ALBRO, JOHN, artisan, marchand, fonctionnaire, officier de milice et homme politique, né le 6 mai 1764 dans le canton de Newport, Nouvelle-Écosse, fils de Samuel Albro et de Jane Cole, colons originaires du Rhode Island ; le 22 octobre 1793, il épousa à Halifax Elizabeth Margaret Vandergrift, et ils eurent deux fils, puis le 1er décembre 1803, dans la même ville, Elizabeth Margaret Dupuy ; décédé le 23 octobre 1839 à Halifax.

À l’âge de 17 ans, John Albro se présentait dans les journaux comme exploitant d’une tannerie à Halifax ; en 1800, il était boucher et en 1812, marchand. Avec son frère Samuel, il établit au nord de Dartmouth une tannerie pourvue d’un moulin à vent qui devint une grande entreprise. En 1818, les frères Albro prièrent le gouvernement de les encourager en leur concédant des terrains qui s’ajouteraient à leurs propriétés originales. Les deux beaux bâtiments de pierre de style georgien qu’il fit construire sur le côté ouest de la rue Hollis, non loin du quartier de la haute société, rue Sackville, sont bien le meilleur indice de l’ascension de John à Halifax. À titre de marchand, il finit par se spécialiser dans la quincaillerie, et son succès dans cette entreprise semble dû à son ardeur au travail.

Albro participa activement à la vie sociale et économique de la capitale dans les premières années du xixe siècle. Il fut cofondateur ou membre de diverses organisations : la Fire Insurance Association of Halifax (1809), la Halifax Marine Insurance Company (1809), la Charitable Irish Society (1809), la Nova Scotia Philanthropic Society (1815), la Halifax Steam Boat Company (1815) et la Halifax Commercial Society (1822). Grand maître de l’ordre maçonnique de la Nouvelle-Écosse de 1820 à 1839, Albro fit aussi partie du conseil paroissial de l’église St Paul en 1824 et 1825, et fut marguillier de 1828 à 1834. Pendant près de 20 ans, il occupa à Halifax les postes de commissaire de la voirie et de responsable de la lutte anti-incendie. Officier de milice actif, il devint lieutenant-colonel du 4th Regiment of Halifax militia le 21 août 1828. Plus tard, il remplit les fonctions d’inspecteur des digues ainsi que de commissaire responsable de la maison d’industrie. En ce qui concerne la Fire Insurance Association, la première compagnie d’assurances contre le feu en Amérique du Nord britannique, Albro avait non seulement participé à sa fondation, mais il en avait aussi acheté la première police. Grâce à la concurrence que cette entreprise locale faisait aux sociétés britanniques, les Néo-Écossais bénéficièrent dès 1817 de taux d’assurance plus bas. Albro préconisa aussi un système sûr d’approvisionnement en eau pour Halifax et, en 1822, il participa à une tentative infructueuse qui visait à fonder une banque locale. On peut considérer, d’une manière générale, qu’il s’occupa activement des intérêts de sa ville.

L’engagement d’Albro en politique résulta probablement du rôle de plus en plus important qu’il jouait au sein de sa communauté. Sa carrière à la chambre d’Assemblée ne fut pas spectaculaire : il se fit simplement l’écho de l’élite commerçante de Halifax. Élu en 1818 dans le canton de Halifax, réélu en 1820 malgré la défaite qu’on lui prédit, Albro cessa toute participation active à la politique en 1826, après avoir perdu son siège aux mains de Beamish Murdoch*. Cette année-là, la campagne fut mouvementée : d’un côté, on porta des accusations selon lesquelles des partisans d’Albro avaient été intimidés, de l’autre, on se plaignit qu’Albro lui-même s’était livré à de grossières insultes.

Il semble effectivement qu’Albro se soit parfois montré bourru et querelleur. En 1820, par dépit, il se retira de la Charitable Irish Society pour une courte période ; les accusations qu’il porta contre John Young relativement à la conduite d’un concours agricole se révélèrent sans fondement et Albro finit par admettre qu’il avait parlé « inconsidérément ». Il appuya activement le révérend John Thomas Twining* dans le conflit qui divisa la congrégation St Paul en 1824–1825, mais demeura tout de même membre de celle-ci. Une querelle avec Edmund Ward*, éditeur du Free Press, lui fit probablement perdre en partie l’appui de ce journal aux élections de 1826. Enfin, il semble qu’il ait désapprouvé le genre de vie et le mariage de son fils John et qu’il l’ait pratiquement déshérité.

Les dernières années de John Albro furent apparemment paisibles et fructueuses. À Halifax, la rue et l’école baptisées en l’honneur de sa famille sont disparues depuis longtemps mais, à Dartmouth, une rue et deux lacs rappellent le rôle important que jouèrent Albro et certains de ses parents dans l’évolution de la ville. De l’avis de ses pairs, Albro fut un homme intègre, agissant toujours avec droiture et esprit d’indépendance. Décédé à l’âge de 75 ans, il fut inhumé au cimetière St Paul, en présence de membres de sociétés fraternelles et d’une imposante foule de Haligoniens.

Allan C. Dunlop

PANS, MG 3, 154 ; MG 9, no 315 : 11 ; RG 20A, 70, John Albro, 1818.— J. V. Duncanson, Newport, Nova Scotia – a Rhode Island township (Belleville, Ontario, 1985).— [M.] H. Creighton, Helen Creighton : a life in folklore (Toronto, 1975).— « Masonic grand masters of the jurisdiction of Nova Scotia, 1738–1965 », E. T. Bliss, compil. (copie dactylographiée, s.l., 1965 ; copie aux PANS).

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Allan C. Dunlop, « ALBRO, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/albro_john_7F.html.

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Année de la publication:    1988
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