TROOP, HOWARD DOUGLAS, homme d’affaires, né le 10 juillet 1839 à Granville Ferry, Nouvelle-Écosse, fils de Jacob Valentine Troop* et de Catherine Fellows ; le 21 août 1862, il épousa à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Mary Ann McLauchlan (décédée en 1906), et ils eurent quatre filles et trois fils ; décédé dans cette ville le 1er avril 1912.
En 1840, Jacob Valentine Troop emmena sa famille à Saint-Jean, où il ouvrit un magasin général. Sept ans plus tard, après avoir acheté la moitié des actions d’un schooner de 60 tonneaux, il se lança dans le commerce avec les Antilles. Il eut ensuite de petits brigantins, mais après la baisse de rentabilité du commerce antillais dans les années 1860, il opta pour des navires de plus gros tonnage qui pouvaient traverser les océans. En 1860, Howard Douglas se joignit à l’entreprise – le lancement du Howard, cette année-là, marqua l’événement – et en 1864, il s’associa à la Troop and Son. Celle-ci était réputée pour la qualité de ses bâtiments et la compétence des capitaines ; chacun d’entre eux recevait un intérêt modeste dans les navires placés sous son commandement. À la mort de Jacob Valentine en 1881, Howard Douglas reprit la compagnie ; il la dirigerait jusqu’à sa mort en 1912.
Contrairement à la plupart des propriétaires de navires du Nouveau-Brunswick dans les années 1880 et 1890, Troop s’efforçait de moderniser sa flotte. Il fut parmi les premiers propriétaires canadiens à acheter un navire en fer, le Troop, en 1884, et le premier Néo-Brunswickois à posséder un trois-mâts barque en acier, le Nellie Troop, dont il fit l’acquisition en 1889. Il avait tenté aussi, en 1881, de mettre sur pied un service de vapeur entre Saint-Jean et Liverpool, en Angleterre, avec le Cedar Grove. Cependant, des pertes financières annulèrent ces initiatives audacieuses : de 1881 à 1900, la Troop and Son perdit 46 de ses navires. Comme ils n’étaient souvent pas assurés, la compagnie traversa de fort mauvaises passes. Ainsi, la perte du Cedar Grove survint seulement un an après son achat. En 1891, la perte du nouveau navire en acier Josephine Troop entraîna presque la faillite de la compagnie. Troop offrit à ses créanciers 0,25 $ par dollar. Dans la famille, on raconte que l’entreprise évita la faillite seulement parce qu’un gendre de Troop y investit massivement.
Troop avait plusieurs autres intérêts connexes dans les affaires. En 1871, il s’était associé à Charles H. Wright en tant que fournisseur d’équipement pour bateaux et marchand commissionnaire dans la rue Water. Dès 1875, les recettes brutes de la C. H. Wright and Company s’élevaient à 100 000 $ annuellement. En outre, tous deux mirent sur pied la Troop and Wright au quai Custom-House. Ils importaient du fer brut et raffiné, des boulons, du métal en feuilles, des ancres, des chaînes, des pointes et d’autres marchandises. Bien qu’elle ait été en concurrence avec plusieurs firmes plus anciennes, leur société occupait « une position de premier plan dans son domaine ». Néanmoins, il semble qu’elle fut liquidée peu après. En 1877, Troop exploitait rue Water, avec son beau-frère Charles McLauchlan, une entreprise d’approvisionnement maritime, la Troop and McLauchlan. Elle brûla dans le grand incendie de cette année-là, mais fut rebâtie et survécut près de 20 ans. En 1882, Troop appartenait au conseil d’administration d’une entreprise qui serait éphémère, la New Brunswick Steamship Company Limited ; en 1883, il en était vice-président et administrateur délégué. Au début des années 1890, il occupait la présidence de la Bay of Fundy Steamship Company Limited. Cette société, qui avait inauguré en 1881 un service régulier entre Saint-Jean et Digby, en Nouvelle-Écosse, mit fin à ses activités en 1899 ou en 1900.
En 1870, Troop faisait partie du groupe d’hommes d’affaires qui constitua juridiquement la Victoria Hotel Company of the City of Saint John. L’hôtel, décrit comme le meilleur au Canada, fut détruit dans l’incendie de 1877. Au fil des ans, Troop eut aussi des intérêts dans quatre compagnies d’assurance, deux compagnies de radoub, la Saint John Gymnasium Company, l’International Hotel Company of the City of Saint John, l’International Telegraph Company et la Telegraph Publishing Company of Saint John. Bien qu’il ait rarement assuré ses navires, trois de ces sociétés faisaient de l’assurance maritime. En outre, il était actionnaire de la Maritime Bank of the Dominion of Canada, qui cessa ses activités en 1887.
