MACDONALD, RONALD, instituteur et rédacteur en chef, né en février 1797 à Priest Pond, île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), fils de John Macdonald et de Margaret MacKinnon ; décédé le 15 octobre 1854 à Québec.

On ne connaît rien de l’enfance de Ronald Macdonald, si ce n’est qu’il est issu d’une famille modeste. Sa venue dans le Bas-Canada résulte de la volonté de Mgr Joseph-Octave Plessis* de doter les catholiques de langue anglaise des Maritimes d’un clergé suffisant. Plusieurs jeunes gens « bien choisis » font leurs études dans les séminaires du Bas-Canada aux frais des autorités ecclésiastiques. Angus Bernard MacEachern*, missionnaire à St Andrews dans l’Île-du-Prince-Édouard, semble avoir recruté Macdonald, de même que Bernard Donald Macdonald, et l’avoir recommandé à Mgr Plessis. En octobre 1812, le jeune Ronald arrive à Québec et entre au petit séminaire dans une classe préparatoire, celle de huitième, sans connaître un mot de français. Dès les premiers mois, il attire l’attention de Mgr Plessis, qui écrit à MacEachern : « Ronald est un écolier remarquable par sa capacité et ses progrès. » Brillant élève, Macdonald fait de rapides progrès et, l’année suivante, il passe en cinquième. À l’été de 1816, il entreprend sa rhétorique et, en 1817, sa philosophie. Après seulement cinq années d’études, son cours classique est terminé. En 1817, il entre au grand séminaire de Québec pour prendre la soutane. Il est tonsuré le 5 octobre 1817 dans la cathédrale de Québec. Fortement impressionné par les aptitudes de Macdonald, Mgr Plessis aurait voulu, selon certains, faire de lui son suffragant à Halifax. Pourtant, la correspondance du prélat n’en fait pas mention. Quoi qu’il en soit, après moins d’une année au grand séminaire, Macdonald décide de quitter la soutane.

Ayant renoncé à la prêtrise, Macdonald fait face à des difficultés financières, puisque Mgr Plessis cesse de l’aider. Néanmoins, l’ex-séminariste se lance au début des années 1820 dans l’étude du droit, fait un peu de traduction et enseigne à l’école anglo-catholique de Saint-Roch. Il décide, par ailleurs, de fonder un foyer. Le 16 avril 1822, il épouse à Québec Louise Lavallée, et l’acte de mariage porte la mention « étudiant en droit ». Le couple aura quatre enfants, dont trois garçons qui mourront en bas âge. La mère et la fille périront dans l’incendie du théâtre Saint-Louis, survenu à Québec le 12 juin 1846.

Immédiatement après son mariage, accablé de responsabilités financières et sans ressources, Macdonald abandonne l’étude du droit et opte finalement pour l’enseignement à l’école anglo-catholique de Saint-Roch. En 1824, il s’associe au maître d’école Germain Kirouac pour mettre sur pied une école privée sise rue Sainte-Ursule ; cette collaboration dure deux ans. Peu après, en 1826, Macdonald se rend à Rivière-du-Loup (Louiseville) pour diriger la classe de garçons. Il y serait demeuré trois ans.

Après avoir décidé de la nécessité de « se procurer un maître ou précepteur pour instruire les sourds-muets en cette province », la chambre d’Assemblée du Bas-Canada fait appel à Macdonald, dont la carrière prend alors un nouvel essor. Le 2 mars 1830, Macdonald comparaît devant un comité spécial de l’Assemblée chargé d’étudier les problèmes d’éducation et on lui propose de se rendre aux États-Unis pour se perfectionner dans les méthodes d’enseignement aux sourds-muets. Macdonald pose plusieurs conditions avant d’accepter. L’allocation qui lui sera versée devra être suffisante pour payer son déplacement et pourvoir à l’entretien de sa famille. À son retour, on devra le nommer à la tête d’un établissement financé par le gouvernement. Ces conditions sont acceptées, et la loi du 26 mars 1830 lui accorde les £300 nécessaires.

Macdonald se rend donc à Hartford, au Connecticut, où se trouve le siège du premier et du plus célèbre établissement de la sorte en Amérique, l’American School for the Deaf. Il y arrive en juin 1830. La méthode enseignée est celle de l’abbé Roch-Ambroise Cucurron, dit Sicard, pédagogue français du début du xixe siècle. L’enseignement se donne en français et en anglais. En mai 1831, après un an d’études, Macdonald revient à Québec muni des certificats requis. Le 15 juin suivant, l’Institution des sourds-muets, premier établissement du genre au pays, voit le jour, et Macdonald, à titre de précepteur, ouvre une école à Québec. En 1831, on dénombre 408 personnes atteintes de cette incapacité dans la province. Le montant initial affecté à la mise sur pied de cette école est rapidement épuisé, et Macdonald doit présenter un mémoire à la chambre d’Assemblée, le 31 janvier 1832, dans lequel il réclame de nouvelles subventions. Le 25 février, l’Acte pour pourvoir temporairement à l’instruction des sourds-muets et pour d’autres fins relatives audit objet reçoit la sanction royale. Étant donné le caractère provisoire de cette loi, l’institut vient à manquer de fonds et doit fermer ses portes en 1836. Macdonald se retrouve devant rien, malgré tout son dévouement à une cause humanitaire.

