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AIDE-CRÉQUY, JEAN-ANTOINE, prêtre, curé, peintre, né à Québec le 5 avril 1749, fils de Louis Aide-Créquy, maçon, et de Marie-Hélène Lefebvre, décédé le 6 décembre 1780 dans sa ville natale.
Jean-Antoine Aide-Créquy fit ses études, ou du moins une partie, au séminaire de Québec, comme l’atteste ce passage du plumitif du séminaire, daté du 18 novembre 1768 : « il a été Décidé que [...] Créquy Devr[a] entrer en philosophie a pacques prochain s’ [il est] en État ». Il fut tonsuré dans la chapelle du séminaire de Québec le 7 décembre 1771 et reçut les ordres mineurs deux semaines plus tard. Sous-diacre en 1772 et diacre en 1773, il fut ordonné prêtre le 24 octobre de cette année-là et chargé aussitôt de la cure de Baie-Saint-Paul où il arriva au début de novembre. Mgr Briand voyait d’un bon oeil l’envoi d’Aide-Créquy dans cette paroisse qui était desservie par le curé des Éboulements et de l’île aux Coudres, Jean-Jacques Berthiaume, depuis le décès de l’ancien curé en 1771. « J’ai été bien aise », écrivait-il à l’abbé Berthiaume le 8 novembre 1773, « que La providence vous procurat pour voisin Mr. Crequi, qui est un bon sujet, sera, je l’espère un bon prêtre, et un fervent missionnaire, parceque je savois que vous L’aimiés, et que vous étiés lié avec sa famille ; me voilà tranquil sur ce coin de mon diocèse qui m’a toujours causé bien de l’inquiétude. » En plus de la cure de Baie-Saint-Paul, l’abbé Aide-Créquy fut chargé de la desserte de Saint-François-Xavier-de-la-Petite-Rivière. Dès le 22 décembre 1773, il faisait part à l’évêque de son intention de construire une nouvelle église pour cette paroisse en réutilisant le retable de la vieille église, projet qui devait aboutir cinq ans plus tard.
Peu préoccupé par son propre confort et se contentant du strict nécessaire, comme le laisse entrevoir sa correspondance avec Mgr Briand, Aide-Créquy témoignait de l’intérêt pour les affaires paroissiales et une grande sympathie pour ses ouailles. Il fut le premier curé à tenir régulièrement les comptes de la paroisse de Baie-Saint-Paul. Il dota son église d’une cloche et acheta une embarcation pour se rendre à Petite-Rivière. Son sacristain et chargé d’affaires, Élie Mailloux, était, semble-t-il, un homme instruit qui possédait beaucoup d’esprit. Aide-Créquy servit également, en 1777, d’intermédiaire entre les prêtres du séminaire de Québec et les ouvriers travaillant à la remise en état de leur moulin à Baie-Saint-Paul. En retour, le séminaire concéda un terrain à la fabrique de la paroisse. En juin 1780, le jeune prêtre, malade, quitta sa cure et se retira à Québec où il devait mourir prématurément le 6 décembre suivant.
De santé fragile, Aide-Créquy avait peut-être présumé de ses forces en se donnant, non seulement à son ministère, mais également à la peinture. Comme peintre, il eut à combler les besoins de paroisses et de communautés désormais privées du recours à l’importation d’œuvres religieuses françaises. Il exécuta en particulier de grands tableaux pour des paroisses situées non loin du lieu de son ministère. Les besoins ont sans doute joué beaucoup dans l’épanouissement de l’art et de la carrière d’Aide-Créquy. Toutes ses peintures sont des tableaux religieux inspirés de gravures ou de peintures auxquelles il avait accès dans la colonie. Il eut une production artistique respectable au cours de sa brève carrière. Une douzaine d’œuvres sont connues. La plus ancienne, une Vierge à l’enfant, qui se trouve à l’Hôtel-Dieu de Québec, fut peinte en 1774. Parmi les tableaux de grande dimension, on retrouve une Vision de sainte Angèle (1775) au monastère des ursulines de Québec, une Annonciation (1776) à l’église de L’Islet, une Vision de saint Roch (1777) à l’église de Saint-Roch-des-Aulnaies, un Saint Louis tenant la couronne d’épines, peinture exécutée en 1777 pour l’église Saint-Louis à l’île aux Coudres et aujourd’hui conservée à l’évêché de Chicoutimi, et un Saint Joachim offrant la Vierge au Très-Haut (1779) à l’église de Saint-Joachim. Il est possible qu’il ait peint deux autres tableaux pour cette dernière paroisse, tableaux qui auraient été remplacés en 1869 par des œuvres d’Antoine Plamondon*. Deux autres œuvres furent détruites dans des incendies : une Sainte Famille à la cathédrale Notre-Dame de Québec en 1866 et un Saint Pierre et saint Paul à l’église de Baie-Saint-Paul en 1962. Enfin on lui attribue deux peintures conservées à l’Hôtel-Dieu de Québec : un Saint Pierre et un Saint Paul.
Aide-Créquy fut un peintre habile à rendre le modelé des personnages, la perspective des scènes et le jeu des ombres et des lumières. Ses coloris relèvent généralement d’un choix judicieux. Sa touche est souple et ses empâtements pertinents. Ses peintures inspirées de gravures sont souvent encore plus expressives que les gravures elles-mêmes. Compte tenu de ces qualités techniques et picturales, on ne peut retenir l’hypothèse selon laquelle Aide-Créquy aurait été un autodidacte. Il est fort probable qu’il ait reçu sa formation avant de devenir prêtre. Cependant, en ce qui a trait à la composition, l’agencement des éléments empruntés à différents tableaux n’est pas toujours heureux. Dans la mise en place d’un décor de son cru, il manifesta un goût particulier pour les lourds décors d’architecture. Par ailleurs, il ne fut pas un copiste servile. Somme toute, l’abbé Charles Trudelle n’avait pas tort en disant de lui : « Ce n’était pas un Raphaël, mais cependant on voit qu’il avait du goût et de l’aptitude pour cet art. »
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John R. Porter, « AIDE-CRÉQUY, JEAN-ANTOINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/aide_crequy_jean_antoine_4F.html.
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Auteur de l'article: | John R. Porter |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |