ALLART, GERMAIN (baptisé Théodore), prêtre, récollet, évêque, né à Sézanne en 1618 et décédé à Vence le 4 décembre 1685.

Il entra chez les Récollets de la province de Paris, où il fit profession le 22 février 1637. Il devint ensuite lecteur de théologie. Puis il fut successivement gardien de Corbeil en 1648 et 1649, de Rouen en 1650, définiteur de sa province de 1654 à 1657 et gardien du couvent de Saint-Denis de 1657 à 1659. Par trois fois, il fut élu provincial de la province de Paris : le 10 août 1660, le 18 novembre 1668 et le 4 mai 1678 ; il n’acheva pas ce dernier triennat et démissionna le 28 juin 1679. Entre-temps, il avait gouverné la province de Saint-Antoine d’Arras de 1674 à 1677.

C’est lui qui rétablit en Nouvelle-France les Récollets qui avaient dû quitter ce pays en 1629. Louis XIV lui avait demandé en 1669 d’y envoyer trois religieux. Un naufrage, près des côtes du Portugal, avait obligé les missionnaires à remettre leur départ à l’année suivante. Cette fois, le roi commanda au père Allart d’y passer en personne avec quatre religieux. Le provincial partit de La Rochelle à la fin de mai 1670 en compagnie de l’intendant Talon et des pères Gabriel de La Ribourde, Simple Landon*, Hilarion Guénin, et des frères Luc François, diacre, et Anselme (ou Ignace) Bardou, lai. À leur arrivée à Québec, le 18 août suivant, la population leur réserva un accueil chaleureux et reconnaissant. Mgr de Laval* rendit au père Allart la maison de son ordre ; mais le provincial, après sérieuse réflexion, décida de bâtir une nouvelle demeure sur l’emplacement de l’ancienne. Il nomma ensuite le père Gabriel de La Ribourde commissaire et premier supérieur de ce couvent. Le gouverneur de Rémy de Courcelle voulut bien accepter la charge de premier syndic apostolique des Récollets. En décembre 1670, le père Allart était de retour à Paris.

Marie de l’Incarnation [V. Guyart], qui l’a connu à Québec, a pu dire de lui et des Récollets : « Ce sont des religieux fort zélés, que leur provincial [le père Allart], qui est un homme considérable parmi eux et qui a des qualités éminentes, est venu lui-même établir ». L’intendant Talon, de son côté, écrit au roi : « Le père Germain Allart provincial a tenu durant son séjour une conduitte sy judicieuse et prudente qu’il emporte l’estime de ceux mesme qui sembloient ne devoir souffrir sa presence qu’avec peine. L’Establissement qu’il a commencé prend une belle forme, Mais il a besoin des liberalitéz du Roy pour le soutenir ».

En fait, le père Allart a toujours joui des bontés du roi ; la très grande docilité qu’il a montrée dans l’exécution des ordres du monarque en serait peut-être l’explication. Le 13 avril 1662, Louis XIV lui commanda de réunir à la province de Saint-Denis 11 couvents de Récollets des Pays-Bas conquis récemment par la France. L’affaire manquait en soi de fondement légal, mais ainsi le voulait le roi et l’armée appuyait ses ordres. En 1666, le souverain demanda au père Allart, gardien du couvent de Paris, de porter les secours spirituels aux habitants de Dunkerque décimés par la peste. Sans même attendre la permission de son provincial, le supérieur y envoya plusieurs religieux. En 1671, encore à la demande du roi, il fonda le couvent de Versailles.

Le 10 février 1675, il fut élu commissaire général des trois nouvelles custodies situées en Flandre : Saint-Hubert, Saint-Pierre-d’Alcantara et Sainte-Famille. Le 26 septembre 1676, il fut nommé commissaire de toutes les provinces de Récollets, Observants et Cordeliers établis en France,

En considération de ses grandes qualités et en récompense de ses services, le roi nomma le père Allart à l’évêché de Vence en juin 1681. Il fut sacré le 12 juillet suivant dans l’église des Récollets de Paris. En 1685, il fit partie de l’Assemblée du clergé, et mourut à Vence le 4 décembre de la même année.

G.-M. Dumas

Correspondance de Talon, RAPQ, 1930–31 : 126s.— Marie Guyart de l’Incarnation, Lettres (Richaudeau), II : 442.— Le Clercq, First establishment of the faith (Shea), I : 12s. ; II : 18, 68, 70s., 99.— Sixte Le Tac, Histoire chronologique de la Nouvelle France ou Canada depuis sa découverte (mil cinq cents quatre) jusques en lan mil six cents trente deux, éd. Eugène Réveillaud (Paris, 1888), 123, 200.— Gosselin, Vie de Mgr de Laval, 183.— M. Prévost, Germain Allart, DBF, II (1936) : 134s.— A. de Sérent, Germain Allart, Dictionnaire dhistoire et de géographie ecclésiastiques, éd. Alfred Baudrillart et al. (en cours de publication, 14 vol., Paris, 1912–60), II.

Bibliographie de la version révisée :
Arch. départementales, Alpes-Maritimes (Nice, France), « État civil », Vence, 5 déc. 1685 : www.cg06.fr/fr/decouvrir-les-am/decouverte-du-patrimoine/les-archives-departementales/outils-recherche/outils-de-recherche-et-archives-numerisees (consulté le 25 févr. 2011).

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G.-M. Dumas, « ALLART, GERMAIN (baptisé Théodore) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/allart_germain_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2014
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