SPENCE, ROBERT, maître d’école, journaliste et homme politique, né en 1811, à Dublin (République d’Irlande), mort célibataire le 25 février 1868, à Toronto, Ontario.

Robert Spence immigra au Haut-Canada en 1836 et enseigna à l’école de Dundas, où son contrat avec le village en 1840 coïncida avec les débuts de l’instruction publique ; son salaire était de deux shillings par mois par élève. Pour augmenter ses revenus, il travailla, en plusieurs occasions, comme ouvrier au moulin à papier de Crook’s Hollow, près de Dundas, comme agent de commission et comme encanteur.

Le lancement du Dundas Warder and Halton County General Advertiser, le 24 avril 1846, marqua les débuts d’une nouvelle carrière pour Spence comme propriétaire et rédacteur en chef de journal. Le journal reflétait l’enthousiasme de Spence pour les principes libéraux et la réforme, et lui fut d’un soutien majeur dans sa carrière publique. Il demeura à sa tête jusqu’à 1859, sauf durant la période allant de 1849 à 1853, alors que Samuel I. Jones en fut propriétaire.

Une campagne éditoriale commencée en 1846 pour promouvoir l’érection de Dundas en municipalité atteignit son objectif, et les premières élections eurent lieu le 18 avril 1848. Spence était activement engagé dans ce mouvement et il fut élu conseiller municipal. Mais, dès le 17 novembre 1848, il s’attaquait dans ses éditoriaux aux autres conseillers, les traitant de « despotes » et les accusant « de tripotage ».

En 1850, Spence fut élu premier préfet des comtés réunis de Wentworth et de Halton. Durant son mandat de deux ans, il se fit mieux connaître et s’attira l’estime de ses administrés. James Durand, un ancien député, rapporta à Robert Baldwin*, en février 1850 : « Mr. Spence, notre préfet [...] a fait le discours du jour, qui était bien composé et bien pesé et qui, j’en suis sûr, a laissé une impression favorable à tous ceux qui l’ont entendu. » Spence se présenta aux élections législatives de 1854, comme candidat indépendant dans Wentworth North, où il l’emporta sur un autre réformiste par 506 voix contre 339.

Spence devint député à un moment crucial de l’évolution des partis politiques au Canada. Il proposa George-Étienne Cartier* comme orateur (président) de la chambre, démontrant ainsi d’une part son appui au gouvernement de Francis Hincks*, dont la chance était sur le point de tourner, et d’Augustin-Norbert Morin, et d’autre part son opposition aux Clear Grits de même qu’aux réformistes plus avancés. Le gouvernement de Hincks et de Morin tomba quelques jours après la convocation de la chambre, en septembre 1854, et un nouveau gouvernement fut formé par sir Allan Napier MacNab, un ultra-conservateur, qui s’était allié à Morin. Ce gouvernement de coalition reçut un appui important de la part des réformistes modérés, parmi lesquels se trouvait Spence qui fut nommé maître général des Postes et qui était considéré comme un représentant de la tendance modérée du cabinet.

En octobre 1854, le Hamilton Spectator décrit l’action de Spence comme une « lâcheté honteuse » et annonce que « la circonscription est trahie ». Aux yeux des gens, Spence apparaissait comme un réformiste indépendant qui avait marché avec les réformistes pendant dix ans ou plus et qui avait tourné casaque pour accepter un poste d’un tory, membre du « compact ». Pourtant, Spence pouvait répliquer, de façon fort crédible, qu’il s’était battu pour de bonnes mesures et non par fidélité à un parti, qu’il avait appuyé ceux qui adopteraient ces bonnes mesures dans leur législation et qu’il avait de tout temps voté dans le même sens que la majeure partie de ses collègues réformistes, bien que le mouvement fût scindé entre les modérés qui soutenaient le gouvernement d’un côté et les Clear Grits et les amis de George Brown* qui s’y opposaient, de l’autre. À l’élection partielle du début d’octobre 1854, rendue nécessaire par son accession à un ministère, Spence l’emporta sur William McDougall*, le rédacteur en chef clear grit du North American, par 542 voix contre 207.

Comme maître général des Postes, il semble que Spence ait été un administrateur compétent qui participa à la réorganisation de la fonction publique. Il poursuivit la politique de James Morris qui consistait à doter chaque hameau d’un bureau de poste ; il abolit les lourds affranchissements sur les journaux et améliora l’acheminement des mandats postaux et du courrier recommandé. Mais son adhésion au ministère de coalition, en 1854, lui avait attiré l’hostilité durable des Clear Grits, dont la puissance augmentait et qui, en 1855, lancèrent le Dundas Tribune and Wentworth Chronicle pour le combattre. Sa carrière politique prit fin en 1857, au moment de sa défaite par un Clear Grit, William Notman*. Quelques mois après sa défaite, Spence fut nommé receveur des douanes à Toronto et il occupa ce poste jusqu’à sa mort.

Paul Cornell

MTCL, Robert Baldwin papers, James Durand to Baldwin, 28 févr. 1850.— Dundas Warder and Halton County General Advertiser (Dundas, Ont.), 3, 31 juill. 1857.— Hamilton Gazette (Hamilton, Ont.), 29 juin–12 oct. 1854.— Hamilton Spectator, 26 juill., 4 août, 11, 12 sept. 1854, 3 déc. 1857.— Cornell, Alignment of political groups.— Dent, Last forty years.— The history of the town of Dundas, T. R. Woodhouse, compil. (3 vol., [Dundas, Ont.], 1965–1968).

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Paul Cornell, « SPENCE, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/spence_robert_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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