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PELTIER (Pelletier), TOUSSAINT, officier de milice, avocat, patriote et fonctionnaire, né le 7 novembre 1792 à Montréal, fils de Toussaint Peltier, marchand, et d’Élisabeth Lacoste ; le 11 juillet 1820, il épousa à Montréal Émilie Hérigault (décédée en 1840), et ils eurent plusieurs enfants dont au moins deux atteignirent l’âge adulte ; décédé le 20 août 1854 dans la même ville.
Toussaint Peltier appartenait à la septième génération de la famille des Peltier. L’ancêtre, Guillaume Peltier, avait immigré en Nouvelle-France vers le milieu du xviie siècle. L’un de ses descendants, Toussaint Peltier, natif de Kamouraska, se maria à Montréal en 1791. Son fils homonyme était l’aîné de ses trois enfants. Il étudia au collège Saint-Raphaël de 1802 à 1806, puis au petit séminaire de Montréal de 1806 à 1811. Cette dernière année, il commença son stage de clerc chez Joseph Bédard, frère de Pierre-Stanislas Bédard*, considéré comme l’un des premiers avocats de son temps. Au cours de la guerre de 1812, il servit comme lieutenant dans le 2e bataillon de milice de la ville de Montréal, commandé par le lieutenant-colonel Jacques Hervieux et dont l’un des capitaines était Louis-Joseph Papineau*.
Admis au barreau le 23 août 1816, Peltier ne tarda pas à établir l’autorité de son nom. Ses profondes connaissances juridiques lui valurent d’attirer une clientèle nombreuse et variée qu’il conserva toute sa vie ; parmi ses clients figuraient la plupart des institutions civiles et religieuses de la ville de Montréal. Il fut peu à peu chargé des affaires contentieuses les plus importantes. En 1833, il prit comme associé Joseph Bourret, de dix ans son cadet, qui sera maire de Montréal. Il compta plusieurs clercs, entre autres, Charles-Ovide Perrault, futur député de la circonscription de Vaudreuil à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, qui mourra des suites de ses blessures reçues à Saint-Denis, sur le Richelieu, en novembre 1837, et Melchior-Alphonse de Salaberry*, fils de Charles-Michel d’Irumberry* de Salaberry, héros de la bataille de Châteauguay. À l’époque des troubles, il était devenu l’un des avocats les plus en vue de Montréal.
Peltier prit une part active au mouvement de 1837, mais s’en tint à des moyens constitutionnels pour assurer le succès de la cause patriote. Fidèle à la politique de boycottage des produits britanniques préconisée par Papineau, il présida plusieurs assemblées publiques où il paraissait habillé d’étoffe du pays, comme Édouard-Étienne Rodier*, avocat et député de la circonscription de L’Assomption. Il assista avec un autre avocat, Côme-Séraphin Cherrier*, à l’assemblée de Saint-Laurent, dans l’île de Montréal, en mai, puis à celle de Saint-Constant, près de Laprairie (La Prairie) en août de la même année. Il fut écroué pour haute trahison le 1er décembre suivant. William Walker* livra en son nom une dure bataille juridique en vue d’obtenir ou bien un procès ou bien sa remise en liberté par ordonnance d’habeas corpus. Peltier passa plus de huit mois en prison, faillit y laisser la vie et n’en sortit que moyennant un cautionnement de £1 000, le 8 juillet 1838.
Après la rébellion, Peltier revint à l’exercice de sa profession. Le 2 octobre 1844, il fut nommé conseiller juridique de la ville de Montréal, charge qu’il occupa jusqu’en 1851. Le 14 mai de cette année-là, le conseil municipal, sur les instances de ses membres de langue anglaise, lui désigna un adjoint, Robert Abraham, ancien journaliste militant admis au barreau deux ans auparavant. Piqué au vif de se voir associer un personnage de cette envergure, Peltier se dit humilié que le conseil ait fait pareille nomination à son insu et il remit sa démission à John Ponsonby Sexton*, greffier de la ville, le 4 juin suivant. Peu après, le conseil, à l’instigation de l’échevin Édouard-Raymond Fabre, lui nomma comme successeur Joseph-Feréol Peltier, son neveu et gendre, qui avait été admis au barreau en 1834, et Toussaint Peltier en fut satisfait.
Tout au long de sa carrière d’avocat, l’opinion publique reconnut les qualités exceptionnelles de Peltier et les autorités lui rendirent à plusieurs reprises les honneurs qu’il méritait. C’est ainsi qu’on lui proposa le titre de conseiller de la reine et un poste de juge. Il refusa la première offre et, en 1849, il déclina avec Cherrier la seconde. Il manifesta chaque fois son indépendance de caractère, peut-être par ressentiment de l’internement que le gouvernement lui avait fait subir en 1837 et 1838. Lors de la constitution juridique du Barreau du Bas-Canada en 1849, Peltier eut l’honneur d’être choisi à l’unanimité par ses confrères comme premier bâtonnier du district de Montréal. Réélu à cette charge en 1850 et 1851, il siégea au conseil du barreau en 1852 et 1853 ; en 1852, il avait aussi accepté de siéger au bureau des examinateurs du barreau de Montréal. De 1852 à 1854, il fit par ailleurs partie de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal.
Frappé d’une attaque d’apoplexie et de paralysie dans la nuit du 17 au 18 août 1854, Toussaint Peltier s’éteignit deux jours plus tard dans sa demeure de la rue Craig (rue Saint-Antoine). Sa mort plongeait dans l’affliction sa sœur Henriette, femme d’Alexis Bourret, sa fille Émilie, femme de Joseph-Feréol Peltier, et son fils Hector*. Ses confrères assistèrent en corps à ses obsèques et, selon la coutume du temps, ils portèrent le deuil pendant un mois.
Le portrait de Toussaint Peltier se trouve à la galerie des bâtonniers du palais de justice de Montréal. Reconstitué dans les années 1930, probablement à partir d’un daguerréotype, ce portrait léché accuse des traits très nets et semble trop idéalisé.
ANQ-M, CE1-51, 7 nov. 1792, 11 juill. 1820, 22 août 1854 ; CN1-194, 8 août 1811.— ANQ-Q, E17/6, no 32 ; E17/7, no 85 ; E17/15, nos 902–920 ; E17/38, nos 3074–3075.— APC, MG 30, D1, 24 : 415–417 ; RG 4, B8, 19 : 6873–6946.— Canada, prov. du, Statuts, 1849, chap. 46.— La Minerve, 22 août 1854.— L.-O. David, Biographies et Portraits (Montréal, 1876), 215.— Fauteux, Patriotes, 348.— Montreal directory, 1842–1854.— Officers of British forces in Canada (Irving), 166–167.— Tanguay, Dictionnaire, 1 : 469.— Pierre Beullac et Édouard Fabre Surveyer, le Centenaire du barreau de Montréal, 1849–1949 (Montréal, 1949), 21–28.— Buchanan, Bench and bar of L.C., 88.— David, les Gerbes canadiennes, 176–177.— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967).— F.-J. Audet, « 1842 », Cahiers des Dix, 7 (1942) : 237 ; « le Barreau et la révolte de 1837 », SRC Mémoires, 3e sér., 31 (1937), sect.
Jean-Jacques Lefebvre, « PELTIER (Pelletier), TOUSSAINT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/peltier_toussaint_8F.html.
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Auteur de l'article: | Jean-Jacques Lefebvre |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
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