AMIOT, NOËL-LAURENT, prêtre catholique et auteur, né le 25 décembre 1793 à Québec, fils de Laurent Amiot et de Marguerite Levasseur, dit Borgia ; décédé le 10 octobre 1845 à Vienne, Autriche.

Noël-Laurent Amiot est issu d’une famille établie à Québec depuis quelques générations et dont certains membres se sont spécialisés dans l’orfèvrerie. En 1793, son père est déjà considéré comme l’orfèvre le plus important du Bas-Canada. En 1808, Noël-Laurent entre au petit séminaire de Québec où, selon le palmarès de la fin de l’année, il se classe parmi les meilleurs étudiants de sa promotion. Sous l’influence des prêtres du séminaire et de sa famille, il opte pour la prêtrise à la fin de ses études classiques et fait son entrée au grand séminaire de Québec à l’automne de 1817. Au cours de l’été suivant, Mgr Joseph-Octave Plessis*, évêque de Québec, l’envoie dans la mission d’Odanak et dans la paroisse Saint-François-du-Lac afin qu’il y seconde le curé Jacques Paquin et se familiarise avec la langue des Abénaquis.

Amiot est ordonné prêtre par Mgr Bernard-Claude Panet* le 13 février 1820. Après un vicariat de courte durée dans les paroisses Sainte-Anne, à Yamachiche, et Saint-Gervais, près de Québec, il devient curé de Saint-François-du-Lac et desservant de la mission d’Odanak à la fin de l’année 1821. Il s’adapte assez facilement à sa nouvelle tâche, mais n’en rencontre pas moins certaines difficultés avec les Abénaquis. C’est d’abord auprès d’eux qu’il doit lutter contre le prosélytisme protestant qui se répand dans la mission ; certains Abénaquis souhaitent même y construire une église protestante. En 1826, Amiot exprime le désir qu’on l’affecte ailleurs. Mgr Panet refuse, mais il consent à lui envoyer un ecclésiastique, Michael Power, pour le seconder. Trois ans plus tard, l’arrivée d’un jeune Abénaquis, Osunkhirhine (Pierre-Paul Masta), devenu ministre protestant, n’est pas sans soulever la colère du curé Amiot. En effet, ce jeune pasteur, qui a l’appui des sociétés bibliques canadiennes, réussit à mettre sur pied une école protestante dans la mission. Amiot réagit rapidement à cette situation et défend aux Abénaquis d’y envoyer leurs enfants sous peine d’interdiction des sacrements. Son geste lui vaut même l’approbation de Mgr Panet.

Amiot est aux prises avec plusieurs autres problèmes. Ainsi les habitants de la seigneurie de Pierreville, agrégés à la paroisse Saint-François-du-Lac, préfèrent souvent que ce soit le curé de la paroisse Saint-Antoine-de-Padoue, à Baie-du-Febvre (Baieville), qui les desserve. Il en est de même pour ceux du canton d’Aston. En dépit de nombreux pourparlers avec ces gens, Amiot ne parviendra pas à les ramener à sa paroisse. Ses altercations avec le procureur des Abénaquis, Augustin Gill, sont également fréquentes, car ce dernier favorise l’expansion du protestantisme dans la mission et refuse toute collaboration avec Amiot.

À l’été de 1830, Amiot doit quitter sa cure à la suite d’une « pénible constatation » – probablement une affaire de mœurs – faite par l’évêque à l’occasion de sa visite pastorale. C’est Joseph-Marie Bellenger* qui le remplace. Amiot va alors se réfugier aux États-Unis chez les sulpiciens de Baltimore, au Maryland. En août 1831, Mgr Panet lui permet de revenir au Bas-Canada, car il estime qu’il a suffisamment « réparé le scandale qu’il a donné ».

En octobre de cette année-là, Amiot devient curé de Saint-Cyprien, à Napierville. Là encore, il ne sera pas au bout de ses peines. Déjà ce village est au centre de plusieurs activités politiques. En 1834, Amiot dénonce en chaire les agissements politiques du docteur Cyrille-Hector-Octave Côté, député de L’Acadie, propagandiste du libéralisme doctrinaire et l’un des leaders patriotes de sa région. Ce dernier organise des assemblées publiques après la messe, harangue les paroissiens sur le perron de l’église et les incite à s’opposer ouvertement au gouvernement. À cet affrontement politique avec Côté s’ajoute la turbulence grandissante des cultivateurs qui protestent contre la dîme et les redevances seigneuriales. Fort inquiet, Amiot se croit obligé de s’en tenir à un loyalisme obstiné, presque aveugle, qui le séparera de plus en plus de ses paroissiens. En cela, il a beaucoup de points communs avec ses collègues de la région de Montréal, qui suivent aveuglément les directives de leurs supérieurs et sont d’ardents défenseurs de l’ordre établi.

