DROLET, CHARLES, avocat, homme politique, fonctionnaire, né à Québec le 8 mai 1795, fils de Charles Drolet et d’Angélique Hill, décédé à Québec le 22 septembre 1873 et inhumé trois jours plus tard au cimetière Notre-Dame de Belmont, Sainte-Foy (Québec).

Charles Drolet fut reçu au Barreau du Bas-Canada le 28 avril 1827. Il exerça sa profession à Québec, où il épousa Marguerite Quirouet le 27 juillet 1830. Le couple n’eut apparemment pas d’enfants, mais Charles avait eu un fils naturel, né le 2 janvier 1828 d’une mère inconnue et prénommé Charles-Papineau. En février 1836, Drolet, avec l’aide de Louis-Joseph Papineau, remporta la victoire sur son ami, le patriote Robert-Shore-Milnes Bouchette, lors d’une élection partielle dans le comté de Saguenay. Membre de l’Association des frères-chasseurs, Drolet était en faveur de la rébellion armée mais il ne prit pas part à la première insurrection. Au cours de la journée du 1er juillet 1838, Drolet réussit à faire passer des provisions aux exilés politiques dont le navire, ancré à Québec, se préparait à partir pour les Bermudes. Après la démission de lord Durham [Lambton*] en octobre 1838, il inquiéta les autorités en organisant une assemblée publique à Saint-Roch, dans la ville de Québec, pour remercier lord Brougham et John Temple Leader, les deux hommes politiques britanniques que l’on croyait responsables de la démission de Durham.

Drolet réussit son coup le plus hardi le 16 octobre 1838. Il organisa l’évasion de deux éminents patriotes, prisonniers à la Citadelle, Edward Alexander Theller* et William Wallin Dodge [V. Heath]. Sir John Colborne* lança un mandat d’arrêt contre Drolet qui quitta Québec et s’enfuit vers la frontière américaine. Il s’arrêta pour la nuit à Saint-Gervais chez son cousin germain qui était aussi l’oncle de sa femme, le conseiller législatif François Quirouet* ; c’est là qu’il fut arrêté par un détachement de la milice sur un ordre signé par son hôte. En approchant de Québec, Drolet persuada habilement un des soldats de l’escorte de l’autoriser à aller rendre visite à sa mère, et il s’enfuit aux États-Unis. Il retrouva des Patriotes amis à Rouses Point et, le 5 décembre, Robert Nelson le nomma au nombre des 12 conseillers de l’éventuelle république du Bas-Canada.

Lorsque la cause des Patriotes, dans laquelle Drolet avait joué un rôle utile mais restreint, s’effondra en 1839, Drolet fut reçu au Barreau de New York à Buffalo, puis il alla s’établir à Detroit où il exerça le droit pendant huit ans. Après l’amnistie générale de 1849, Drolet rentra à Montréal. En août 1850, il alla vivre à Québec où, sur la recommandation de Louis-Hippolyte La Fontaine*, on le nomma greffier à la Cour de la vice-amirauté de Québec. C’était un poste mineur dans le système judiciaire impérial, mais ce choix fut mal vu par de nombreux partisans du gouvernement. Peu après la nomination de La Fontaine à la Cour d’appel en juillet 1854, Drolet fut nommé greffier suppléant à cette cour. Il cumula les deux fonctions jusqu’à sa mort.

Carman Miller

[R.-S.-M. Bouchette], Mémoires de Robert-S.-M. Bouchette, 1805–1840 ; recueillis par son fils Errol Bouchette et annotés par A. D. de Celles (Montréal, 1903), 40, 85.— Papiers de Ludger Duvernay, Canadian antiquarian and numismatic journal, 3e sér., VII (1910), n° 2 : 94.— Le Canadien (Québec), janv., mars 1836, janv., mai 1850.— Mélanges religieux (Montréal), 27 août 1850.— Montreal Gazette, 1er janv., 16 févr., 15 mars 1836, 10 oct., 16 oct., 15 nov. 1838.— Le Nouveau Monde (Montréal), 4 sept., 27 sept. 1873.— L’Opinion publique (Montréal), août, 3 oct. 1873.— Canada directory, 1857–1858.— Desjardins, Guide parlementaire.— P.-G. Roy, Fils de Québec, III : 70.— L.-N. Carrier, Les événements de 1837–1838 (Beauceville, Qué., 1914).— Christie, History of Lower Canada.— Fauteux, Patriotes, 220s.— E. C. Guillet, The lives and times of the Patriots ; an account of the rebellion in Upper Canada, 1837–1838, and the Patriot agitation in the United States, 1837–1842 (Toronto, 1938), 128.— Télesphore St-Pierre, Histoire des Canadiens du Michigan et du comté d’Essex, Ontario (Montréal, 1895).— E. A. Theller, Canada in 1837–1838, showing by historical facts, the causes of the late attempted revolution, and of its failure ; the present condition of the people, and their future prospects, together with the personal adventures of the author, and others connected with the revolution (2 vol., Philadelphie, 1841).— Tremblay, Histoire du Saguenay.— [J.-B.-H. Brien], Un document inédit sur les événements assez obscurs de l’insurrection de 1837–1838, Canadian antiquarian and numismatic journal, 3e sér., V (1908), n° 1 : 13.— Victor Morin, La « république canadienne » de 1838, RHAF, II (1948–1949) : 483–512.— Antoine Roy, Les Patriotes de la région de Québec pendant la rébellion de 1837–1838, Cahiers des Dix, XXIV (1959) : 247s.— P.-G. Roy, L’évasion de Dodge et Theller de la citadelle de Québec, Cahiers des Dix, V (1940) : 121–144.

Bibliographie de la version révisée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S1, 8 mai 1795, 3 janv. 1828, 27 juill. 1830, 25 sept. 1873 ; CN301-S33, 20 juill. 1872.Claire Paradis-Rioux, Charles Drolet, 1795–1873, Ronald Macdonald, 1797–1854 : histoire et généalogie (Montréal, 2017).

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Carman Miller, « DROLET, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/drolet_charles_10F.html.

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Auteur de l'article:    Carman Miller
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    2019
Date de consultation:    1 décembre 2024