Face à cette situation, Macdonald retourne à l’enseignement régulier, tout en s’initiant au journalisme. Il se retrouve maître d’école à Saint-Laurent, dans l’île d’Orléans, où il acquiert la réputation d’un érudit. Mais on peut difficilement expliquer le fait qu’un homme d’une telle compétence ait dû enseigner dans une école rurale pendant deux ans. La carrière journalistique de Macdonald débute en 1836. Cette année-là, selon Henry James Morgan*, il entre à la Gazette de Québec, où il occupe pour la première fois le poste de rédacteur. Le 4 octobre, il assume les mêmes fonctions au Montreal Daily Transcript de John Lovell*, où son nom apparaît jusqu’en 1849. Du 10 avril 1837 au 16 mars 1838, il est l’imprimeur, avec Lovell, du trihebdomadaire le Populaire de Montréal, fondé par Léon Gosselin*.

John Neilson*, réformiste qui édite la Quebec Gazette depuis la fin du xviiie siècle, décide de publier une édition française de son journal, et Macdonald obtient, en 1842, le poste de rédacteur en chef à la Gazette de Québec. Il présente son programme dans le numéro du 2 mai. Il entend faire de la Gazette de Québec un journal complet qui donnera place à l’information savante, scientifique, artistique et politique. Pour éviter les polémiques dans le domaine religieux, Macdonald compte bien consulter le clergé sur la matière à écrire. Dans tous les cas, il s’adressera à des sources sûres et se tiendra au courant de l’évolution, tant en Amérique qu’en Europe, des sujets traités. Le programme est ambitieux, mais l’aventure ne durera que jusqu’au 29 octobre 1842. La justesse de pensée, l’exactitude du style, une information fiable sur la politique intérieure ou étrangère, la bonne tenue et l’élégance des traductions ont fait de la Gazette de Québec un journal lu et estimé par le clergé et les classes instruites.

En novembre 1842, Macdonald fait son entrée au Canadien, où il remplace Étienne Parent* qui vient d’être nommé greffier du Conseil exécutif. Dans un article publié le 4 novembre, Macdonald écrit qu’il sera le seul responsable de tout ce qui paraîtra dans ce journal. Il entend soutenir la devise du Canadien : Nos institutions, notre langue et nos lois. À sa demande, le propriétaire du journal, Jean-Baptiste Fréchette, consent à accroître le volume de chaque numéro afin de donner plus d’informations religieuses.

Cinq ans plus tard, Fréchette abandonne son entreprise à ses fils. Les nouveaux propriétaires renvoient Macdonald et le remplacent par Napoléon Aubin*. En février 1848, Macdonald fait un bref séjour au Journal de Québec et, au cours de l’année, il passe à la Quebec Gazette où il demeure jusqu’en 1849. Cette année-là, E.-R. Fréchette devient l’unique propriétaire du Canadien et il s’empresse de réinstaller Macdonald dans ses fonctions de rédacteur en chef. Ce sera son dernier poste. Macdonald meurt à Québec le 15 octobre 1854, à l’âge de 57 ans. Le Canadien, « liséré de deuil », pleure son rédacteur, une « plume modèle en fait de diction et de goût ».

Tous les contemporains de Ronald Macdonald s’entendent pour reconnaître en lui un grand journaliste, un instituteur compétent, un écrivain correct, un homme consciencieux et honnête. Parmi les écrivains d’origine étrangère venus s’installer dans le Bas-Canada, il est un de ceux qui, souligne-t-on, a le plus participé à l’éveil des lettres et des arts. Il fut français de cœur et d’esprit, non par devoir mais par choix.

Jocelyn Saint-Pierre

ANQ-Q, CE1-1, 16 avril 1822, 15 oct. 1854.— ASQ, Fichier des anciens.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1830–1832.— Le Canadien, 31 mars 1832, 4 nov. 1842, 16 oct. 1854.— La Gazette de Québec, 2 mai–29 oct. 1842.— Almanach de Québec, 1824–1826.— Beaulieu et Hamelin, la Presse québécoise, 1 : 2–3, 16–17, 72, 86, 91, 93.— F.-M. Bibaud, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891).— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », ANQ Rapport, 1927–1928 : 297 ; 1932–1933 : 127–128.— L.-M. Darveau, Nos hommes de lettres (Montréal, 1873), 273–274.— Morgan, Bibliotheca Canadensis.— I.[-F.-T.] Lebrun, Tableau statistique et politique des deux Canadas (Paris, 1833).— Germain Lesage, Histoire de Louiseville, 1665–1960 (Louiseville, Québec, 1961), 148.— P.-G. Roy, l’Île d’Orléans (Québec, 1928), 419–421.— A.[-E.] Gosselin, « Ronald MacDonald », BRH, 27 (1921) : 319.— « L’Incendie du théâtre Saint-Louis », BRH, 5 (1899) : 343–344.— Lacertus [Richard Lessard], « Un instituteur d’autrefois », l’Écho de Saint-Justin (Louiseville), 1er mars 1926 : 11.— P.-G. Roy, « le Journaliste Ronald MacDonald », BRH, 42 (1936) : 443–448.— « Les Sourds-Muets en Canada », Magasin du Bas-Canada (Montréal), 1 (1832) : 112–114.

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Jocelyn Saint-Pierre, « MACDONALD, RONALD (1797–1854) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_ronald_1797_1854_8F.html.

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Auteur de l'article:    Jocelyn Saint-Pierre
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 novembre 2024