SMITH, WILLIAM OSBORNE, soldat, né vraisemblablement en 1833, fils aîné de W. H. Smith, de Hendreowen (comté de West Glamorgan, pays de Galles), décédé le 11 mai 1887 à Swansea, pays de Galles.

En 1855, William Osborne Smith fut nommé enseigne dans le 39e d’infanterie puis promu lieutenant, plus tard la même année. Il est à présumer qu’il se joignit au régiment en Crimée, pendant le siège de Sébastopol. Le 39e régiment fut l’un des cinq à être envoyés au Canada directement de la Crimée en 1856, à la suite de la controverse avec les États-Unis sur l’enrôlement militaire [V. Joseph Howe*]. En 1858, le lieutenant Smith épousa Janet Colquhoun de Montréal. L’année suivante, peu de temps avant que le régiment ne soit affecté aux Bermudes, il vendit sa commission et entra dans le « monde du commerce » à Montréal.

Le déclenchement de la guerre de Sécession amena une recrudescence du militarisme au Canada et Smith s’enrôla dans les forces volontaires. Il fut d’abord commandant d’une nouvelle compagnie, apparemment constituée en septembre 1861 et formellement reconnue par la suite, puis commandant, avec le grade de lieutenant-colonel, d’un bataillon formé non officiellement en décembre 1861, pendant la crise du Trent, et appelé dans la London Gazette du 22 janvier 1862 le 3e bataillon des Volunteer Militia Rifles. On permit plus tard au bataillon de se faire connaître officiellement sous le nom de Victoria Rifles, qu’il avait utilisé depuis le début. En décembre 1864, après le raid des sudistes mené à partir du Canada sur St Albans, Vermont [V. David Thurston], le gouvernement canadien fit appel à 30 compagnies de volontaires organisées en trois bataillons pour servir à la frontière. Smith fut chargé du 1st (Western) Administrative Battalion, qui demeura en poste sur la frontière, à Detroit, jusqu’en juillet 1865. En novembre 1865, quand on prit les premières mesures militaires d’envergure contre les Féniens, Smith fut nommé sous-adjudant général à l’état-major de la milice à Montréal. Il demeura en service permanent jusqu’en 1881.

Au plus fort des troubles suscités par les Féniens, soit au cours des raids de juin 1866 [V. Alfred Booker*], Smith commandait à la frontière au sud de Montréal. Le 5 juin, en compagnie des Victoria Rifles et d’autres troupes, il effectua, sur des routes abîmées par la pluie, une marche pénible de Hemmingford à Huntingdon, ce qui empêcha probablement une attaque des Féniens rassemblés à Malone, New York. Dans son rapport sur les opérations, le major général James Alexander Lindsay*, officier des troupes régulières commandant dans le Bas-Canada, décrivit Smith comme « un officier de grande valeur, énergique et actif ». Lors du raid fénien de mai 1870, Smith était encore commandant à la frontière de la province de Québec. Avant l’engagement d’Eccles Hill, le 25 mai, il avait posté sa petite troupe sur le terrain, quoiqu’il fût occupé à organiser des renforts au moment où des Féniens, sous la direction de John O’Neill*, traversèrent la frontière dans le but d’effectuer un raid et furent repoussés. Smith fut fait compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges pour ses services à cette occasion.

O’Neill tenta un autre raid le 5 octobre 1871, cette fois-ci contre le Manitoba. Les autorités des États-Unis déjouèrent ses plans, mais il était clair pour le gouvernement canadien que les forces militaires du Manitoba, c’est-à-dire deux compagnies, étaient insuffisantes. Des renforts de 200 hommes aux ordres du lieutenant-colonel Thomas Scott furent organisés à la hâte et envoyés par la difficile route Dawson. À la même époque, on autorisa la création d’un nouveau district militaire (le n10) ayant son quartier général à Winnipeg, et on envoya Smith en prendre charge. Utilisant les chemins de fer américains, il arriva le 27 octobre. L’hiver s’installait déjà ; Smith réunit un groupe de voyageurs et partit aider les troupes de Scott qui se débattaient dans des voies d’eau à moitié gelées. Il les rencontra à l’embouchure de la rivière La Pluie, et l’expédition marcha à travers les glaces de la rivière Rouge pour atteindre enfin Winnipeg le 18 novembre.

