VILERMAULA (Villermola), LOUIS-MICHEL DE, prêtre, sulpicien, curé, né à Charmey (Suisse), décédé en France en 1757 ou 1758.

Vilermaula est un personnage énigmatique. Les références à son sujet sont superficielles, et il reste peu d’écrits de sa main si ce n’est des inscriptions dans les registres paroissiaux et quelques documents où il apposa sa signature en qualité de témoin. Il entra au séminaire de Saint-Sulpice à Paris le 27 novembre 1691 et arriva au Canada en juillet 1697. Selon toute évidence, il passa quelque temps à Montréal avant d’être nommé en 1702 à la paroisse voisine de Prairie-de-la-Madeleine (Laprairie). Vilermaula était un prêtre énergique et il s’employa à promouvoir les intérêts des jésuites, seigneurs de Prairie-de-la-Madeleine.

En 1704 et 1705, Vilermaula surveilla la construction d’une église de pierre à Prairie-de-la-Madeleine (Laprairie) ; elle venait remplacer l’ancienne chapelle de bois. Les événements qui survinrent dans la paroisse au cours de l’automne de 1704 sont consignés dans trois rares lettres de Vilermaula adressées aux membres de la Compagnie de Jésus au Canada. La construction d’une nouvelle église était un fardeau bien lourd pour les ressources de la paroisse, et Vilermaula envisagea la possibilité de la terminer à ses frais. En septembre 1704, les jésuites offrirent aux marguilliers de Prairie-de-la-Madeleine 800# en échange du droit de patronage. Si les jésuites, à titre de seigneurs, pouvaient être considérés comme les donateurs de l’église de pierre, ils auraient alors le droit de présenter à l’évêque les candidats de leur choix pour la cure. Vilermaula n’y vit aucune objection et il écrivit au père Pierre Raffeix*, procureur : « l’attachement que j’ay eu pour la Compagnie [de Jésus] fera que j’appuyerai votre dessein de toutes mes forces ». Vers la fin d’octobre, Vilermaula écrivit au père Pierre Cholenec*, supérieur des jésuites à Montréal : « il ne faudroit qu’un mot de votre bouche » pour obtenir le consentement du baron de Longueuil [Charles Le Moyne*] au transfert du droit de patronage.

Les paroissiens de Laprairie toutefois, contre toute prévision, s’opposèrent au père Cholenec et à la proposition des jésuites. Vilermaula en fut consterné et, en novembre, il déclara que ses paroissiens le blâmaient « pour les avoir poussé avec trop d’empressement ». Au dire des gens – même le marguillier en charge était du nombre – Vilermaula voulait seulement mettre la main sur l’argent des jésuites pour se dédommager. Vilermaula conseilla aux jésuites d’agir autrement à l’avenir « et de ne pas s’adresser a une multitude de gens grossiers et ignorans Comme on a fait, mais aux seuls marguilliers ». Quoi qu’il en soit les travaux de construction continuèrent et l’église fut inaugurée en 1705. Au cours de la même année, Vilermaula fut mêlé à la fondation d’un couvent à Laprairie, lequel fut confié aux sœurs de la Congrégation de Notre-Dame.

Le 29 septembre 1706, Vilermaula fut nommé curé de Lachine sur l’île de Montréal et il y demeura pendant 12 ans. On a dit qu’il était tombé dans l’eau glacée du Saint-Laurent en traversant le fleuve et que « les suites de cette chute l’ayant rendu sujet à des fréquentes maladies M. [Vachon*] de Belmont [supérieur du séminaire de Saint-Sulpice], le nomma curé de Lachine ». Il contribua au progrès de la paroisse avec le même zèle et la même générosité qu’il avait manifestés à Laprairie. Vilermaula construisit un nouveau presbytère à Lachine et, en 1712, comme l’écrivait Gédéon de Catalogne*, c’est aussi lui « qui y a facilité et contribué un establissement aux Sœurs de la Congrégation pour l’Instruction des Jeunes filles ».

Vilermaula fut rappelé en France par ses supérieurs en septembre 1718 ; c’est là qu’il mourut en mars 1757 ou 1758. On ne connaît à peu près rien de cette période de sa vie. Il quitta la Compagnie de Saint-Sulpice ; en réalité, d’après un correspondant anonyme, il fut renvoyé « à cause de ses attaches au jansénisme ». Si tel est le cas, on est bien forcé de constater que la conduite de Vilermaula à l’égard des jésuites de la Nouvelle-France en faisait un janséniste tout à fait hors de l’ordinaire.

Peter N. Moogk

L’auteur a en sa possession une lettre écrite par Louis-Michel de Vilermaula à Pierre Raffeix et datée du 20 sept. 1704.

ANQ, AP, Samuel Bouvard (Vilermaula à Bouvard, 10 nov. 1704) ; AP, Pierre Cholenec (Vilermaula à Cholenec, 26 oct. 1704).— ANQ-M, Greffe d’Antoine Adhémar, 3 juill. 1705 (actes notariés relatifs à l’établissement des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame à la Prairie-de-la-Madeleine) ; Juridiction de Montréal, 4, 10, 21 avril, 23, 28 mai 1711 (feuillets séparés).— Mémoire de Gédéon de Catalogne sur les plans des seigneuries et habitations des gouvernements de Québec, les Trois-Rivières et Montréal, BRH, XXI (1915) : 267.— Allaire, Dictionnaire.— Ivanhoë Caron, Listes des prêtres séculiers et religieux qui ont exercé le saint ministère en Nouvelle-France, (1691–1699), BRH, XLVII (1941) : 296.— Gauthier, Sulpitiana.— Gowans, Church architecture in New France, 131.— Lemire-Marsolais et Lambert, Histoire de la Congrégation de Notre-Dame, II : 113, 144 ; III : 34, 44, 57–60, 285.— BRH, IV (1898) : 223 ; cette question, posée par un lecteur, contient plusieurs renseignements sur Vilermaula qui sont difficiles à vérifier.  [p. n. m.].

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Peter N. Moogk, « VILERMAULA (Villermola), LOUIS-MICHEL DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vilermaula_louis_michel_de_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024