LEMAÎTRE, dit Jugon, FRANÇOIS, marin, marchand et armateur, né en 1707, fils de François Lemaître et de Bertrane Michelle de « Lequouet [Les Couettes, dép. d’Ille-et-Vilaine] » en France, décédé avant le 22 novembre 1751.

On sait peu de chose au sujet de François Lemaître, dit Jugon ; on ignore en particulier où et quand il devint marin. Il se peut qu’il se soit engagé dans sa région sur des navires canadiens qui commencèrent à faire voile pour les Antilles au cours des années 1730, mais il est tout aussi vraisemblable qu’il vint au Canada à partir des Antilles. Il semble qu’il ait amené sa femme, Marie Collet, originaire de la Guadeloupe, pour vivre en Nouvelle France, avant 1744 car à cette date il résidait avec elle rue Sainte-Famille. Il avait à cette époque un domestique et deux esclaves noires qui vivaient chez lui. Il est probable qu’il était déjà copropriétaire avec un certain sieur Saint-Germain – vivant, semble-t-il, à la Martinique – d’un brigantin de 130 tonneaux, le Saint Esprit, qui quitta Québec pendant l’automne de 1745 pour la Martinique avec une cargaison de morue, de farine et de planches. L’année suivante, ce navire retourna à Québec en passant par La Rochelle. En octobre 1746, Gilles Hocquart* affréta le Saint Esprit, navire armé de quatre canons, pourvu d’un équipage de 18 marins et identifié comme appartenant à Jugon et Compagnie, et l’envoya à la baie Verte (N.-B.) sous le commandement de Michel de Sallaberry. Malheureusement le vaisseau échoua en aval de Québec. Au cours de la saison suivante, Hocquart l’utilisa pour envoyer 81 prisonniers anglais à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Il est probable que le navire poursuivit sa route vers la Martinique, d’où il revint pendant l’été de 1748 avec une cargaison de tafia et de sirop. La dernière référence à Jugon et à son navire remonte à 1750 lorsque le Saint Esprit quitta la Martinique pour Québec avec une cargaison de vin français, de sirop, de tafia, de café et de sucre. Il se peut qu’il soit mort peu après, car le 22 novembre 1751 Marie Collet épousa Jean-Louis Frémont qui était marchand et capitaine de navire.

François Lemaître, dit Jugon, mourut sans laisser de descendants. Jean, son frère cadet, fut pendant un certain temps au service du tonnelier Simon Touchet ; il devint ensuite tonnelier lui-même et mourut à Québec en 1781.

Il semble que Louis Poulard, marchand de la métropole qui mourut à la résidence de Jugon en 1746, considérait celui-ci comme son agent personnel au Canada, ce qui suggère que ce dernier avait des relations d’affaires en France aussi bien qu’aux Antilles. Peut-être l’importance de la carrière de Jugon repose-t-elle dans le bref aperçu qu’elle nous donne du degré de mobilité sociale qui existait dans les colonies françaises, laquelle permettait à un membre illettré des classes inférieures de s’élever, malgré sa condition modeste, au rang de marchand et de propriétaire de navire.

James S. Pritchard

AN, Col., C8B, 20 ; 22 ; Col., C11A, 83, f.263 ; 86, ff.160–163 ; 88, f. 192v. ; 121, ff.175v.–177.— ANQ, Greffe de R.-C. Barolet, 22 nov., 3 oct. 1751 ; Greffe de J.-N. Pinguet de Vaucour, 19 déc. 1746.— Recensement de Québec, 1744 (RAPQ).— P.-G. Roy, Inv. ins. Prév. Québec, II : 152.— Tanguay, Dictionnaire.

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James S. Pritchard, « LEMAÎTRE, dit Jugon, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lemaitre_francois_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    1 décembre 2024