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ADAMS, JOHN GENNINGS CURTIS, fermier, dentiste et réformateur, né le 16 mars 1839 à Adamsville (Acton, Ontario), fils du révérend Ezra Adams et d’Amy Edmonds (Edmunds), veuve de John Gennings Curtis ; le 18 décembre 1861, il épousa à Drayton, Haut-Canada, Sarah Ann Fawcett (décédée en 1896), et ils eurent quatre fils et cinq filles ; décédé le 21 mai 1922 à Burlington, Ontario, et inhumé au cimetière Mount Pleasant, Toronto.

Dans sa jeunesse, John Gennings Curtis Adams travailla sur la concession statutaire de sa famille près de Drayton. Il quitta la ferme en 1869 et l’année suivante, à l’âge de 31 ans, s’installa à Toronto avec sa femme et ses enfants afin d’étudier l’art dentaire auprès de son demi-frère William Case Adams. Le journal intime qu’il tint de 1871 à 1873, pendant son apprentissage, en dit long sur son évangélisme et son dialogue avec Dieu, ses visites aux malades et aux pauvres et sa foi inébranlable de voir la Providence lui apporter du travail (en général des obturations) pour qu’il puisse payer la nourriture et le chauffage du lendemain. En 1872, il commença à dispenser gratuitement, aux enfants de familles pauvres, des « soins hospitaliers pour les dents ». Après avoir obtenu en 1874 sa licence de chirurgie dentaire du Royal College of Dental Surgeons of Ontario, il ouvrit son propre cabinet. Au cours des années 1880, il le réinstallerait à l’angle des rues Elm et Yonge, en plein cœur de la ville.

Chez Adams, principes méthodistes et souci de faire le bien se confondaient à tel point avec l’exercice de sa profession que beaucoup y voyaient du fanatisme. Pour lui, soigner les dents des enfants était une mission divine. À compter des années 1890, il mit cette conviction en pratique avec zèle. L’état déplorable de la dentition des enfants, la multiplicité des cas de maladies et de difformités qui en résultaient et l’ignorance des parents en matière de formation des dents et d’hygiène buccale le consternaient. En procédant en 1893–1894 à des examens avec son fils, le docteur Ezra Herbert Adams, il découvrit qu’un nombre stupéfiant d’élèves de la Victoria Street School, soit 98 %, négligeaient sérieusement leur dentition.

À l’époque, les milieux professionnels ne se souciaient pas de ce problème. L’appui d’Adams à l’ouverture d’une clinique dentaire gratuite en 1893 et sa communication sur le traitement de la dentition des enfants, prononcée en 1895 devant l’Ontario Dental Society, eurent donc peu d’effets. En revanche, l’année suivante, avec le soutien de la Toronto Dental Society et du Toronto Trades and Labor Council, il put faire des tournées et aller porter son message à des organismes tels le Bureau de santé provincial, le National Council of Women of Canada, le Local Council of Women de Hamilton et la Michigan State Dental Association. Il en profita pour distribuer un ouvrage de sa composition, paru à Toronto en 1896, School-children’s teeth : their universally unhealthy and neglected condition : the only practical remedy : dental public school inspection and hospitals for the poor.

Adams écrivait dans ce livre qu’il avait engagé des gens pour « débusquer » des enfants nécessiteux et les conduire à son dispensaire, voisin de son cabinet. En 1896, en vue d’agrandir son œuvre, il acheta l’édifice de la Temperance Coffee House Association, rue Elm à l’intersection de Teraulay. L’année suivante, il y ouvrit le Christ’s Mission Dental Hospital, dispensaire combiné à une salle de mission, à un café et à un bureau de placement. En avril 1899, par suite d’une demande de sa part, le Royal College of Dental Surgeons accepta que les étudiants en art dentaire continuent « à exercer gracieusement dans les établissements de charité sous la direction d’un membre ». Un mois plus tard, incapable de payer 200 $ en arriérés de taxes, Adams dut fermer son dispensaire. Le conseil municipal lui refusait l’exemption pour organismes de charité.

Adams, qui se définissait comme un « dentiste missionnaire », n’était pas homme à abandonner la lutte. Il se mit plutôt à exercer des pressions sur les autorités municipales responsables des questions d’hygiène et les autorités scolaires pour que des inspections et des soins dentaires soient instaurés dans toute la province. Par ses attaques contre les médecins qui traitaient mal les maladies liées à la dentition et par ses déclarations à l’emporte-pièce – ainsi, il dit en 1901 au premier ministre de la province, George William Ross*, qu’« au moins un million de dents permanentes [étaient] en voie de destruction dans la bouche des écoliers de l’Ontario » –, il se fit à la fois des adversaires et des alliés. Sans nul doute, il était heureux du travail accompli par George K. Thomson et d’autres dentistes de la Nouvelle-Écosse, où des inspections scolaires, les premières au Canada, furent instituées en 1908. Souvent exprimées dans des publications qui lui étaient favorables, dont deux périodiques torontois, le Dominion Dental Journal et l’Oral Health, ses opinions gagnèrent des adeptes à mesure que le mouvement en faveur de l’hygiène publique prenait de l’importance en Ontario. Le Toronto Board of Education ouvrit la marche en 1911 en instaurant des inspections. Deux ans plus tard, le service de santé de la ville inaugura une clinique dentaire pour les pauvres, le premier dispensaire public au Canada. (Aux États-Unis, une clinique expérimentale avait ouvert ses portes en 1901 à Rochester, dans l’État de New York.)

