NG MON HING (Wen Wuqing en mandarin), missionnaire laïque, instituteur et ministre presbytérien, né le 25 mars 1858 à Chung-lau, province de Guangdong (république populaire de Chine) ; marié, il eut une fille et deux fils ; décédé en 1921 à Canton (Guangzhou).

Né en Chine, Ng Mon Hing passa les premières années de sa vie à Los Angeles. À bord du navire qui le ramenait dans son pays d’origine, il rencontra deux fervents chrétiens, et l’« enseignement de l’école de mission agit sur lui ». Il se convertit après cette rencontre intense et se fit baptiser par la suite dans sa ville natale. À l’issue d’une période passée à enseigner et à répandre la bonne parole en Chine méridionale, il entra à la Presbyterian Preachers’ Training School à Canton. En 1895, il fit la connaissance du révérend Alexander Brown Winchester, ministre presbytérien venu du Canada en Chine pour apprendre la langue. La même année, sur la forte recommandation de Winchester, l’Église presbytérienne au Canada invita Ng à titre de missionnaire laïque et d’instituteur. Débarqué à Victoria le 28 mars 1895, Ng œuvrerait parmi les Chinois du Canada durant près d’un quart de siècle. Au moment de son arrivée, il était veuf ; son fils Peter viendrait le rejoindre. Comme la plupart des Chinois vivant à l’étranger, Ng soutenait des parents restés en Chine. Sur son salaire initial – 40 $ par mois plus 5 $ pour le loyer –, il prélevait de l’argent pour l’envoyer à une tante et un oncle âgés ainsi qu’à ses enfants à Canton. Au moment de sa retraite en 1916, sa rémunération annuelle serait de 684 $.

Lorsque Ng arriva, en 1895, le Canada comptait environ 11 000 Chinois ; la plupart d’entre eux se trouvaient en Colombie-Britannique [V. Chang Toy ; Yip Sang]. En tant qu’évangéliste parlant le cantonais, il était donc très sollicité. Non seulement prêchait-il, mais il animait des réunions de prière, s’occupait des malades et des vieillards, donnait des cours du soir et tenait des classes d’études bibliques. Régulièrement, en vue de recruter des adeptes, il faisait la tournée du quartier chinois de Vancouver pour visiter les commerces, les maisons de pension et les habitations. Dans ses rapports mensuels, il notait avec soin les baptêmes et les conversions. Au début du xxe siècle, les Chinoises étaient peu nombreuses au Canada et l’Église presbytérienne déployait de grands efforts pour les rejoindre. Les rapports de Ng comprenaient un compte rendu minutieux du nombre de femmes et d’enfants présents aux activités de l’Église. En outre, il recueillait des fonds qu’il faisait parvenir en Chine à diverses œuvres vouées entre autres aux victimes de la famine.

En août 1901, Ng fut muté à Nelson. L’année suivante, étant donné qu’il commençait à exprimer le désir de retourner dans son pays natal, le comité des missions intérieures de l’Église presbytérienne offrit de l’affecter à Vancouver. Il accepta et, dès le début de 1903, il dirigeait la mission de cette ville. Au cours des quatre années suivantes, il partagea son temps entre Vancouver et Victoria. L’été, pendant que l’école de la mission de Vancouver était fermée, il prêchait parmi les ouvriers des conserveries de poisson situées le long du littoral.

La position de Ng dans les communautés chinoises était précaire. Ceux qui résistaient au christianisme le croyaient placé parmi eux par les autorités canadiennes pour tenter de contrôler et de réformer leurs activités. À l’encontre de l’Église presbytérienne, qui le louangeait pour son soutien à la « campagne contre le jeu de hasard chinois », certains de ses compatriotes l’accusèrent en 1902 de collaborer avec la police et d’être à l’origine de descentes dans des locaux soupçonnés d’être des tripots. Craignant pour sa sécurité, Ng demanda la protection de la police. Un magistrat de Vancouver refusa de l’autoriser à porter un revolver ou un sifflet de police, mais affecta temporairement un policier de race blanche à sa garde. Ironiquement, en raison de sa nationalité, Ng faisait l’objet de soupçons de la part des Canadiens de race blanche. Au cours d’une opération de routine contre les tripots de la ville, la police de Vancouver fit irruption chez lui ; elle saisit de l’argent et des manuscrits en chinois.

