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McLACHLIN, DANIEL (Donhuil), marchand de bois et homme politique, né en 1810, près de Pointe-Fortune dans le comté de Vaudreuil, Bas-Canada, fils de Hugh McLachlin ; en 1837, il épousa Maria Harrington, dont il eut quatre fils et deux filles ; décédé le 6 février 1872 à Arnprior, Ont.
Daniel McLachlin, fils d’un presbytérien écossais des Highlands, se lança dans le commerce du bois dans la région de l’Outaouais. On trouve une première trace de son activité en novembre 1834, alors qu’en compagnie de son frère William il conclut un marché avec une maison d’exportation de bois dirigée par William Sharples. Les deux frères s’engageaient à livrer, par flottage, un radeau de pins blancs à Québec pour le 1er juillet 1835. Daniel devait être dans le métier depuis quelque temps déjà, car il est peu probable que la maison William Sharples and Sons, entreprise importante et prospère, eût traité avec des exploitants forestiers sans expérience.
Au début, le commerce de McLachlin était établi à Pointe-Fortune, dans le Bas-Canada, mais, en 1837, Daniel s’installa à Bytown (Ottawa), dans le Haut-Canada, qui était déjà considéré comme l’entrepôt du commerce du bois dans la région de l’Outaouais. Daniel, qui n’était plus associé avec son frère, obtint au cours des dix années qui suivirent d’importantes concessions forestières dans les régions de l’Outaouais et des rivières Indian et Madawaska. Toujours actif et ambitieux, il étendit sans cesse son commerce dans de nouvelles régions. Il fut parmi les premiers à utiliser la force motrice des chutes de la Chaudière, à Bytown, où il construisit une scierie, ainsi qu’une meunerie à trois meules. Il tint également avec son frère Hugh un magasin général. Leur magasin était situé au centre de Bytown et ce commerce fut exploité jusqu’en 1855, date à laquelle ils mirent fin à leur association.
L’empire commercial de McLachlin ne commença à prendre forme véritablement qu’en 1851, lorsqu’il acheta 400 acres de terre le long de la Madawaska, près du lieu où cette dernière se jette dans l’Outaouais. À cet endroit, dans le comté de Renfrew, se trouvait Arnprior, devenu presque un village fantôme. Fondé en 1831, cet établissement et ses excellents sites à moulins dépérissaient depuis plus de dix ans quand McLachlin acheta ses terres. McLachlin établit son commerce à cet endroit, reconstruisit les scieries, érigea des ponts, bâtit un village et y amena des habitants. Il encouragea fortement des travaux publics qui facilitèrent l’accès d’Arnprior. On le vit à la tête de la Madawaska River Improvement Association, qui devint plus tard une société commerciale, et il appuya la construction une route carrossable allant d’Arnprior à Long Rapids, sur la rivière Madawaska. En 1857, il s’installa avec sa famille à Arnprior, dans une grande maison de pierre, à deux étages, qu’on appelait familièrement « The Hill ». Dans cette localité, désormais prospère, McLachlin fonda l’une des entreprises les plus importantes et les plus florissantes de la vallée de l’Outaouais. Lorsqu’en 1865 il associa ses fils à son commerce et que l’entreprise reçut le nom de McLachlin Brothers, les scieries et les exploitations forestières employaient 800 hommes et produisaient annuellement 25 000 000 de pieds de bois, d’une valeur d’environ $500 000.
