CAMPION, ÉTIENNE-CHARLES, trafiquant de fourrures et marchand, baptisé à Montréal le 15 janvier 1737, fils d’Étienne Campion, dit Labonté, aubergiste, et de Charlotte Pepin ; il épousa dans cette ville, le 23 novembre 1773, Madeleine Gautier, et, en secondes noces, le 17 février 1794, Marie-Josephte Maillet, à Trois-Rivières ; inhumé à Montréal le 23 décembre 1795.

C’est en 1753 qu’Étienne-Charles Campion alla pour la première fois dans les pays d’en haut. En 1761, il était bien familier avec la région et fut recommandé comme guide et adjoint à Alexander Henry*, l’aîné, qui projetait un voyage de traite à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan). Les connaissances et l’appui de Campion se révélèrent inestimables quand Henry arriva au fort avant les troupes britanniques d’occupation et se trouva quelque peu menacé par les Indiens de l’endroit [V. Minweweh*]. Campion continua de lui servir d’adjoint jusqu’en 1763 et se comporta, selon Henry, « honnêtement et fidèlement ».

Bien que sa résidence fût à Montréal, Campion participa activement aux affaires religieuses et civiles de Michillimakinac, de 1765 à 1794. Il trafiqua aussi bien dans le sud et au nord-ouest qu’à Michillimakinac où, entre autres, il vendit des marchandises au département des Affaires indiennes. Pendant la Révolution américaine, il remplit occasionnellement certaines missions pour le département. En 1779, un groupe de trafiquants de Michillimakinac, dont Campion faisait partie, mirent leurs marchandises en commun dans une association connue sous le nom de General Store. Mais les désordres reliés à la Révolution américaine compliquèrent la marche des affaires. Le groupe avait des marchandises et des fourrures au fort Saint-Joseph (Niles, Michigan) quand, à l’automne de 1780, ce dernier fut pillé par des soldats du pays des Illinois. Avec l’appui d’un groupe de Potéouatamis de l’endroit, Campion rattrapa les pillards au lieu dit Rivière-du-Chemin (Michigan City, Indiana) et recouvra la plus grande partie du butin. Mais, en 1781, lors d’une attaque survenue en son absence, le poste de Saint-Joseph fut détruit.

La paix restaurée, Campion reprit sur une large échelle son activité au sud-ouest. Il y eut une augmentation marquée de la traite, en général, dans cette région au cours des années qui suivirent la révolution, et la concurrence réduisait les profits. En 1785, Campion se joignit à un grand nombre de marchands de Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan) au sein d’une société connue sous le nom de General Company of Lake Superior and the South, ou de General Society, qui se spécialisait dans la traite au sud jusqu’au pays des Illinois et à l’ouest jusqu’à la tête des eaux du Missouri. Cette même année, également, Campion devint l’un des 19 membres fondateurs du Beaver Club, à Montréal. La General Society dissoute, semble-t-il, en 1787, Campion, William Grant*, de Montréal, et quelques autres formèrent la société Grant, Campion and Company, qui s’orienta vers la traite à l’ouest du lac Supérieur et aussi loin que la région de la Saskatchewan. Elle devint une importante rivale de la North West Company. Le groupe de Campion participa, en 1792, à un accord par lequel Joseph Frobisher*, de la North West Company, établit un certain consensus entre quelques groupes de rivaux afin de limiter quelque peu la concurrence dans les postes de l’Ouest. La Grant, Campion and Company continua d’équiper des trafiquants qui hivernaient dans l’Ouest et de vendre en gros à de petits marchands de Michillimakinac ; la compagnie s’associa à James Grant dans la traite au Témiscamingue.

Campion fut mêlé à un meurtre, à Michillimakinac, en 1792. Selon le commandant Edward Charlton, un Sauteux du nom de Wawenesse tenta de poignarder un trafiquant et deux autres personnes. Maîtrisé, les mains attachées dans le dos, il était conduit aux autorités quand sept hommes, dont Campion, l’attaquèrent et le tuèrent. L’incident fut soumis à l’examen d’un grand jury, à Détroit, mais on n’en connaît pas la conclusion.

Campion poursuivit son activité commerciale habituelle. La tendance aux fusions dans le commerce des fourrures continua à se faire sentir et, en 1795, la Grant, Campion and Company acquit une des 46 actions de la North West Company. La santé de Campion s’était détériorée, cependant, et il mourut en décembre.

En collaboration

ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 15 janv. 1737, 23 nov. 1773, 23 déc. 1795 ; Greffe de J.-B. Adhémar, 30 avril 1754 ; Greffe de J.-G. Delisle, 19 déc. 1795 ; Greffe de Pierre Panet, 22 nov. 1773 ; Testaments, Testaments olographes, Étienne Campion, 19 déc. 1795. APC, MG 19, B3, p.4. Ste Ann’s Parish (Mackinac Island, Mich.), Registre des baptêmes, mariages et sépultures de Sainte-Anne-de-Michillimakinak.— Correspondence of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank), I.— Docs. relating to NWC (Wallace).— Henry, Travels and adventures (Bain).— Michigan Pioneer Coll., IX (1886) ; X (1886) ; XI (1887) ; XIII (1888) ; XIX (1891) ; XXIII (1893) ; XXIV (1894). Lebœuf, Complément, 1re sér. : 24. Lefebvre, Engagements pour l’Ouest, ANQ Rapport, 1946–1947. C. W. Alvord, The Illinois country, 1673–1818 (Chicago, 1922 ; réimpr., 1965). Rich, History of HBC, II. W. S. Wallace, The pedlars from Quebec and other papers on the Nor’Westers (Toronto, 1954).— W. E. Stevens, Fur trading companies in the northwest, 1760–1816, Mississippi Valley Hist. Assoc., Proc. (Cedar Rapids, Iowa), IX, 2e partie (1918) : 283–291.

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En collaboration, « CAMPION, ÉTIENNE (baptisé Étienne-Charle) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/campion_etienne_charles_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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