PRÉVOST, OSCAR (baptisé Amable-Oscar-Alexandre), avocat et officier de milice, né le 9 mai 1845 à Montréal, fils d’Amable Prévost et de Rosalie-Victoire Bernard ; le 25 mai 1874, il épousa à Québec Louise-Élizabeth Juchereau Duchesnay, fille majeure d’Édouard-Louis-Antoine-Charles Juchereau Duchesnay, adjudant général adjoint de la milice du Bas-Canada et homme politique, et ils eurent six enfants ; décédé le 16 septembre 1895 au même endroit.

Fils d’un marchand à l’aise, peut-être riche, Oscar Prévost fit ses études classiques chez les jésuites, au collège Sainte-Marie, à Montréal, puis il entreprit l’étude du droit. Après son stage de clerc dans le cabinet de George-Étienne Cartier*, on l’admit au barreau le 30 octobre 1866. Il pratiqua ensuite sa profession en société avec Joseph-Adolphe Chapleau mais, en 1870, son intérêt pour la vie militaire l’amena à réorienter sa carrière. Déjà, en 1866, il avait joint le 4e bataillon (Chasseurs canadiens) avec le grade de lieutenant et servi le long de la frontière, à cause de l’agitation fénienne [V. John O’Neill*]. Promu capitaine en 1869, il joignit l’année suivante le 8th Battalion of Rifles (Stadacona Rifles) et participa à l’expédition chargée de ramener la paix dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) [V. Garnet Joseph Wolseley*]. Il demeura en poste à cet endroit jusqu’en 1872. Affecté ensuite à la batterie d’artillerie stationnée à Québec, il en fut l’adjudant du mois d’août 1873 au mois de février 1880. Promu major le 10 juillet 1879, il obtint le grade de lieutenant-colonel le 26 novembre 1894.

En décembre 1879, le gouvernement fédéral avait pris la décision d’implanter une cartoucherie à Québec, parce que la milice dépendait de l’Angleterre pour son approvisionnement en cartouches pour la carabine Snider-Enfield et que la compagnie de poudre de Hamilton, en Ontario, avait refusé d’en entreprendre la fabrication. On choisit d’établir l’usine à Québec même : elle y serait bien protégée, cette ville jouissait de très bonnes facilités de communication, elle était plus éloignée de la frontière américaine que Kingston, en Ontario, et le parc de l’Artillerie, où logeaient les troupes britanniques avant leur retrait d’Amérique du Nord en 1871, pourrait l’accueillir, sans qu’il soit nécessaire de construire de toutes pièces de nouveaux bâtiments.

Chargé d’ouvrir la cartoucherie, le major Prévost reçut mission de se rendre au Royal Arsenal de Woolwich (Londres), au printemps de 1880, afin de s’initier à la fabrication des cartouches. Il en profita pour acheter la machinerie nécessaire chez Greenwood and Batley, de Leeds. De retour à Québec le 21 avril 1881, il eut, à titre de surintendant de la cartoucherie, à résoudre toutes sortes de difficultés techniques avant même que l’équipement ne soit prêt à fonctionner. Finalement, la production put commencer à l’automne de 1882. Cette année-là, Prévost entreprit aussi la rénovation des bâtiments destinés à accueillir le laboratoire aux Cove Fields (aujourd’hui les plaines d’Abraham). C’est à cet endroit que l’on devait effectuer les opérations de remplissage et d’assemblage des cartouches en raison des dangers d’explosion qu’elles présentaient. Il fallut aussi choisir un endroit propice aux essais de tir destinés à vérifier la qualité des cartouches.

Durant les 14 années qu’il passa à la tête de la cartoucherie de Québec, Prévost dut s’occuper de toutes les facettes de l’entreprise. Ainsi il veilla à l’administration avec un personnel réduit à sa plus simple expression. Il dut se soucier aussi de la conservation de bâtiments construits pour d’autres fins, bien des années auparavant. L’approvisionnement de la cartoucherie en équipement et en matières premières, en poudre surtout, lui causa des difficultés sérieuses à certains moments. En 1884, par exemple, il s’écoula huit mois avant qu’il ne reçoive livraison de la commande passée à Woolwich. À cause des dangers d’explosion, les transporteurs maritimes se montrèrent aussi très réticents à acheminer au Canada et à décharger dans le port de Québec les fulminates nécessaires à la fabrication des cartouches. Prévost dut même en faire produire au Canada.

La fabrication des cartouches constituait évidemment la responsabilité fondamentale de Prévost. Or, il s’agissait d’un travail « difficile et compliqué », qui comportait plus de 50 opérations diverses, surtout de nature mécanique, et qui, en plus d’être délicat, exigeait une poudre de qualité, exempte d’humidité. Pas étonnant qu’il y ait eu parfois des critiques, notamment pendant les troubles du Nord-Ouest en 1885 [V. Louis Riel*], au moment où la production dut augmenter : plus de 1,5 million de cartouches en deux mois, soit 450 000 de plus que pour toute l’année précédente, avec 150 travailleurs, soit une centaine de plus qu’aux temps forts antérieurs. Une commission d’enquête, instituée à la demande de Prévost, mit en cause la qualité de la poudre utilisée et non celle du travail exécuté à la cartoucherie. Un autre comité était déjà arrivé à la même conclusion quelques années auparavant. Prévost eut d’ailleurs toujours le souci d’améliorer et de perfectionner l’équipement dont il se servait, comme en témoignent ses rapports annuels ainsi que ses propres inventions, tels la machine à clavette et le chargeur à cartouches. Son labeur lui valut en définitive plus d’éloges que de reproches.

Sous la direction de Prévost, la production de la cartoucherie évolua au fil des années. Un développement important eut lieu en 1887 avec l’addition d’une fonderie qui permit d’entreprendre la fabrication de quatre différents obus : le projectile plein et le projectile à billes, soit de 9 livres ou de 64 livres. En 1891, trois ans après que Prévost eut voulu qu’on s’y prépare, on entreprit la fabrication de la cartouche destinée au fusil Martini-Metford. L’année suivante, on commença à faire les changements nécessaires pour la fabrication de la cartouche .303 pouce, laquelle devint en 1895 – la dernière année où Prévost serait à la tête de la cartoucherie – le principal objet de fabrication de l’usine, puisque l’on avait abandonné la production de la cartouche Snider l’année précédente.

C’est à Oscar Prévost que revient le mérite d’avoir mis sur pied la cartoucherie de Québec et d’avoir assuré la poursuite de son exploitation pendant près de 15 ans. L’établissement lui survécut et fournit du travail à des milliers de citoyens de la ville et de la banlieue de Québec jusqu’à sa fermeture, en 1964. L’arsenal de Valcartier, terminé en 1939, prit dès lors en charge toute la fabrication des munitions dans la région de Québec.

Jean-Pierre Gagnon

AN, RG 9, II, A1.— Canada, chambre des Communes, Débats, 1882–1895 ; Parl., Doc. de la session, 1880–1895 (rapports annuels du dép. de la Milice et de la Défense).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2 : 612.— P.-G. Roy, la Famille Juchereau Duchesnay (Lévis, Québec, 1903), 309–314.— L’Arsenal de Québec, 1880–1945 (Québec, 1947).— Les Travailleurs de l’Arsenal de Québec, 1879–1964 (Ottawa, 1980).

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Jean-Pierre Gagnon, « PRÉVOST, OSCAR (baptisé Amable-Oscar-Alexandre) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/prevost_oscar_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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