Durant quelques années, des effectifs militaires assez considérables – au début 300 hommes, incluant un détachement d’artillerie – furent maintenus en permanence sous le commandement de Smith à Winnipeg. On y construisit un nouveau poste qu’on nomma fort Osborne, sans doute à cause de Smith. Même si elle n’utilisait pas de chevaux, la garnison fit sentir son influence sur une vaste région. En 1874, Smith prit la tête d’une colonne de plus de 100 hommes et marcha jusqu’aux lacs de la rivière Qu’Appelle (lacs Fishing), à 351 milles à l’ouest de Winnipeg, afin de fournir une garde aux commissaires qui négociaient le traité n4 avec les Cris et les Sauteux. Cet été-là, cependant, la mise sur pied de la Police à cheval du Nord-Ouest facilita de telles tâches, et la garnison permanente de Winnipeg fut finalement démantelée en 1877. Smith demeura en charge du district militaire n10 jusqu’en 1881, année où il prit sa retraite de l’état-major de la milice, ayant encore le grade de lieutenant-colonel, et, semble-t-il, sans retirer de pension.

Lors de la rébellion du Nord-Ouest en 1885 [V. Louis Riel], Smith leva le Winnipeg Light Infantry Battalion. Cette unité fut envoyée à Calgary rejoindre l’Alberta Field Force commandée par le major général Thomas Bland Strange*. Smith signa quelques télégrammes précisant qu’il « commandait la brigade d’infanterie », mais on ne semble pas faire référence à ce titre nulle part ailleurs. Sous la direction de Smith, le Winnipeg Light Infantry Battalion prit part aux opérations de la colonne de Strange, y compris l’engagement peu concluant de Butte-aux-Français (Frenchman Butte) ; Strange relate que Smith lui conseilla d’interrompre le combat et de se retirer, ce qu’il fit. À la fin de la campagne, Smith aurait subi une blessure dont il ne se remit jamais tout à fait.

Smith se présenta, mais sans succès, aux élections générales manitobaines de 1886 dans la circonscription de Morris ; il avait aussi connu un échec à Winnipeg lors des élections fédérales de 1882, ayant été défait par Thomas Scott. Au printemps de 1887, il se rendit dans son pays natal de Galles où il mourut ; sa femme était déjà décédée. Edward Osborne Smith, leur fils, servit en qualité d’officier dans l’armée britannique. William Osborne Smith fut sans aucun doute un officier de talent et un personnage d’une assez grande importance dans les débuts de l’histoire des forces militaires professionnelles au Canada.

C. P. Stacey

APC, RG 9, Militia general orders, 1862–1881.— Canada, Parl., Sessional papers, 1867–1878 (rapports sur l’état de la milice) ; 1886, V, n6a.— Canada, prov. du, Parl., Sessional papers, 1866, II, n4.— Morris, Treaties of Canada with the Indians.— Telegrams of the North-West campaign, 1885, Desmond Morton et R. H. Roy (Toronto, 1972).— Manitoba Daily Free Press, 16 mai 1887.— Montreal Gazette, 17, 18, 20 déc. 1861, 14 janv. 1862, 20–29 déc. 1864, 3 janv. 1865.— Times (Londres), 20 mai 1887.— The annual register : a review of public events at home and abroad (Londres), 1887.— Dominion annual register, 1886.— Hart’s army list, 1859.— C. T. Atkinson, The Dorsetshire regiment : the thirty-ninth and fifty-fourth Foot and the Dorset Militia and Volunteers (2 vol., Oxford, Angl., 1947), I.— Desmond Morton, Ministers and generals : politics and the Canadian militia, 1868–1904 (Toronto et Buffalo, N. Y., 1970).— T. B. Strange, Gunner Jingo’s jubilee : an autobiography (3e éd., Londres, 1896).— C. P. Stacey, « The military aspect of Canada’s winning of the west, 1870–1885 », CHR, 21 (1940) : 1–24 ; « The second Red River expedition, 1871 », Canadian Defence Quarterly (Ottawa), 8 (1930–1931) : 199–208.

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C. P. Stacey, « SMITH, WILLIAM OSBORNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/smith_william_osborne_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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