ROBERTSON-ROSS, PATRICK, soldat et adjudant général de la milice, né le 19 mai 1828 en Écosse, deuxième fils de lord Patrick Robertson, juge et homme d’esprit, et de Mary Cameron Ross ; en 1851, il épousa Amelia Ann Maynard, et ils eurent au moins un fils ; décédé le 23 juillet 1883 à Boulogne, France.

Patrick Robertson fit ses études à Édimbourg, puis s’enrôla comme caporal dans les Capetown Rifles à l’âge de 19 ans ; il fut nommé enseigne le 7 avril 1848. Après avoir servi dans l’armée active pendant la guerre des Cafres, Robertson se distingua lors de la guerre de Crimée où on le nomma aide de camp du major général sir William Eyre. En 1856, ce dernier vint au Canada prendre le commandement des troupes britanniques et Robertson, alors promu au grade honoraire de major, continua de servir sous ses ordres comme aide de camp du 29 juillet 1856 au 1er mai 1858, quoique à demi-solde à partir du 3 avril 1857. Il retourna en Grande-Bretagne en 1858, mais revint au Canada six ans plus tard avec le grade honoraire de lieutenant-colonel pour prendre part à la lutte contre les Féniens. À la mort de son oncle, le général Hugh Ross, le 24 juin 1864, Robertson hérita de ses biens en Écosse et ajouta le nom de son oncle au sien. Le 6 mai de l’année suivante, il acheta un grade de lieutenant-colonel et reprit du service dans un bataillon stationné au dépôt en Angleterre.

L’expérience que Robertson-Ross avait acquise dans l’entraînement des troupes de milice dans les dépôts en Angleterre et les relations qu’il s’était faites au Canada peuvent expliquer sa nomination comme adjudant général de la milice canadienne, à demi-solde, le 9 mai 1869. Pour parer à la menace des Féniens et au retrait prochain de la garnison impériale, sir George-Étienne Cartier*, premier titulaire du ministère de la Milice et de la Défense, avait présenté la loi de la milice en 1868. Cette loi autorisait une levée en masse afin de constituer une milice de réserve, nécessitant donc l’enregistrement de tous les hommes valides âgés de 18 à 60 ans ; elle prévoyait également une milice active de 40 000 volontaires qui auraient une période annuelle d’entraînement de 8 à 16 jours. Si les volontaires se présentaient en nombre insuffisant pour servir dans cette milice active, les autorités pouvaient procéder à un tirage au sort dans le but d’obtenir les effectifs voulus. Au moment de l’arrivée de Robertson-Ross, un adjudant général adjoint canadien, le lieutenant-colonel Walker Powell*, avait mis sur pied la milice active et organisé la sélection des officiers dans chaque district régimentaire (qui correspondait à chaque circonscription électorale), ainsi que la poursuite de leur entraînement dans des écoles militaires associées à la garnison britannique, comme cela s’était fait dans l’ancienne province du Canada.

Dans son premier rapport annuel, Robertson-Ross comparait la structure mise en place par la loi canadienne de la milice avec les dispositifs qui avaient permis la victoire des nordistes dans la guerre civile américaine et celle des Prussiens dans la guerre austro-prussienne. Se souvenant de sa propre expérience en Afrique du Sud, il recommanda d’entraîner la cavalerie canadienne comme une infanterie à cheval et mit en garde les autorités contre une réduction du cadre fixe des majors de brigade qu’il considérait comme les officiers clés dans l’organisation de la milice. Le nouveau système fut mis à l’essai peu après l’entrée en fonction de Robertson-Ross qui arma quelques unités de miliciens et des canonnières sur les Grands Lacs à la suite des menaces de raids des Féniens en octobre 1869 et en avril 1870. Ce même mois, on lui demanda de fournir une escorte de 750 miliciens pour accompagner le colonel Garnet Joseph Wolseley* et des soldats de l’armée régulière britannique envoyés pour mater la rébellion de la Rivière-Rouge [V. Louis Riel]. Le lieutenant général James Alexander Lindsay*, qui était venu au Canada pour préparer le retrait de la garnison britannique et qui organisa le corps expéditionnaire, rapporta que, s’il n’en avait tenu qu’à Robertson-Ross, ce corps n’aurait été qu’« à moitié équipé ». Le rôle de la milice dans la campagne de l’Ouest et le fait qu’elle réussit à faire échec aux raids des Féniens en 1870, sans l’aide de la garnison britannique concentrée à Québec en vue de son retrait, incitèrent Robertson-Ross à affirmer que le Canada avait « résolu le problème de la mise sur pied d’une armée de réserve ». Puisque, disait-il, un adjudant général n’était qu’un officier d’état-major appelé à exécuter les instructions concernant l’exercice, la discipline et l’autorité dans son ensemble, sous les ordres d’un officier général commandant d’armée, et que la milice constituait maintenant l’armée canadienne, il demanda d’être promu au grade de major général et d’officier général commandant. Mais, bien que Cartier semblât apparemment prêt à lui accorder cette promotion, Lindsay fit un rapport défavorable sur lui au ministère de la Guerre, et sir John Alexander Macdonald* laissa tomber par la suite la proposition. En 1871, Robertson-Ross établit à Kingston et à Québec des batteries permanentes d’artillerie destinées à servir d’écoles de tir pour la milice. Cette armée eut une nouvelle occasion de se faire valoir en 1871, année où un petit contingent réussit à se rendre à Upper Fort Garry (Winnipeg) sans l’aide des troupes britanniques. Cependant, comme la menace des Féniens diminuait, un quart des volontaires venus de tous les coins du pays ne se rengagèrent pas.

