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WAYMOUTH (ou Weymouth ; Purchas emploie les deux orthographes), George, explorateur et navigateur ; circa 1601–1612.
Waymouth, marin anglais, fut mêlé à trois projets d’expéditions (dont deux eurent réellement lieu) au Nouveau Monde. D’après James Rosier, qui l’accompagna lors de l’expédition qu’il entreprit en 1605 en Virginie, pour le comte de Southampton et Lord Thomas Arundell de Wardour, il connaissait « la plus grande partie de la côte d’Angleterre et la plupart des autres pays (car il avait beaucoup appris en participant depuis son enfance à des voyages et à des explorations). »
Waymouth semble avoir eu une certaine instruction. Entre son voyage au détroit d’Hudson et son expédition en Virginie, il adressa au roi Jacques Ier un manuscrit intitulé « The jewell of artes », qui traitait de navigation, de construction navale et d’engins de guerre. Au cours de l’année 1605, il rédigea un traité : « Errors and defects in the usual building of ships », préparé, affirme-t-il, après 20 ans d’étude portant sur les mathématiques et la construction navale. (Ces deux textes, qui n’ont jamais été imprimés, sont maintenant au British Museum.)
En septembre 1601, à la suite de négociations préalables avec la Muscovy Company et la Turkey Company, Waymouth accepta de rechercher un passage au Nord-Ouest, vers les Indes, pour le compte de la East India Company, nouvellement formée (1611). Dans cette expédition, il fut accompagné par le révérend John Cartwright, qui servait d’aumônier et qui publia plus tard un récit de ses voyages en Orient sous le titre de The preachers’ travels (1611), ainsi que par John Drew, capitaine du Godspeed, qui naviguait de conserve avec Waymouth. La compagnie versa à celui-ci £100 pour l’achat d’instruments et d’autres articles nécessaires ; en outre, elle lui promit £500 s’il trouvait le passage. La reine Élisabeth confia à Waymouth une lettre enluminée, adressée à l’ « Empereur de Chine », traduite en latin, en espagnol et en italien, et contenue dans une boîte en fer blanc. (Il la rapporta ; elle est conservée dans les archives du comté de Lancashire, à Preston, en Angleterre.)
Le 2 mai 1602, Waymouth partit de Ratcliffe, sur la Tamise, à bord du Discovery, navire de 70 tonneaux (commandé par William Cobreth), accompagné par le navire de Drew, le Godspeed, de 60 tonneaux. Les deux vaisseaux comptaient 35 hommes. Le 28 juin, il aperçut l’Amérique à une latitude approximative de 62° 30’ nord ; cependant, il fut entraîné au large de la côte dans le brouillard. Il revit la terre à 63° 53’ le 8 juillet, mais des glaces dangereuses l’empêchèrent d’examiner le littoral. Waymouth, dans son propre récit du voyage, rapporte que le 19 juillet, « tous nos hommes se conjurèrent secrètement en vue de mettre la barre sur l’Angleterre, pendant que je dormais dans ma cabine. » Le lendemain, les mutins présentèrent par écrit les raisons de leur conduite, disant qu’ils n’hiverneraient pas dans le Nord, mais qu’ils accepteraient d’explorer entre les 57e et 60e degrés de latitude nord. Le 21 juillet, l’équipage changea de route et mit le cap au Sud par l’Ouest. Waymouth somma ses hommes de s’expliquer ; ils répliquèrent que leur décision avait été unanime. Une interprétation erronée du récit attribue à tort la direction de cette mutinerie à Cartwright (V. DNB ; DAB). Le 22 juillet, Waymouth, en présence de Cartwright et de Cobreth, envoya chercher les meneurs et « les punit sévèrement » ; mais, sur les instances des deux hommes, il remit une partie de la peine. Le même jour, un iceberg qui se fendit et commençait à se retourner faillit de justesse faire chavirer des embarcations du Discovery et du Godspeed, alors que les hommes étaient en train de casser de la glace en vue de renouveler les provisions d’eau fraîche.
Les navires continuèrent leur route vers le Sud. Le 26 juillet, Waymouth estima qu’il était à l’entrée d’une anse (le détroit d’Hudson) à la latitude de 61° 40’ nord ; il y fit 100 lieues (300 milles) vers l’Ouest. Bien que Waymouth ait mis « beaucoup d’espoir en cette Baie », il vira de bord le 26 juillet, parce que l’année était fort avancée et que beaucoup de ses hommes étaient malades. Cependant, selon l’expression de Luke Fox, Waymouth « avait montré à Hudson le chemin de son détroit ».
Les vaisseaux sortirent du détroit d’Hudson le 5 août ; le 9, on aperçut le Labrador à une latitude de 55° 30’ nord. Cette nuit-là, le Godspeed heurta un iceberg ; l’équipage eut peur que « le navire soit perdu », mais il ne subit aucune avarie. Le 14 août, on continua à faire route vers l’Ouest en vue de chercher une baie à la latitude de 56° nord ; Waymouth « espérait y trouver un passage pour plusieurs excellentes raisons ». Vains espoirs. Le 18, les navires essuyèrent une forte tempête puis, grâce à un vent favorable, ils s’éloignèrent de la terre et des glaces, faisant voile vers l’Angleterre. Waymouth arriva à Dartmouth le 5 septembre 1602.
Le conseil de la East India Company interrogea Waymouth le 24 novembre ; on décida de préparer une deuxième expédition, qui n’eut cependant pas lieu.
En 1605, Waymouth explora les côtes du Massachusetts et du Maine. Le 27 octobre 1607, Jacques Ier lui accorda une pension de 3s 4d par jour en attendant qu’il « reçoive d’autres faveurs de Sa Majesté ». On ne voit plus son nom après le versement de sa pension, à Pâques, en 1612.
PRO, CSP, Col., East Indies, 1601–1602.— Pour une relation contemporaine du voyage de 1605, V. : James Rosier, A true relation [...] (London, 1605), dans Purchas, Pilgrimes (1905–07), XVIII : 335–360 (avec additifs), et dans Rosier’s relation of Waymouth’s voyage to the coast of Maine 1605, ed. H. S. Burrage (« Gorges Soc. », III, 1887), et dans H. S. Burrage, Gorges and the grant of the Province of Maine, 1622 : a tercentenary memorial (Portland, Me., 1923).— On trouve le récit fait par Waymouth de son voyage de 1602 dans Purchas, Pilgrimes (1905–07), XIV : 306–318, et dans Luke Fox, North West Fox, or Fox from the north-west passage (London, 1635), dans Voyages of Foxe and James (Christy).— DAB.— DNB.— G. B. Manhart, The English search for a north-west passage in the time of Queen Elizabeth, dans Studies in English commerce and exploration in the reign of Elizabeth (Philadelphia, 1924).— Narratives of voyages towards the north west in search of a passage to Cathay and India 1496 to 1631, [...], ed. Thomas Rundall (Hakluyt Soc., 1st ser., V, 1849), 51–71.— Oleson, Early voyages, 161s.— Henry Stevens, The dawn of British trade to the East Indies as recorded in the court minutes of the East India Company 1599–1603 containing an account of [...] Waymouth’s voyage in search of the North-West Passage (London, 1886).
Thomas Dunbabin, « WAYMOUTH (Weymouth), George », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/waymouth_george_1F.html.
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Auteur de l'article: | Thomas Dunbabin |
Titre de l'article: | WAYMOUTH (Weymouth), George |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |