JACKMAN, EDWARD MICHAEL, homme d’affaires et homme politique, né le 29 février 1868 à St John’s, fils de Michael Jackman et de Margaret Lanigan ; le 8 septembre 1890, il épousa Alice F. Walsh, et ils eurent six fils et une fille ; décédé le 20 juillet 1916 à Montréal.

Le père d’Edward Michael Jackman de même que ses oncles Arthur* et William* étaient d’illustres capitaines de phoquier de Renews, à Terre-Neuve. En 1880, après des études à St John’s chez les Frères chrétiens d’Irlande, Jackman commença son apprentissage de tailleur dans cette ville. Ensuite, il travailla à Boston et à New York. De retour à St John’s en 1889, il ouvrit un commerce de tailleur qui, dès l’année suivante, employait dix personnes. Selon un document de 1894 sur les célébrités de la ville, Ned Jackman était un « débrouillard » qui débordait d’énergie et avait de grands talents d’organisateur. Son entreprise faisait des vêtements sur mesure et exploitait un commerce de nouveautés ; à compter de 1893, elle vendit aussi des vêtements importés pour hommes. Au début des années 1900, elle avait une cinquantaine d’employés et publiait un périodique contenant des articles sur l’actualité et des textes littéraires, la Jackman’s Review.

En 1910, l’entreprise de Jackman se risqua dans le prêt-à-porter, mais elle contracta des engagements financiers trop lourds. En 1912, elle fut réorganisée et Jackman remboursa ses créanciers. Il conserva le poste de directeur administratif, mais en fait, c’était l’un de ses fils qui supervisait les affaires. Le succès fut de courte durée : dès janvier 1915, les actionnaires optèrent pour la liquidation à cause des effets dévastateurs de la guerre sur la compagnie.

Jackman fut président du syndicat des tailleurs vers 1895 et aida d’autres syndicats à s’associer sous les auspices de la Mechanics’ Society. En 1900, en tant que négociateur des mineurs de fer syndiqués de l’île Bell, il participa aux pourparlers qui mirent fin à leur grève de six semaines en juillet. Bien connu dans nombre d’associations de bienfaisance catholiques, il fut président de la Star of the Sea Association de 1893 à sa mort. En outre, il appartint toute sa vie à la Total Abstinence and Benefit Society.

À compter du début des années 1890, Jackman fut proche du Parti libéral de Terre-Neuve, dirigé successivement par sir William Vallance Whiteway* et Robert Bond*. En 1893, le gouvernement libéral nomma Jackman secrétaire de la commission qui devait créer à St John’s un service de pompiers rémunérés. En 1900, Jackman fut élu sous la bannière libérale dans le district de Placentia and St Mary’s, et nommé ministre des Finances et des Douanes dans le gouvernement Bond. Ses mandats coïncidèrent avec une période de prospérité ; ainsi, le budget de 1907–1908 présenta un excédent de 125 000 $. Jackman négocia avec le gouvernement du Canada pour résoudre des problèmes de tarif et veilla à ce que l’inspection des vapeurs reliant Terre-Neuve et le Canada soit réglementée. Il fut défait aux élections de 1909 par Francis J. Morris, frère de sir Edward Patrick Morris*, dont le Parti du peuple remporta le scrutin.

Tout en affichant des positions anticonfédératrices, Jackman était favorable en privé à un rapprochement entre Terre-Neuve et le Canada et même à l’entrée de la colonie dans la Confédération. En juillet 1913, il demanda à sir Thomas George Shaughnessy*, président de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, de participer financièrement à une « campagne d’information » en faveur de la Confédération qui se tiendrait à la fois à Terre-Neuve et au Canada. Il ajoutait qu’il avait conclu en secret une alliance avec le confédérateur Morris, qui lui avait promis le portefeuille des Finances si le Parti du peuple gagnait les élections de novembre 1913. Morris remporta effectivement la victoire, mais Jackman ne retourna pas sur la scène politique de Terre-Neuve. Cependant, Morris le nomma en 1914 au conseil municipal qui gouverna St John’s jusqu’en 1916.

La campagne en faveur de la Confédération n’eut jamais lieu, mais les relations d’Edward Michael Jackman dans les milieux politiques et les milieux d’affaires canadiens se révélèrent utiles en octobre 1914, lorsque Terre-Neuve et le Canada entamèrent de nouveau des négociations préliminaires sur la question. Envoyé par Morris, Jackman alla rencontrer des membres du gouvernement conservateur de sir Robert Laird Borden*. Il resta à Ottawa jusqu’en juin 1915 à participer à des pourparlers. La Reid Newfoundland Company souhaitait vendre son chemin de fer à des hommes d’affaires canadiens ou au gouvernement du Canada, et cette question constituait un enjeu important pour la réussite des négociations. En juin 1915, William Duff Reid* fit de Jackman le mandataire de sa compagnie. Très vite, Jackman amena Ottawa et la compagnie à conclure une première entente. Cependant, les négociations sur la Confédération prirent fin au milieu de l’année 1916 à cause de l’opposition de William Ford Coaker*, chef du Parti de l’union, dont l’appui aurait été essentiel. Entre-temps, Jackman avait quitté St John’s pour faire un voyage d’affaires à Montréal. Tombé gravement malade, il mourut à cet endroit le 20 juillet 1916.

Melvin Baker

PANL, MG 223, Jackman à T. G. Shaughnessy, 29 août 1913 (mfm) ; MG 299.— Daily News (St John’s), 22 juill. 1916.— Evening Herald (St John’s), 6 févr. 1897.— Evening Telegram (St John’s), 25–26, 28 juill. 1900.— Amicus, « Honourable E. M. Jackman, minister of finance and customs », Newfoundland Quarterly (St John’s), 3 (19031904), no 3 : 2.— Melvin Baker, « William Gilbert Gosling and the charter : St. John’s municipal politics, 1914–1921 », Newfoundland Quarterly, 81 (1985–1986), no 1 : 21–28.— The book of Newfoundland, J. R. Smallwood et al., édit. (6 vol., St John’s, 1937–1975 ; vol. 1–2, réimpr., [1968] et 1979),: 196s.— J. L. Joy, « The growth and development of trades and manufacturing in St. John’s, 1870–1914 » (mémoire de m.a., Memorial Univ. of Nfld, St John’s, 1977).— I. D. H. McDonald, « To each his own » : William Coaker and the Fishermen’s Protective Union in Newfoundland politics, 1908–1925, J. K. Hiller, édit. (St John’s, 1987), 54–56.— Newfoundland men [...], H. Y. Mott, édit. (Concord, N.H., 1894).— S. J. R. Noel, Politics in Newfoundland (Toronto, 1971).— Who’s who and why, 1912.

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Melvin Baker, « JACKMAN, EDWARD MICHAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jackman_edward_michael_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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