddition de son neveu. Représenté à son procès, à Calgary, par le conservateur influent James Alexander Lougheed*, il reçut une sentence de six semaines d’emprisonnement.
Entre-temps, la course à pied avait perdu de sa popularité et Api-kai-ees ne revint jamais aux sports. Il fréquenta plutôt la prison à maintes reprises pour ivresse, bagarres ou vols. Au cours de l’un de ses séjours en prison, il contracta la tuberculose ; il mourut brisé, en février 1897, à Calgary, au poste de la Police à cheval du Nord-Ouest. Cependant, on oublia vite sa triste fin, et l’on se souvint de Deerfoot pour ses exploits de coureur professionnel. Dans les années 1970, on honora sa mémoire en donnant son nom à l’une des principales voies rapides de Calgary, la Deerfoot Trail, ainsi qu’à un centre industriel et à un centre commercial.
Canada, Parl., Doc. de la session, 1887–1889 (rapports annuels de la North-West Mounted Police).— Calgary Herald, 10 avril 1889.— DAB.— L. V. Kelly, « 4 famed Indians caused white men to bite dust », Calgary Herald, 30 oct. 1954.
Hugh A. Dempsey, « API-KAI-EES (Deerfoot) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/api_kai_ees_12F.html.
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Auteur de l'article: | Hugh A. Dempsey |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |