GODEFROY, JEAN-PAUL, interprète, commis de la traite à Trois-Rivières, commerçant, contrôleur général de la Communauté des Habitants, commandant de vaisseaux et conseiller, né à Paris vers 1602, d’une famille originaire de Normandie, et décédé, en France vraisemblablement, en 1668 ou peu avant.

Il était le fils de Robert Godefroy, conseiller du roi et trésorier général de l’extraordinaire des guerres, qui, en 1627, était membre de la Compagnie des Cent-Associés, et de Marie Marteau, de la paroisse de Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris.

Plusieurs historiens situent en 1626 l’arrivée de Jean-Paul Godefroy en Nouvelle-France. Toutefois, il est bien possible qu’il y soit venu dès 1623. Dans ses Voyages, en effet, Champlain parle, cette année-là, d’ « un matelot appelé Jean Paul », en qui Laverdière – un peu hâtivement peut-être – reconnaît Godefroy. Il est certain en tout cas que, dès avant l’affaire des Kirke [V. David Kirke], Godefroy était un des interprètes de Champlain, avec qui il rentra en Europe en 1629.

Godefroy revint-il à Québec en 1633, comme on l’a affirmé ? Nous n’en savons rien. Mais il est sûr qu’en 1636 il se trouvait à Trois-Rivières, en qualité de commis de la traite. La Relation signale son zèle apostolique auprès des Indiens sur lesquels il avait, grâce à sa connaissance parfaite de leur langue et à ses exploits sportifs, un grand ascendant.

L’ancien interprète de Champlain continua de s’intéresser au commerce. En 1644, la Communauté des Habitants le délégua en France avec Pierre Legardeur de Repentigny pour obtenir certains changements au monopole de la traite et, en même temps, si possible, le retour des Récollets dans la colonie. Si elle échoua sur le deuxième point, la députation Godefroy-Legardeur conclut pour les Habitants une entente fort avantageuse avec la Compagnie des Cent-Associés (1645). En 1650, encore, on verra Godefroy aller en France demander, mais sans plus de succès, le retour des Récollets, à qui on voulait confier tout le ministère paroissial.

En plus d’être l’un des chefs de la Communauté des Habitants, dont il était en 1648 le contrôleur général, Godefroy s’intéressa personnellement à la traite des fourrures, à la chasse au loup marin et à la pêche de la morue. Propriétaire d’au moins un navire, Godefroy s’associa en 1653 à Louis d’Ailleboust et à Jean Bourdon pour la pêche de la morue. Cette association se proposait d’établir un commerce triangulaire Canada-Antilles-France. On ne connaît pas, toutefois, le succès de cet audacieux projet.

Esprit entreprenant, colonial aux vues larges, Godefroy fut souvent appelé à des fonctions importantes : délégué en France en 1644 et en 1650, contrôleur général de la Communauté et membre du premier Conseil de la colonie en 1648, amiral de la flotte en 1649, il fut chargé en 1651 d’une délicate mission auprès des délégués des colonies de la Nouvelle-Angleterre.

Depuis 1647, en effet, des négociations étaient en cours entre les colonies de la Nouvelle-Angleterre et la Nouvelle-France en vue de l’établissement de relations commerciales. Le Conseil de la Nouvelle-France, favorable au projet, exigeait toutefois que l’accord commercial se doublât d’une alliance défensive et offensive contre les Iroquois et les autres Indiens ennemis des sauvages chrétiens. Le 20 juin 1651, le conseil chargeait Jean-Paul Godefroy et le jésuite Gabriel Druillettes de rencontrer les délégués de la Nouvelle-Angleterre afin de terminer avantageusement les pourparlers. Le 30 octobre 1651, Godefroy était de retour. La mission avait échoué : les Anglais refusaient de combattre les Iroquois.

En 1652, Godefroy était marguillier de la paroisse de Québec. Mais, par la suite, il n’est plus mentionné qu’à quelques reprises dans la colonie : en 1653 et en 1657. Il est probable que, à cette époque, il s’était installé en France avec sa femme, Marie-Madeleine Legardeur de Repentigny, qu’il avait épousée à Québec le 3 octobre 1646, et avec sa fille Barbe ; quant à sa seconde fille, Charlotte, elle fut probablement confiée aux Ursulines de Québec, chez qui elle prit plus tard le voile.

Jean-Paul Godefroy mourut, en France semble-t-il, avant le 23 octobre 1668.

André Vachon

APQ, Manuscrits concernant la Nouvelle-France, I – ASQ, Séminaire, VI : 6a – Champlain, Œuvres (Laverdière), VI : 58 – JR (Thwaites), IX : 33, 57 – Papier terrier de la Cie des I. O.. (P.-G. Roy), 272s., 276 – Lanctot, Histoire du Canada, I : 272 – Le Jeune, Dictionnaire.— P.-G. Roy, Jean-Paul Godefroy, BRH, X (1904) : 246–250.— Benjamin Sulte, Les Interprètes du temps de Champlain, MSRC, I (1882–83), sect. i : 53.

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André Vachon, « GODEFROY, JEAN-PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/godefroy_jean_paul_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    1 décembre 2024