MILLET, PIERRE, prêtre, jésuite, missionnaire, né à Bourges le 19 novembre 1635, décédé à Québec le 31 décembre 1708.

Entré au noviciat de Paris le 3 octobre 1655, Pierre Millet fut professeur de grammaire à La Flèche et à Compiègne de 1659 à 1663. Il étudia la théologie à Paris pendant quatre ans et fut ordonné en 1668. Il débarqua à Québec dès le 5 août de la même année. Des ambassadeurs onontagués ayant réclamé des missionnaires, le nouveau venu leur fut accordé. Il demeura chez les Onontagués avec le père Julien Garnier et apprit rapidement leur langue. En 1672, il devint missionnaire de la revêche nation des Onneiouts. L’habileté et le bon naturel de Millet lui conquirent l’affection de ses hôtes, parmi lesquels il fonda une confrérie de la Sainte-Famille en 1676.

Les Tsonnontouans ayant attaqué les Illinois et tué plusieurs traitants français à la fin de février 1684, le jésuite joua un rôle de premier plan au grand conseil iroquois tenu quelques mois plus tard, qui avisa aux moyens d’apaiser les Français. Il fut délégué avec le père Jacques de Lamberville auprès du gouverneur Le Febvre* de La Barre, alors que celui-ci s’acheminait vers le fort Frontenac, allant punir les Tsonnontouans. Le père Millet prit part aussi aux négociations de l’anse de La Famine (baie de Mexico, près d’Oswego) le 2 septembre 1684.

Le père Millet reprit son ministère parmi les Onneiouts, mais il fut rappelé en 1685, avec la plupart des missionnaires de l’Iroquoisie, en prévision de l’expédition préparée par Denonville [Brisay] contre les Tsonnontouans. Le gouverneur lui confia la tâche d’interprète au grand conseil convoqué au fort Frontenac pour 1687. L’expédition de 1687 rendit impossible le retour des missionnaires en pays iroquois. Millet dut rester au fort Frontenac comme aumônier jusqu’au printemps de 1688, après quoi il se rendit au fort Niagara remplacer le père Jean de Lamberville. Dès le 15 septembre, il dut repartir, parce qu’on abandonnait ce poste.

En juin 1689, les Iroquois le capturèrent par ruse au fort Frontenac avec le chirurgien Pélerin de Saint-Amant. Les captifs furent conduits, avec les mauvais traitements ordinaires, jusqu’à Toniata (Grenadier Island, près de Brockville), où eut lieu un conseil de quatre des nations iroquoises. On confia le jésuite aux Onneiouts qui le menèrent dans leur pays. Grâce aux bons offices de notables chrétiens, Millet fut finalement adopté et reçut le nom de Odatsighta pour faire revivre un fondateur de la confédération iroquoise. Cette faveur lui donnait un rang distingué dans les conseils. Il put ainsi continuer le ministère abandonné en 1685, mais il fut l’objet des calomnies des autres nations et des Anglais, qui craignaient son influence. Les Onneiouts résistèrent aux pressions et le protégèrent. Durant ce temps, Millet fut en rapport avec Peter Schuyler, de New York, et surtout avec Godfrey Dellius, pasteur au fort Orange (Albany, N. Y.).

La guerre persistait entre Anglais et Français et les Iroquois harcelaient la colonie française. À plusieurs reprises, cependant, ils firent mine de désirer la paix. Une délégation des Cinq-Cantons vint trouver Frontenac [Buade*] en mai 1694, demandant à ouvrir des négociations. Le gouverneur exigea la libération des prisonniers. Ainsi, le jésuite revint à Québec au mois d’octobre.

Il résida d’abord au collège, puis il assista le père Joseph-Louis Germain dans son ministère, à Lorette, en 1696. L’année suivante, il remplit la fonction de curé au même endroit. Enfin, on le retrouve chez les Iroquois du Sault-Saint-Louis (Caughnawaga) à partir de 1698, y dépensant les dernières années de sa vie active. En 1704, il revint malade au collège de Québec, où il vécut encore quatre ans.

Lucien Campeau

ASJCF.— Collection de documents relatifs à la N.-F., I : 488, 571, 595 ; II : 59, 80, 87.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), III, IV, IX.— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, III : 185200.— Campbell, Pioneer priests, 246261.

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Lucien Campeau, « MILLET, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/millet_pierre_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    2018
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