AILLEBOUST DE LA MADELEINE, FRANÇOIS-JEAN-DANIEL D’, « marchand-voyageur », né à Montréal le 7 octobre 1702, fils de Jean-Baptiste d’Ailleboust* Des Muceaux et d’Anne Le Picard ; il épousa le 24 novembre 1732 à Montréal Marie-Charlotte Godefroy de Linctot ; décédé à Pointe-aux-Trembles, île de Montréal, le 23 juillet 1793.

François-Jean-Daniel d’Ailleboust de La Madeleine appartenait à cette fraction de la noblesse canadienne du xviiie siècle qui, sans devoir abandonner les privilèges de sa classe, et parfois même grâce à ceux-ci, tirait ses moyens de subsistance du commerce des pelleteries. Il ne possédait pas de domaine dont il aurait pu prélever un revenu substantiel, et ses chances d’accéder à la carrière la plus prestigieuse, celle d’officier, étaient minces, étant donné le nombre limité de charges disponibles. C’est ainsi que François d’Ailleboust se fit voyageur, puis « marchand-voyageur ». De 1731 à 1754 environ, il dirigea, seul ou en société, une dizaine de voyages de traite à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan) et à Michipicoton (Michipicoten River, Ontario), et cela presque toujours pour le compte d’importants « marchands-équipeurs » de Montréal, tels que François Foucher*, Alexis Lemoine*, dit Monière, et Ignace Gamelin.

D’Ailleboust était donc un de ces intermédiaires qui obtenaient à crédit la marchandise de traite, engageaient l’équipage d’un ou de plusieurs canots et partaient chaque été vers les postes de l’Ouest. Dans cette entreprise, d’Ailleboust s’associa d’abord, de 1731 à 1736, à deux de ses frères, Nicolas-Marie d’Ailleboust Des Muceaux et Jean-Baptiste-Alphonse d’Ailleboust de La Boulasserie ; il se joignit ensuite, de 1737 à 1742 au moins, à deux autres de ses frères, Pierre-Joseph d’Ailleboust de Manthet et Ignace-René d’Ailleboust de Périgny, puis à Louis Gastineau de Sainte-Marie, qui avait obtenu du gouverneur Beauharnois*, en 1747, la concession de la traite au poste de Michipicoton ; enfin, en 1750, il formait avec Manthet une nouvelle société au capital initial de 12 500#, qui fut dissoute quatre ans plus tard. Il fit encore quelques engagements en 1757, mais semble s’être retiré du commerce peu de temps après.

Ses activités de « marchand-voyageur » ne lui avaient pas fait abandonner l’espoir de devenir officier dans les troupes de la Marine. Mais d’Ailleboust avait près de 40 ans lorsqu’il se vit offrir la possibilité d’entreprendre une telle carrière ; en 1742, il était cadet à la garnison de Michillimakinac. Or, à cette époque, il avait trois enfants, ce qui, selon ses supérieurs, « l’oblige[ait] à voyager pour pouvoir les faire vivre ». Les obligations familiales seraient-elles devenues, avec les années, trop lourdes pour cet aspirant officier ? Ou craignait-il d’être déplacé vers une garnison moins commode, pour son commerce, que celle de Michillimakinac ? Toujours est-il que d’Ailleboust ne gravit pas les échelons de la hiérarchie militaire.

D’Ailleboust passa les dernières années de sa vie à Pointe-aux-Trembles. En février 1759, il y avait acheté, avec son frère, Pierre-Joseph de Manthet, une propriété sur laquelle se trouvait une maison très simple, construite « pièces sur pièces » ; 12 ans plus tard, il rachetait la part de son frère et en devenait seul propriétaire.

Hélène Paré

AN, Col., D2C, 43.— ANQ-M, Greffe de J.-B. Adhémar, 4 juin 1732, 12 juin 1733, 9, 27, 28 juin 1747, 9, 10 juill. 1747, 1er mai 1750 ; Greffe d’Henri Bouron, 11 juin 1750, nos 53, 54 ; Greffe de L.-C. Danré de Blanzy, 23 juin 1741, 13 juin 1745, 1er févr. 1759 ; Greffe d’Antoine Foucher, 28 juill. 1767 ; Greffe de N.-A. Guillet de Chaumont, 28 juin 1737.— Archives paroissiales, Notre-Dame (Montréal), Registre des baptêmes, mariages et sépultures, 1702 ; Saint-Enfant-Jésus (Pointe-aux-Trembles, Québec), Registre des baptêmes, mariages et sépultures, 1793, f.18.— ASSM, 24, Dossier 6.— Ste Ann’s Parish (Mackinac Island, Mich.), Registre des baptêmes, mariages et sépultures de Sainte-Anne-de-Michillimakinak (mfm aux APC, MG 8, G17).— [G.-] J. Brassier, Montréal en 1781, déclaration du fief et seigneurie de l’isle de Montréal au papier terrier du domaine de sa majesté en la province de Québec [...], Claude Perrault, édit. (Montréal, 1969), 136.— Massicotte, Répertoire des engagements pour l’Ouest, ANQ Rapport, 1929–1930, 1930–1931.— Ægidius Fauteux, La famille d’Aillebout : étude généalogique et historique (Montréal, 1917).

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Hélène Paré, « AILLEBOUST DE LA MADELEINE, FRANÇOIS-JEAN-DANIEL D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ailleboust_de_la_madeleine_francois_jean_daniel_d_4F.html.

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Auteur de l'article:    Hélène Paré
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024