McLachlin alliait à ses ambitions commerciales certaines préoccupations toutes paternalistes à l’égard de la population d’Arnprior. Grâce au Mechanics’ Institute et à l’Ottawa Natural History Society, il encouragea l’éducation des adultes ; il se montra généreux envers les pauvres et les Églises ; en sa qualité d’administrateur, il s’intéressa constamment au progrès des entreprises comme l’Upper Ottawa Steamboat Company et le Bytown and Prescott Railway, qui devint plus tard le St Lawrence and Ottawa Railway. Néanmoins, il fut toujours un entrepreneur forestier mal dégrossi. Comme toute la population qui vivait du commerce du bois, il ne souffrait guère que l’on portât atteinte à la liberté de ses affaires et n’avait que du mépris pour le gouvernement qui tentait de réglementer ce commerce. Ainsi, en 1856, McLachlin et plusieurs autres gros exploitants de la région virent leurs billots pris dans un embâcle sur la rivière Madawaska ; au cours des manœuvres pour dégager le bois accumulé, ils détruisirent tout simplement le pont récemment érigé sur cette rivière. Il y a quelque chose d’émouvant dans la correspondance qu’adressa le bureau de l’Agriculture à McLachlin et à ses associés pour essayer de les convaincre qu’il était de leur devoir de rebâtir le pont ou d’assumer les frais de sa reconstruction.
McLachlin se lança dans la politique en 1851 lorsque les réformistes de Bytown le choisirent comme candidat aux élections. Il se présenta comme réformiste « baldwiniste » modéré et, le 10 décembre 1851, il fut élu à l’Assemblée législative de la province du Canada. Il ne se représenta pas aux élections de 1854, peut-être parce que l’année précédente il avait été nommé juge adjoint à la Cour d’assises du comté de Carleton. En 1861, devenu alors un réformiste partisan de la coalition, il soutenait le gouvernement de George-Étienne Cartier et de John A. Macdonald* et fut élu, sans opposition, député de Renfrew à l’Assemblée. En se rapprochant des libéraux-conservateurs aux préoccupations commerciales, il illustrait bien la politique réaliste, caractéristique de la vallée de l’Outaouais, où les principes passaient après les intérêts de l’exploitation forestière. Seul l’antagonisme religieux pouvait concurrencer cette industrie vitale et, à son grand regret, McLachlin s’en rendit compte en 1863 lorsqu’il décida de se présenter aux élections dans le comté de Carleton. Malgré un programme sérieux et bien pensé, il fut facilement battu par William Frederick Powell, agitateur protestant et orangiste bien connu. McLachlin revint à la politique en 1867 et fut élu sans opposition député de Renfrew-Sud au premier parlement du dominion.
En 1869, Daniel McLachlin commença à ressentir les effets d’une vie de labeur et, au mois de juin de la même année, il abandonna son siège au parlement. Il prit sa retraite à la même époque et remit son entreprise à ses trois fils les plus âgés, Hugh, John et Daniel. McLachlin se borna alors à goûter les joies bucoliques dans sa propriété de campagne et fut tout heureux de se déclarer « fermier », lors du recensement de 1871. Lorsqu’il mourut, le 6 février 1872, il pouvait être satisfait de la vie qu’il avait menée.
Ce n’est pas en tant qu’homme politique que McLachlin a joué un rôle important car, bien que sa carrière dans ce domaine ait été longue, elle ne fut jamais brillante. Le personnage de McLachlin revêt une grande importance comme exemple de ces chefs d’entreprise paternalistes qui, à cette époque, contribuèrent énormément à l’établissement et au développement de colonies commerciales au Canada.
APC, FO 31, 1861, A1, village d’Arnprior, 14 ; FO 31, 1871, A1, village d’Arnprior, 1, 41.— PAO, McLachlin papers.— Ottawa Citizen, 1851–1872.— Can. directory of parliament (Johnson), 422.— Arnprior centennial, 1862–1962 [...] (Arnprior, Ont., 1962), 17–22.— Cornell, Alignment of political groups, 31, 48, 50, 103s., 109.— [Charlotte Whitton], A hundred years a-fellin’ [...] 1842–1942 (Ottawa, s.d.), 62s., 133.
Michael S. Cross, « McLACHLIN, DANIEL (Donhuil) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mclachlin_daniel_10F.html.
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Auteur de l'article: | Michael S. Cross |
Titre de l'article: | McLACHLIN, DANIEL (Donhuil) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |