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PROVENCHER (Villebrun, dit Provencher), JOSEPH-ALFRED-NORBERT (baptisé Joseph-Albert), avocat, journaliste et fonctionnaire, né à Baie-du-Febvre (Baieville, Québec), le 6 janvier 1843, fils de Godfroi Villebrun, dit Provencher, cultivateur, et de Placide Lafrance ; le 24 mai 1876, il épousa, à Québec, Louise Delagrave ; décédé à Montréal le 28 octobre 1887.
Ayant perdu son père très jeune, Joseph-Alfred-Norbert Provencher fit ses études classiques au séminaire de Nicolet, de 1851 à 1859, grâce au concours de son oncle, Mgr Joseph-Norbert Provencher*, évêque de Saint-Boniface (Manitoba). À sa sortie du collège, il fit un stage en droit chez William McDougall, avocat de Trois-Rivières. Vers 1862, il fonda l’éphémère journal la Sentinelle (Trois-Rivières), tout en poursuivant ses études de droit. Admis au Barreau de Montréal le 30 avril 1864, il n’exerça pas immédiatement sa profession d’avocat, puisque déjà la carrière de journaliste semblait l’attirer davantage ; ainsi, il entra comme rédacteur de nuit à la Minerve. Selon un contemporain, le journaliste Léon Ledieu, à son arrivée, on se demanda ce que pouvait venir faire dans un bureau de rédaction « ce grand et gros garçon, à la tête étrange, aux mains d’hercule, mal habillé, épais d’allures, et à la chevelure énorme, taillée en broussailles ». Avec les écrivains Napoléon Bourassa*, Joseph Royal* et quelques autres, il participa, la même année, à la fondation de la Revue canadienne ; il y publia plusieurs articles fouillés sur des sujets comme les questions constitutionnelles ou l’économie politique. Il occupa également, pendant un certain temps, le poste de secrétaire du cercle littéraire rattaché au Cabinet de lecture paroissial.
En 1867, le parti conservateur désigna Provencher comme candidat aux élections fédérales dans le comté d’Yamaska, forteresse du parti libéral. Défait de justesse par le candidat « rouge » Moïse Fortier, il continua d’occuper le poste de rédacteur en chef de la Minerve, lequel lui avait été confié après le départ d’Évariste Gélinas* en 1866. Il quitta le journal en 1869, année où on le nomma secrétaire de William McDougall*, homme politique ontarien et nouveau lieutenant-gouverneur des Territoires du Nord-Ouest dont l’achat venait d’être négocié à Londres. Précédant McDougall, il se rendit en octobre 1869 dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) pour faire reconnaître l’autorité du gouvernement de sir John Alexander Macdonald* sur ce territoire. Arrêté et incarcéré dès son arrivée à Saint-Norbert, le 1er novembre, Provencher expliqua à ses ravisseurs, dont Louis Riel, que le parlement impérial de Londres avait autorisé la cession des territoires au Canada et que la chambre des Communes du Canada, en accord avec la Hudson’s Bay Company, avait convenu des conditions de ce transfert de juridiction. Relâché au bout d’une journée, puis escorté par les troupes de Riel jusqu’à Pembina (West Lynne, Manitoba), il dut se réfugier en terre américaine. De là, McDougall, qui avait vainement tenté de pénétrer lui aussi dans la colonie, l’obligea à rédiger des proclamations enjoignant aux Métis de rendre leurs territoires ; on apprit plus tard que ces mesures étaient arbitraires et qu’elles n’avaient aucune valeur légale.
Après le retour de McDougall à Ottawa et le rétablissement de l’ordre à la Rivière-Rouge, Provencher, revenu supposément au Canada en 1870, occupa la fonction de commissaire de l’immigration au Manitoba pour le compte du département de l’Agriculture du Canada en octobre de l’année suivante. En 1872, on lui confia la tâche de représenter le gouvernement canadien à Paris, afin d’encourager l’immigration française au Canada. L’année suivante, il quitta Paris pour revenir au Manitoba à titre de commissaire du département des Affaires indiennes du Canada, poste qu’il conservera jusqu’en 1876. Ses responsabilités consistaient à conclure des traités avec quelques nations indiennes en vue d’acquérir leurs terres, moyennant certaines compensations, dont de l’argent. C’est ainsi qu’il fit partie avec Simon James Dawson* d’une commission dirigée par Alexander Morris, qui obtint, en 1873, des Sauteux du lac des Bois la cession de toutes leurs terres au gouvernement du Canada. Après avoir quitté le département des Affaires indiennes, Provencher pratiqua le droit et le notariat à Winnipeg, en société avec Michel Carey. En 1877, il fut nommé représentant du collège de Saint-Boniface au conseil de l’université de Manitoba. Deux ans plus tard, il tenta sa chance aux élections provinciales sous la bannière du parti gouvernemental dans le comté de Saint-Boniface ; le scrutin ne lui donna que quatre voix contre 127 pour son adversaire, Alphonse-Alfred-Clément La Rivière*. À la suite de cet échec, il songea donc à reprendre la plume.
Revenu à Montréal en 1880, Provencher travailla de nouveau au journal la Minerve que dirigeait son ami Joseph Tassé*. Par la suite, il fit un bref séjour comme rédacteur en chef au Monde, en 1883, et à la Presse, de 1884 à 1885. Il collabora aussi au Figaro (Montréal), en 1883, puis aux Nouvelles Soirées canadiennes en 1884, et finalement à la Minerve, de 1885 à 1887. Après une brève maladie, il mourut à Montréal, dans sa quarante-cinquième année, laissant le souvenir d’un journaliste d’une trempe supérieure, doublé d’un administrateur consciencieux et intègre. Comme le faisait remarquer Léon Ledieu, « Provencher était le dernier de la génération des Dansereau, des Decelles et des Dunn ».
Comme journaliste, Joseph-Alfred-Norbert Provencher a écrit sur des sujets aussi variés que la constitution britannique, le crédit foncier, le recensement agricole du Bas-Canada et l’industrie du papier ; on retrouve ses articles dans plusieurs journaux et revues, dont la Rev. canadienne, 1864–1869, la Minerve, 1864–1869, 1880–1887, le Monde, 1883, et la Presse, 1884–1887. [k. l.]
ANQ-Q, AP-G-134.— Morris, Treaties of Canada with the Indians.— Le Canadien, 2 nov. 1887.— L’Événement, 22 avril 1870.— La Minerve, 29 oct. 1887.— Le Monde, 29 oct. 1887.— Le Monde illustré (Montréal), 12 nov. 1887.— La Presse, 29 oct. 1887.— Beaulieu et J. Hamelin, La presse québécoise, II : 20 ; III : 51, 71.— A.-G. Morice, Dictionnaire historique des Canadiens et des Métis français de l’Ouest (Québec et Montréal, 1908).— J.-A.-I. Douville, Histoire du collège-séminaire de Nicolet, 1803–1903, avec les listes complètes des directeurs, professeurs et élèves de l’institution (2 vol., Montréal, 1903).— Stanley, Birth of western Canada ; Louis Riel.— L. H. Thomas, The struggle for responsible government in the North-West Territories, 1870–97 (Toronto, 1956).— Donatien Frémont, « Alfred-Norbert Provencher, 1843–1887 », SRC Mémoires, 3e sér., 51 (1957), sect. i : 29–41.
Kenneth Landry, « PROVENCHER (Villebrun, dit Provencher), JOSEPH-ALFRED-NORBERT (baptisé Joseph-Albert) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/provencher_joseph_alfred_norbert_11F.html.
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Auteur de l'article: | Kenneth Landry |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |