NEEDHAM, WILLIAM HAYDEN, avocat et homme politique, né le 9 décembre 1810 à Fredericton, N.-B., fils de Mark D. Needham et de sa femme, une demoiselle Fraser, d’Inverness, en Écosse, décédé le 29 septembre 1874 à Woodstock, N.-B.

Le père de William Hayden Needham, vieil original et bibliothécaire de la bibliothèque de l’Assemblée, était bien connu à Fredericton à ce double titre et aussi pour sa participation à la politique municipale. William fréquenta l’école secondaire de Fredericton puis King’s College (University of New Brunswick) sans toutefois recevoir de diplôme. Il se tourna alors du côté du droit et fit ses études avec George Frederick Street*. Needham fut reçu avocat le 8 mai 1832 et en 1834 il était admis au Barreau du Nouveau-Brunswick. Il exerça sa profession à Woodstock, à Fredericton et, pendant dix ans, à Saint-Jean. Le 20 octobre 1835, il épousa Mary Ann Gale à Saint-Jean. Vers 1853, il se fixa à Fredericton d’une façon définitive. Needham avait de par la province la réputation d’être un avocat « de grand talent » ; il fut pendant un certain temps vice-président du Barreau du Nouveau-Brunswick.

Tout au long de sa vie, ou presque, Needham s’occupa de politique. En 1830, alors qu’il était encore étudiant, il se présenta contre George Frederick Street, son maître, qui était d’allégeance conservatrice ; cela valut à Needham d’être évincé du cabinet de Street. À Saint-Jean, Needham lutta pour la refonte de la charte municipale. « À peu près sans aide, il se battit au conseil et en dehors, contre tout le vieux torysme d’alors jusqu’à ce qu’on adopte le projet de loi qu’il préconisait. » En 1850, « Billy » Needham était devenu un héros populaire et, lors des élections qui eurent lieu cette année-là, il fut réélu à l’Assemblée pour le district de Saint-Jean, en même temps que cinq autres réformistes. La réorganisation du gouvernement, en 1851 ; déclencha une crise chez les réformistes élus. Robert Duncan Wilmot* et John Hamilton Gray* acceptèrent d’être nommés au conseil dirigé par sir Edmund Head*. Needham, Samuel Leonard Tilley*, William Johnstone Ritchie* et Charles Simonds* en furent indignés et firent connaître leur détermination de remettre leur démission si Wilmot était élu lors de l’élection qu’exigeait sa désignation au poste d’arpenteur général. La victoire de Wilmot entraîna la démission immédiate de Tilley, de Ritchie et de Simonds, mais Needham décida de ne pas suivre leur exemple et demeura au sein de l’Assemblée jusqu’en 1854. La presse réformiste du temps le dénonça durement comme un homme dénué de tout principe, accusation qui est restée liée à son nom depuis lors.

Apparemment pour le récompenser, le gouvernement d’Edward Barron Chandler confia à Needham, en 1853, la fonction bien rétribuée de secrétaire de la commission juridique chargée de rédiger les statuts révisés de la province. Sa contribution à ce travail de refonte et de révision fut considérable. Au dire des commissaires, Needham était « extrêmement compétent et précieux. L’aide qu’il apporta par son esprit de synthèse contribu[a] sensiblement à mener à bonne fin une bonne partie de [la] tâche ».

Une fois fixé à Fredericton, Needham s’occupa de politique municipale et il fut élu maire à six reprises entre 1856 et 1868. Il retourna à la politique provinciale en 1865, lorsqu’il fut convaincu que la Confédération constituait une menace. Orateur convaincant, il avait recours au pittoresque, aux traits d’esprit et au ridicule pour démolir les arguments des partisans de la Confédération ; il s’attaquait particulièrement à leur idée que les manufacturiers du Nouveau-Brunswick pourraient exploiter le marché canadien. Le mouvement en faveur de la Confédération signifia la défaite pour Needham en 1866, mais il fut peu après réélu à la mairie de Fredericton. Il fut vainqueur lors d’une élection partielle tenue le 19 mai 1869 mais il fut battu aux élections générales de 1870 et de 1874. Peu d’hommes, se plaisait-il à dire, « ont été aussi souvent battus aux élections ». Il fut nommé conseiller de la reine le 2 avril 1873.

Needham mérite un meilleur traitement que celui que lui ont réservé les historiens libéraux du xixe siècle, George Edward Fenety* et James Hannay*. La contribution qu’il apporta à l’administration municipale de même que le travail qu’il accomplit pour la commission juridique constituent un apport majeur. Peut-être plus importante encore fut la lutte incessante qu’il mena pour l’amélioration du système d’écoles publiques au Nouveau-Brunswick. « Instruisez vos gens et rendez-les libres, s’écriait-il à l’Assemblée, instruisez les gens et rendez-les heureux, instruisez les gens et vous les sauverez du crime et de la misère. » Il se consacra sans compter à cette cause jusqu’à sa mort. Ses efforts ne se limitèrent pas au domaine de l’instruction publique ; il accorda aussi son appui constant à King’s College, en tant qu’établissement d’intérêt public, et durant les années 40 et 50, le collège eut besoin de tous ses amis. En effet, il était devenu, aux yeux des réformistes adversaires de l’establishment tel Albert James Smith*, le symbole méprisé d’une classe privilégiée. En 1854, Smith prit la tête d’un mouvement qui voulait l’abolition de l’institution et le résultat de la campagne était encore incertain lorsque Needham prononça son émouvant « discours qui sauva le collège », où il concluait que « l’établissement devait son insuccès en grande partie aux mesures hostiles soumises à l’Assemblée, année après année, alors qu’on aurait dû l’aider par une mise en commun efficace de toutes les énergies ».

Le petit peuple, qui avait la sympathie de Needham, ne fut jamais oublié. Dans son dernier discours d’importance à l’Assemblée, il s’opposa à la politique de l’emprisonnement pour dettes. « Son discours, par sa gravité, son pathétique, son éloquence magistrale, a rarement, sinon jamais, été surpassé sur le parquet de la législature. »

Needham est typique des politiciens de l’époque : il ne pouvait accepter le sectarisme qui s’instaura avec le système de parti au cours de sa carrière. S’il optait pour une cause ou se rangeait d’un côté, il le faisait pour des raisons personnelles plutôt que par fidélité envers son parti. Cette attitude lui valut assurément des ennemis mais même ceux-ci considéraient Needham comme un homme « merveilleusement souple et compétent ».

C. M. Wallace

N.B. Museum, Marriage Register B, 1828–1838.— Fenety, Political notes and observations ; Political notes, Progress (Saint-Jean, N.-B.), 1894 (album au N.B. Museum et aux APC).— Daily Telegraph (Saint-Jean, N.-B.), 30 sept. 1874.— Morning Freeman (Saint-Jean, N.-B.), 1er oct., 6 oct. 1874.— New Brunswick Reporter (Fredericton), 30 sept. 1874.— Saint John Daily News, 30 sept. 1874.— Can. parl. comp., 1869.— James Hannay, History of New Brunswick, II ; The life and times of Sir Leonard Tilley : being a political history of New Brunswick for the past seventy years (Saint-Jean, N.-B., 1897).— Lawrence, Judges of New Brunswick (Stockton), 502.— K. F. C. MacNaughton, The development of the theory and practice of education in New Brunswick, 1784–1904 : a study in historical background, A. G. Bailey, édit. (« U. of New Brunswick Hist. Studies », I, Fredericton, 1947).

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C. M. Wallace, « NEEDHAM, WILLIAM HAYDEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/needham_william_hayden_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
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