Au début de l’automne de 1837, au moment où un climat de révolte s’installe dans la paroisse, Amiot n’hésite pas à s’en prendre aux patriotes qui organisent des assemblées tumultueuses et des démonstrations antigouvernernentales. Le 24 octobre, à la parution du mandement de Mgr Jean-Jacques Lartigue, qui condamne la conduite des patriotes, son attitude envers ces derniers est encore plus ferme. En chaire, non seulement lit-il avec détermination et conviction le mandement de l’évêque de Montréal, mais il proclame sans ambages le caractère sacré de l’union du trône et de l’autel. Des prises de position aussi nettes le rangent alors dans le camp des partisans du gouvernement britannique, naturellement suspects et tout désignés à la vindicte populaire. Certains de ses paroissiens ne tardent pas à réagir : ils lui font un charivari politique au cours duquel ils entonnent la Marseillaise, profèrent des menaces et lancent quelques pierres contre les fenêtres de son presbytère. En 1838, les patriotes de sa paroisse séquestrent Amiot et le gardent prisonnier dans son presbytère.

Après l’échec de 1837–1838, la situation revient vite au calme. Noël-Laurent Amiot mène une vie paisible et se contente d’exercer son ministère avec zèle et empressement. Toutefois, cet état de choses ne dure guère. En novembre 1842, l’évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget*, l’accuse d’être « en flagrant délit de révolte contre [l’]Évêque » parce qu’il a refusé qu’on l’affecte à une autre cure, plus proportionnée à ses forces. Bourget se voit donc dans l’obligation de lui retirer tous ses pouvoirs sacerdotaux. C’est sans doute ce qui incite Amiot, qui a reçu un héritage important de son père peu auparavant, à entreprendre, à la fin de l’année, un voyage à Saint-Pierre de Rome et en Terre Sainte. Il y écrit son journal personnel et décrit avec emphase et émotion ses différents périples. À dire vrai, c’est surtout en pèlerin qu’il se comporte et il affermit sa foi dans ces milieux de chrétienté fervente. Il profite aussi de ce voyage pour visiter l’Europe, mais une maladie inattendue le force à s’arrêter à Vienne, où il meurt le 10 octobre 1845.

Richard Chabot

Noël-Laurent Amiot est l’auteur d’un journal personnel qui contient le récit de son voyage en Europe et en Terre Sainte. Ce journal est conservé aux ASQ, sous la cote mss, 141.

ANQ-Q, CE1-1, 25 déc. 1793.— APC, MG 8, F74 ; RG 4, B37, 1 : 98.— Arch. de l’évêché de Nicolet (Nicolet, Québec), Cartable Saint-François-du-Lac, I.— Arch. du diocèse de Saint-Jean-de-Québec (Longueuil, Québec), 13A/71–116.— ASQ, C 38 : 229, 243, 260, 281, 294 ; Lettres, P, 22, 29 ; Séminaire, 9, no 33 ; 123, nos 15–18 ; 128, no 7 ; 130, nos 217.— L’Ami du peuple, de l’ordre et des lois, 2 sept. 1835.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Panet », ANQ Rapport, 1933–1934 : 312 ; 1935–1936 : 189, 198, 200 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », ANQ Rapport, 1932–1933 : 121, 134, 150–151, 153.— Desrosiers, « Inv. de la corr. de Mgr Bourget », ANQ Rapport, 1948–1949 : 384.— T.-M. Charland, Histoire des Abénakis d’Odanak (1675–1937) (Montréal, 1964), 188–195 ; Histoire de Saint-François-du-Lac (Ottawa, 1942), 224–233.— P.-G. Roy, « la Famille de Jean Amyot », BRH, 25 (1919) : 225–234.

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Richard Chabot, « AMIOT, NOËL-LAURENT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/amiot_noel_laurent_7F.html.

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Auteur de l'article:    Richard Chabot
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    1 décembre 2024