En 1906, l’Église muta Ng en Ontario. Ce dernier travailla surtout à Toronto, mais prêcha à l’occasion à Hamilton, à Ottawa et dans d’autres villes où il y avait des communautés chinoises. Dès 1909, comme un groupe de Vancouver demandait un prédicateur chinois, il fut affecté de nouveau sur la côte Ouest. En 1913, il fut ordonné et installé en l’église St Andrew ; il devenait ainsi le premier Chinois à exercer le ministère au sein de l’Église presbytérienne au Canada. Son ordination avait été retardée à cause de son hésitation à demeurer au pays. Il avait souvent songé à prendre sa retraite et à rentrer en Chine auprès de ses enfants. Son fils Peter, qui avait fait ses études à Vancouver, y était retourné. En 1911, il occupait un poste élevé au gouvernement à Canton.

En 1914, les collègues de Ng, qui avait 56 ans, commencèrent à douter qu’il ait encore assez de vigueur pour œuvrer dans les missions les plus populeuses. Ils envisageaient de le remplacer par un prédicateur plus dynamique. L’année suivante, l’un d’eux suggéra une affectation à Cumberland, mais un autre dit croire que Ng n’était pas assez fort « pour supporter les inévitables privations » d’un séjour dans ce lieu isolé. En 1916, Ng démissionna de ses fonctions officielles. Il continua d’être rémunéré et, durant trois ans, il passa une bonne partie de son temps à aider l’Église et la police dans leur lutte contre le jeu. Désormais, on ne sait trop pourquoi, il répugnait à quitter le pays. Selon le révérend Robert Peter MacKay, il avait probablement changé d’avis à cause de l’agitation politique en Chine. Ng lui avait confié sa peur d’être, à son retour, victime des persécutions dirigées contre les chrétiens. Ses supérieurs étaient convaincus qu’il serait plus utile en Chine. Ils estimaient que, n’étant plus « populaire », il était devenu inefficace, mais ils ne savaient comment l’encourager à rentrer dans son pays natal sans être « injustes ou indélicats ». « Le pauvre homme hésite à partir […] Entre temps les Chinois […] lui ont déjà fait trois fêtes d’adieu », disait l’un de ses collaborateurs. Quand Ng partit enfin, le 18 décembre 1919, il n’avait pas revu son pays d’origine depuis 24 ans. Il continua son œuvre missionnaire et vécut chez son fils Peter à Canton jusqu’à son décès en 1921.

Ng Mon Hing avait servi avec diligence les communautés chinoises de l’Ouest et de l’Est canadiens. Ses relations étroites avec les Anglo-Canadiens, sa maîtrise de l’anglais et sa mission religieuse en faisaient une exception parmi les immigrants chinois de l’époque.

MONA-MARGARET PON

BAC, RG 31, C1, 1901, Victoria, subdist. D, subdiv. 6.— EUC-C, Fonds 122/12, dossiers 14–15, 72–74, 79–80, 84, 92–93, 119–120, 141.— K. J. Anderson, Vancouver’s Chinatown : racial discourse in Canada, 1875–1980 (Montréal et Kingston, Ontario, 1991).— A. B. Chan, Gold Mountain : the Chinese in the New World (Vancouver, 1983).— Harry Con et al., From China to Canada : a history of the Chinese communities in Canada, Edgar Wickberg, édit. (Toronto, 1982 ; réimpr., 1988).— P. S. Li, The Chinese in Canada (Toronto, 1988).— R. G. MacBeth, Our task in Canada (Toronto, 1912).— S. S. Osterhout, Orientals in Canada : the story of the work of the United Church of Canada with Asiatics in Canada (Toronto, 1929).— N. L. Ward, Oriental missions in British Columbia (Westminster [Londres], 1925).— W. P. Ward, « The Oriental immigrant and Canada’s Protestant clergy, 1858–1925 », BC Studies (Vancouver), no 22 (été 1974) : 40–55.

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MONA-MARGARET PON, « NG MON HING (Wen Wuqing) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ng_mon_hing_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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