En 1872, dans son rapport annuel, Robertson-Ross donnait un compte rendu détaillé de la situation de la milice. Il y relatait aussi son périple en Colombie-Britannique, voyage qu’il avait effectué en sol canadien accompagné seulement de son fils de 16 ans et de quelques guides. À Upper Fort Garry, il avait fait en sorte que l’uniforme de la milice passât du vert au rouge, afin de rassurer les Indiens dont les troupes régulières britanniques avaient gagné la confiance. Il donna son avis sur les problèmes suscités chez les Indiens par la contrebande du whisky et les vols de chevaux, et recommanda l’établissement d’une force armée de 550 soldats et d’une chaîne de postes militaires protégeant ces territoires, plutôt que la mise sur pied d’un simple corps de police composé de civils. En Colombie-Britannique, il prit des dispositions pour la constitution d’une milice. Ce rapport montre qu’en dépit de ses propos rassurants, Robertson-Ross s’inquiétait de la manière dont on percevait la milice en général ; à Québec, par exemple, plusieurs unités ne s’étaient pas entraînées en 1872 et, bien qu’il fit l’éloge de l’esprit militaire des Canadiens français, il admettait qu’il faudrait peut-être procéder à un tirage au sort dans certains districts. Il rencontra Macdonald en décembre pour discuter de ses conclusions et, au printemps de 1873, après la publication de son rapport, le gouvernement présenta une loi prévoyant la création d’institutions judiciaires dans les Territoires du Nord-Ouest, mais aussi la création d’une force armée qui allait devenir la Police à cheval du Nord-Ouest.

En 1873, à la mort de Cartier, son protecteur, Robertson-Ross demanda promptement plus de « service actif » et réintégra les troupes au dépôt en Angleterre, puis en Écosse ; en 1880, il prit sa retraite avec le grade de major général. Un nouveau gouverneur général, lord Dufferin [Blackwood*], était arrivé au Canada près d’un an avant le départ de Robertson-Ross ; il dit d’abord du bien du militaire, mais déclara par la suite qu’il manquait d’efficacité. Le gouverneur avait entendu raconter que Robertson-Ross devait son grade au penchant que Cartier avait pour sa jolie femme et il rapporta au ministre des Colonies que sir John Young* avait dû ordonner péremptoirement à Robertson-Ross de ne pas pendre sans autre forme de procès les Féniens qu’il faisait prisonniers. Cependant, les écoles d’artillerie qu’il avait mises sur pied, ses suggestions quant à l’extension de l’entraînement qui présageaient l’ouverture du collège militaire royal du Canada à Kingston, en 1876, ainsi que sa recommandation de créer un poste d’officier général commandant, grade que l’on conféra à son successeur, le major général sir Edward Selby Smyth, montrent que Robertson-Ross connaissait les besoins du Canada dans le domaine militaire. Mais un officier tel que Robertson-Ross, qui était sorti du rang parce qu’il avait commandé en première ligne de bataille dès le début de sa carrière et qu’il avait entretenu par la suite des relations avec des autorités militaires et civiles influentes, n’avait pas les qualités pour mener à bien des réformes militaires majeures ; toutefois, ses successeurs, de condition et d’un rang supérieurs, ne connurent guère plus de succès.

Richard A. Preston

Patrick Robertson-Ross est l’auteur du « Report of a reconnaissance of the north-west provinces and Indian territories of the Dominion of Canada [...] », Royal United Service Institution, Journal (Londres), 17 (1873) : 543–567.

Canada, Dép. de la Milice et de la Défense, Report on the state of the militia (Ottawa), 18681875.— Gentleman’s Magazine and Hist. Rev. (Londres), 197 (janv.–juin 1855) : 194 ; 217 (juill.–déc. 1864) : 392s. ; 218 (janv.–juin 1865) : 632.— DNB (entrée à Patrick Robertson).— Hart’s army list, 1853–1883.— Desmond Morton, Ministers and generals, politics and the Canadian militia, 1868–1904 (Toronto et Buffalo, N. Y., 1970).

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Richard A. Preston, « ROBERTSON-ROSS, PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_ross_patrick_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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