Troop faisait partie de plusieurs organisations civiques. Il était presque certainement le H. D. Troop, commis, qui figurait en 1866 à l’effectif du New Brunswick Regiment of Artillery en tant que canonnier. Membre de la congrégation méthodiste Centenary, il chantait dans la chorale, comme l’avait fait son père, et appartenait au comité de musique. Le fait qu’il ait été parmi ceux qui constituèrent juridiquement la Saint John Academy of Music en 1870 reflète d’ailleurs sa double passion pour la musique et les affaires. Au moment de la célébration du jubilé de la reine Victoria en 1887, il était membre du comité général et du comité des régates de la ville. De plus, il fut président de la Pilot Commission de Saint-Jean de 1879 à 1910 et membre à vie du Saint John Protestant Orphan Asylum. Lui-même et sa femme avaient une vie mondaine bien remplie ; les réceptions qu’ils donnaient dans leur maison de briques de style Second Empire au 70 de la rue Orange étaient réputées pour leur élégance et leur faste.
Dans les années 1890, la Troop and Son avait poursuivi ses activités de manière moins ambitieuse qu’auparavant. Son dernier navire, le Howard D. Troop, quatre-mâts en acier de 2 165 tonneaux construit en Écosse, fut terminé en 1892. Toutefois, la situation économique continua d’empirer. En 1904, dans une lettre à la veuve de David Lynch, qui avait construit beaucoup de navires pour les Troop, Howard Douglas nota : « les navires que nous exploitons et dans lesquels feu votre mari avait des intérêts sont d’un très piètre rapport et, en plus, ils se font vieux ». « J’ai vu le transport maritime [traverser] des périodes difficiles, poursuivait-il, et [j’ai] connu des expériences très dures, mais rien qui se rapproche de la situation présente, et [je] ne vois pas comment les choses pourraient aller mieux. » Ce fut dans ces circonstances qu’il vendit les bâtiments qui lui restaient, à l’exception de son homonyme, le Howard D. Troop. Après sa mort, le navire fut vendu à une entreprise de San Francisco. Mis en rade en 1921, il fut démembré en 1934. Sa figure de proue, qui représentait Troop, est maintenant exposée à bord du Balclutha au San Francisco Maritime National Historical Park.
On a surnommé Howard Douglas Troop « l’amiral de la plus grande flotte jamais rattachée à un port canadien ». À compter de 1860, un total de 96 navires avaient arboré le pavillon des Troop, un T rouge dans un losange blanc sur fond bleu. La compagnie cessa d’exister en 1912 et tous ses dossiers furent détruits. En 1967, les descendants de Troop posèrent une plaque sur l’ancien édifice de l’entreprise, au 162 de la rue Prince William. On peut y lire notamment que les navires des Troop « étaient réputés pour leur excellente conception, leur beauté et leur tenue dans tous les grands ports du monde entier pendant l’âge d’or de la voile ».
Partridge Island Research Project (Saint-Jean, N.-B.), Lynch family file, « List of vessels owned by David Lynch on November the 18th, 1889 » ; H. D. Troop à Mrs M. A. Lynch, 11 janv. 1905 ; Troop family file, photograph of Troop fleet plaque ; « The Troop family » (textes dactylographiés nos 1–2 d’après les albums de coupures de journaux de Helen G. Troop White, 1879–circa 1895).— Moncton Daily Times (Moncton, N.-B.), 15 sept. 1934.— Telegraph-Journal (Saint-Jean), 3 nov. 1967.— Annuaire, Saint-Jean, 1874–1897.— J. E. Belliveau et al., Iceboats to superferries : an illustrated history of Marine Atlantic (St John’s, 1992).— Esther Clark Wright, Saint John ships and their builders (Wolfville, N.-É., [1975]).— Early Saint John Methodism and history of Centenary Methodist Church, Saint John, N.B. ; a jubilee souvenir, G. A. Henderson, édit. (Saint John, 1890).— Historical records of the New Brunswick Regiment, Canadian Artillery, J. B. M. Baxter, compil. (Saint-Jean, 1896).— George Musk, Canadian Pacific : story of the famous shipping line (Toronto, 1981).— N.-B., Acts, 1864–1912.— Reflections of an era : portraits of 19th century New Brunswick ships, R. S. Elliot et A. D. McNairn, compil. (Saint-Jean, 1987).— Souvenir of the queen’s jubilee ; an account of the celebration at the city of Saint John, New Brunswick [...] (Saint-Jean, 1887).— St. John and its business : a history of St. John (Saint-Jean, 1875).— The Troop fleet in the days of sail ; exhibition arranged by the department of Canadian history, the New Brunswick Museum, 1960 ([Saint-Jean, 1960]).— F. W. Wallace, The romance of a great port ([Saint-Jean, 1935]).
Harold E. Wright, « TROOP, HOWARD DOUGLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/troop_howard_douglas_14F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
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