ALLAIN, JACQUES (baptisé Jacques-Gilbert), dit Presidius of Mary, instituteur et frère des écoles chrétiennes, né le 31 juillet 1847 à Neguac, Nouveau-Brunswick, fils de Pierre Allain et de Vénérande Robichaux ; décédé le 24 mai 1901 à Saint Paul, Minnesota, et inhumé à Glencoe, Missouri.
Jacques Allain, parfois appelé Joseph, grandit dans une famille qui avait des liens étroits avec l’Église catholique. Son grand-père avait accueilli dans sa demeure de Neguac, le 11 juin 1812, Mgr Joseph-Octave Plessis*, évêque de Québec, alors en tournée de confirmation dans la région de la Baie-des-Chaleurs, et ce dernier le décrivit comme « l’ami des prêtres, l’honnête, l’hospitalier, le respectueux Michel Allain ». Toujours du côté paternel, Allain était apparenté au missionnaire Thomas Cooke* qui, en 1852, devint le premier évêque de Trois-Rivières. Sa mère, Vénérande Robichaux, était la fille du pionnier de Neguac, Otho Robichaux*, et la petite-fille de l’Acadien Louis Robichaux*, déporté au Massachusetts en 1755. Lorsqu’elle mourut, l’évêque de Chatham, Mgr James Rogers, assista à son service funèbre afin de « témoigner [son] grand respect pour la vénérée défunte et pour sa bonne famille ».
Les parents d’Allain virent à ce qu’il acquière une bonne instruction, qu’il mit ensuite à profit en enseignant à l’école de Shippagan, au Nouveau-Brunswick. Sans doute encouragé par sa famille, profondément chrétienne, il se découvrit une vocation d’instituteur et de religieux, et en 1868 il se rendit à Montréal faire son noviciat chez les Frères des écoles chrétiennes. Le 8 décembre 1869, Allain prenait l’habit religieux ; il porterait désormais le nom de frère Presidius of Mary. Sa connaissance parfaite de l’anglais et les liens qui unissaient sa famille à Mgr Rogers furent des facteurs déterminants dans sa décision de se joindre à une communauté religieuse francophone comptant un groupe de plus en plus nombreux d’anglophones. Durant la plus grande partie de sa carrière, il enseignerait à des étudiants de langue anglaise.
La communauté avait mis sur pied des écoles à Arichat, en Nouvelle-Écosse, en 1860, à Halifax en 1865 et à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, en 1866, qui toutes connurent une vie éphémère. C’est à ce dernier endroit qu’on affecta Allain, et il allait y demeurer jusqu’à ce qu’on l’envoie enseigner à Montréal, à l’école Saint-Laurent, au mois d’août 1875.
De son côté, Mgr Rogers rêvait de confier son école de Chatham, la St Michael’s Academy, à une communauté religieuse d’hommes qui en assumerait la direction. Allain vint donc s’y installer en 1876 avec trois autres frères. L’école, où l’on admettait les enfants âgés de sept ans, donnait une formation à la fois théorique et pratique. Allain en fut le directeur et assuma également la charge de la première année. Malheureusement, le 14 février 1878, un incendie détruisit les bâtiments paroissiaux qui abritaient l’école. Les frères continuèrent leur travail, mais ils durent abandonner en 1880 à cause de difficultés financières. Ce n’est qu’en 1910, grâce à l’initiative de Mgr Thomas Francis Barry, que l’établissement rouvrit ses portes, sous le nom de Saint Thomas’ College.
En août 1879, Allain avait été appelé à St Catharines, en Ontario, pour prendre en main la St Patrick’s School tout en y assumant le poste de directeur de la communauté. Il s’occupa aussi de la construction d’une nouvelle école. Mais sa communauté avait d’autres vues sur lui. En juillet 1888, il quittait St Catharines et, après un bref passage dans sa famille à Neguac, il se rendait à Athis-Mons, en France, pour y faire ses trois mois de second noviciat. La communauté le préparait à ses nouvelles fonctions de maître des novices au noviciat De La Salle, à Castletown (république d’Irlande), où il passerait les 12 années suivantes, se distinguant par sa grande assiduité au travail et son zèle infatigable. Il semble s’être beaucoup plu en Irlande, mais à cause de sa santé chancelante, il dut revenir au Canada. Ses supérieurs l’envoyèrent aussitôt à Saint Paul, dans le Minnesota, où il mourut le 24 mai 1901. Il n’avait survécu que six jours à une intervention chirurgicale pour un cancer à l’estomac.
Selon une notice nécrologique, les supérieurs de Jacques Allain et les inspecteurs d’écoles le considéraient comme un « professeur zélé et habile » et comme l’« un de leurs meilleurs maîtres ». La même notice résumait bien la pensée d’Allain en mentionnant que « la mission des Frères était seulement à moitié accomplie dans les classes et que c’était surtout après l’école que les enfants avaient besoin de l’aide de leurs maîtres ».
Arch. paroissiales, Saint-Bernard (Néguac, N.-B.), RBMS.— Provincial Arch. of the Brothers of the Christian Schools, Toronto Prov., [Jacques Allain], « Historical journal, Brother of Christian Schools, St Catherines, Ontario » ; Brother Mactalius, « English schools of the Christian Brothers in Montreal, Quebec, and the Maritimes » (copie dactylographiée, 1937).— Courrier des Provinces maritimes (Bathurst, N.-B.), 13 juin 1901.— L’Évangéline, 15 août 1888, 6 juin 1901.— Le Moniteur acadien, 20 juill. 1888, 22 févr. 1889, 13 juin 1901.— J. A. Fraser, « By force of circumstance » : a history of St. Thomas University (Fredericton, 1970).— Mississipi vista : the Brothers of the Christian Schools in the Mid-west, 1849–1949, [frère Hubert Gerard], édit. (Winona, Minn., 1948), 278.— Notices nécrologiques de l’Institut des Frères des écoles chrétiennes (Paris, 1901), 336–342.— J.-O. Plessis, « Journal de deux voyages apostoliques dans le golfe Saint-Laurent et les provinces d’en bas, en 1811 et 1812 [...] », le Foyer canadien (Québec), 3 (1865) : 73–280.
Donat Robichaud, « ALLAIN, JACQUES (baptisé Jacques-Gilbert), dit Presidius of Mary », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/allain_jacques_13F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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