La participation d’Adams à la vie publique ne se limitait pas à la dentisterie préventive. Il encourageait ses concitoyens à garnir leurs fenêtres de fleurs pour embellir la ville. Réformiste en politique, il appartenait aux Fils de la tempérance, aux Good Templars, à l’Ancient Order United Workmen et aux Select Knights of Canada. Il était économe et membre du conseil d’administration de l’église méthodiste St Paul, située dans le secteur Yorkville de Toronto, où il vivait depuis les années 1870. Sa nombreuse famille partageait ses passions religieuses et professionnelles. Tous ses fils devinrent dentistes. William Fawcett, diplômé aussi en médecine et en théologie, passa de nombreuses années en Chine à titre de médecin missionnaire.

John Gennings Curtis Adams prit sa retraite en 1912 et mourut en 1922. Ce philanthrope visionnaire avait été l’instigateur d’un mouvement important. Dès la fin des années 1920, il y avait une forme quelconque d’inspection dentaire pour les enfants dans la plupart des grandes villes canadiennes. Rares sont les dentistes qui laissent un tel héritage.

Anne Carlyle Dale

La documentation concernant la famille Adams, y compris des copies des premières lettres adressées à John Gennings Curtis Adams et son journal pour la période 1871–1873, a été gracieusement mise à notre disposition par Joyce Pettigrew, d’Otterville, en Ontario, arrière-petite-fille du sujet. [a. c. d.]

Une réimpression du traité d’Adams intitulé School-children’s teeth : their universally unhealthy and neglected condition a paru à Toronto en 1912. Au moins un opuscule basé sur ce traité a été publié, semble-t-il, ainsi que deux articles portant le même titre dans le Dental Register (Cincinnati, Ohio), 50 (1896) : 472–487 et le Dominion Dental Journal (Toronto), 24 (1912) : 168–171, 209–212. Parmi les autres textes qu’Adams a écrits sur le sujet, on trouve « Systematic care of school children’s teeth », article paru dans le Dominion Dental Journal, 12 (1900) : 317–319.

AO, RG 22-305, nº 12267 ; RG 80-8-0-198, nº 25414 ; 871, nº 14961 ; RG 80-27-2, 79 : 71.Univ. of Toronto, Faculty of Dentistry Library, Dental Museum, « Adams family record » (notes dactylographiées) ; copie encadrée de J. G. [C.] Adams, « Petition to the Honorable the Legislature of Ontario in session » (s.d.) ; J. J. Kelso, avis annonçant la réunion visant à établir un « Dental Infirmary, for the benefit of the poor, and principally for children », Toronto, 21 sept. 1893 ; « Petition to the members of the School Board » (s.d.). Toronto Daily Star, 22–23 mai 1922.G. M. Adam, Toronto, old and new : a memorial volume [...] (Toronto, 1891 ; réimpr., 1972), 112s.T. L. Adams, A dentist and a gentleman : gender and the rise of dentistry in Ontario (Toronto, 2000). Annuaire, Toronto, 1871–1915.J. W. Bruce, « President’s address », Dominion Dental Journal, 21 (1909) : 246–260.J. J. Cassidy et P. H. Bryce, « Report of the committee on school hygiene on dental inspection », Dominion Dental Journal, 8 (1896) : 177–185. Commemorative biographical record of the county of York [...] (Toronto, 1907). Dental Practice (Toronto), 10 (1911) : 218–220. Dominion Dental Journal, 9 (1897) : 266–268, 300 ; 34 (1922) : 237s., 245s.D. W. Gullett, A history of dentistry in Canada (Toronto, 1971). Oral Health (Toronto), 3 (1913) : 115s.Royal College of Dental Surgeons of Ontario, Report of the proc. of the annual meeting of the board of directors (Toronto), 1898 : 7, 20.Wallace Seccombe, « J. G. Adams, dentist and philanthropist », Oral Health, 12 (1922) : 265.J. W. Shosenberg, The rise of the Ontario Dental Association : 125 years of organized dentistry (Toronto, 1992), 81–91.G. K. Thomson, « The dental education of the public and school children », Dominion Dental Journal, 20 (1908) : 255–274.« Toronto’s municipal dental clinic », Oral Health, 3 : 113s.A. E. Webster, « Dental inspection of two schools in Toronto », Dominion Dental Journal, 22 (1910) : 600–604.

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Anne Carlyle Dale, « ADAMS, JOHN GENNINGS CURTIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/adams_john_gennings_curtis_15F.html.

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Auteur de l'article:    Anne Carlyle Dale
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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