LANOUGUÈRE, THOMAS DE, enseigne du régiment de Carignan-Salières, seigneur de Sainte-Anne, gouverneur intérimaire de Montréal en 1674, lieutenant puis capitaine des gardes du gouverneur de Frontenac [V. Buade], né à Mirande (Guyenne), en 1644, de Jean de Lanouguère, conseiller du roi en l’élection d’État, et de Jeanne de Samalins, décédé au Canada en 1678.

Il signait Lanouguère, nom qui, chez ses descendants, devint Lanaudière, Tarieu de Lanaudière et Tarieu de La Pérade. Il ne porta pas lui-même le patronyme de Tarieu. Issu d’une famille de vieille noblesse française, Thomas de Lanouguère arriva au Canada comme enseigne, au régiment de Carignan-Salières, dans la compagnie de Pierre de Saint-Ours*, en septembre 1665. Peu après son arrivée, sa compagnie reçut l’ordre d’aller seconder le capitaine Pierre de Saurel dans l’érection d’un fort à l’entrée de la rivière Richelieu. Comme la plupart des officiers et des soldats du régiment de Carignan, Lanouguère participa à l’expédition que dirigea en 1666 le marquis de Tracy [V. Prouville] contre les tribus iroquoises.

Orphelin de père et de mère, il décida, au licenciement des troupes, de demeurer lu Canada. Le 29 septembre 1670, il achetait conjointement avec Edmond de Suève, lieutenant de sa compagnie, qui était célibataire et qui le considérait comme son fils, un terrain le long de la rivière Sainte-Anne, auparavant concédé à Michel Gamelain et dans lequel quelques colons avaient commencé le défrichement. Ces terres, situées dans la paroisse actuelle de Sainte-Anne de La Pérade, leur furent officiellement concédées par l’intendant Talon le 29 octobre 1672. Militaire de goût et de carrière, M. de Lanouguère ne s’intéressa que peu à sa seigneurie. Il laissa d’abord ce soin à M. de Suève. Ensuite, il en chargea sa femme, Marguerite-Renée Denys, qu’il avait épousée à Québec le 16 octobre 1672 et qui était fille de Pierre Denys* de La Ronde et de Catherine Leneuf de La Poterie.

En cette année 1672, le comte de Frontenac est nommé gouverneur de la Nouvelle-France. L’officier Lanouguère lui plaît et il se l’attache. Il le nomme lieutenant de ses gardes au retour de l’expédition de Cataracoui où Lanouguère s’est conduit, au dire du gouverneur, en brave soldat. Au printemps de 1673, Lanouguère veut tâter de la traite des fourrures. Mais le commandant de Montréal, Perrot, ayant été emprisonné, Frontenac veut le remplacer par un homme de confiance et délègue son protégé, qui est officiellement nommé le 10 février 1674. Frontenac, par une ordonnance du 20 octobre 1674, lui fait donner la moitié des appointements retenus du gouverneur Perrot, et, dans ses rapports au ministre Colbert, ne tarit pas d’éloges sur cet officier « qui est fort actif et fort zélé pour le service ». Prévoyant le retour de Perrot, Frontenac sollicite pour lui le poste de major de Montréal et, en attendant, il le nomme capitaine de ses gardes à Québec.

Ce poste de capitaine des gardes ne l’empêche pas cependant de faire de brefs séjours dans sa seigneurie, éloignée d’à peine 20 lieues de Québec. Fort de la protection du gouverneur, Lanouguère peut s’attendre à un bel avenir. Cependant, il meurt inopinément à Québec en mai 1678 et est inhumé dans la petite chapelle de sa seigneurie.

Sa veuve de 21 ans s’établit dans sa seigneurie et y demeura 30 ans au milieu de ses censitaires qu’elle aida de ses conseils et de son exemple. Le 9 juillet 1708, elle épousait Jacques-Alexis de Fleury* Deschambault, veuf de Marguerite de Chavigny, fille d’Éléonore de Grandmaison, et lieutenant général de la juridiction royale de Montréal. Marguerite-Renée Denys mourut à Montréal le 3 février 1722. Trois enfants étaient nés du mariage Lanouguère-Denys. L’un d’eux, Pierre-Thomas Tarieu de La Pérade, hérita de la seigneurie de Sainte-Anne et épousa en 1706 la célèbre Madeleine de Verchères [Jarret*].

Raymond Douville

Daniel, Hist. des grandes familles françaises du Canada.— Raymond Douville, Premiers Seigneurs et Colons de Sainte-Anne de La Pérade (1667–1681) (Trois-Rivières, 1946).— Faillon, Histoire de la colonie française, III : 482–500 et passim.— P.-G. Roy, La Famille Tarieu de Lanaudière (Lévis, 1922).— Sulte, Mélanges historiques (Malchelosse), VIII.

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Raymond Douville, « LANOUGUÈRE, THOMAS DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lanouguere_thomas_de_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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