HUBERT, LOUIS-ÉDOUARD, marchand, homme politique et officier de milice, né le 15 février 1766 à Montréal, fils de Pierre Hubert et de Marie-Josephte Chartier ; décédé le 9 novembre 1842 à Saint-Denis, sur le Richelieu, Bas-Canada, et inhumé dans le caveau de l’église paroissiale.

Louis-Édouard Hubert descendait d’une honorable famille de magistrats parisiens venue au Canada vers 1665 et qui donna à Québec son neuvième évêque, Mgr Jean-François Hubert*. Son père s’occupa de construction navale à Montréal et fut contremaître et inspecteur des bois de construction sous le Régime français, poste qu’il détenait encore en 1775 à la prise de Montréal par les Américains, qui le chassèrent de son logis et l’obligèrent à se cacher pendant plusieurs mois.

Après des études à Montréal et au petit séminaire de Québec, Hubert s’établit à Saint-Denis, sur le Richelieu, bourg en pleine croissance commerciale implanté dans la prospère seigneurie du même nom et que le curé François Cherrier* voyait même comme le siège d’un futur évêché. C’est à Saint-Antoine-de-la-rivière-Chambly (Saint-Antoine-sur-Richelieu), sur la rive opposée de la rivière, qu’il épousa le 22 novembre 1796 Cécile Cartier, fille du riche marchand Jacques Cartier* et future tante, de sir George-Étienne Cartier*. Par sa mère, la mariée était aussi cousine de Mgr Joseph-Octave Plessis*. De leur nombreuse famille on connaît trois filles et quatre fils.

Hubert devint rapidement un notable dans son milieu. Il acquit des propriétés et dirigea un important commerce dans sa paroisse réputée pour sa production de blé. Le 5 juillet 1800, on l’élut député de Richelieu à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada où il siégea, avec assez peu d’assiduité, jusqu’en 1804, année où il ne sollicita pas de renouvellement de mandat. Pourtant, à l’ouverture de la première session de la troisième législature, il avait accepté de faire partie du comité chargé de l’établissement des écoles gratuites, mais il était déjà absent au moment de la présentation de ce projet de loi. Dans le cours de tout son mandat, il ne vota que huit fois, pour appuyer autant le Parti canadien que celui des bureaucrates. Par ailleurs, Hubert se ressentait du fléchissement de l’économie et ses affaires prenaient une mauvaise tournure ; en juin 1804, plusieurs créanciers obtenaient une saisie contre un certain nombre de ses propriétés. Cependant, il put rétablir sa situation et, à l’occasion de la visite de sir James Henry Craig* à Saint-Denis, sur le Richelieu, en 1810, il était en mesure de loger aisément dans ses écuries les chevaux du gouverneur et de sa suite.

Pendant la guerre de 1812, Hubert prit une part active à la défense du Canada. Dès le 15 septembre de cette année-là, il reçut une commission de lieutenant quartier-maître dans le 2e bataillon de la milice d’élite incorporée du Bas-Canada. Il rejoignit rapidement le camp de Laprairie (La Prairie), où il se trouvait déjà le 7 octobre. Peu après, il accompagna les soldats jusqu’à Lacolle pour des manœuvres : il marcha par tous les temps et dormit sur la dure, un exercice plutôt rude pour un homme qui approchait de la cinquantaine. À l’exception d’un séjour à Chambly, il semble avoir passé tout le reste de la guerre à Laprairie.

Hubert remit sa démission le 24 mai 1814 et reprit ses activités commerciales et agricoles. Il s’occupa de l’éducation de ses enfants en inscrivant deux de ses fils au collège de Saint-Hyacinthe et l’une de ses filles au couvent des ursulines à Trois-Rivières. Il veilla aussi au règlement de l’importante succession de son beau-père. À titre d’officier de milice, selon une proclamation du prince régent, Hubert avait droit à 500 acres de terre dans les Cantons-de-l’Est ; il entreprit donc des démarches en conséquence et, le 24 juillet 1823, on lui accordait un certificat pour des lots dans le canton d’Upton. Mais il ne parvint jamais à les obtenir malgré des interventions de toutes sortes et des frais d’arpenteur. Outré d’apprendre qu’on avait, malgré lui, concédé ces lots à la famille de Martigny, il accusa celle-ci de collusion avec l’arpenteur général. Il poursuivit ses réclamations jusqu’en 1837 et se vit proposer des terres dans différents cantons, mais sans résultats concrets. Ses services à la couronne ne furent pas plus reconnus que ceux qu’avait rendus son père en 1775, et au nom duquel il avait, sans succès, présenté une semblable requête.

Hubert n’appuya pas les patriotes au moment des troubles de 1837–1838, mais il subit quand même les représailles des troupes britanniques après la bataille de Saint-Denis, et on saccagea sa maison. Deux de ses fils se trouvaient à Saint-Eustache avec Jean-Olivier Chénier, et il connut l’angoisse quand ils furent arrêtés à Saint-Antoine-sur-Richelieu, où ils se cachaient, puis détenus du 6 janvier 1838 jusqu’en juillet lorsqu’on les libéra contre, du moins pour l’un des deux, une caution de £2 000. Un comité du Conseil spécial recommanda, en 1840, de verser à Hubert une compensation de près de £115 pour les dommages subis, mais rien ne fut fait pour lui dans l’immédiat, et toute cette question créa de grands remous pendant une dizaine d’années.

Louis-Édouard Hubert mourut à l’âge de 77 ans, en laissant sa femme et plusieurs descendants. À Saint-Denis, sur le Richelieu, la rue Saint-Hubert rappelle l’existence de cette famille qui y résida jadis et dont le chef fut un membre estimé de cette bourgeoisie, encore trop mal connue, qui par son action sociale, économique et politique a largement influencé son milieu.

Marie-Paule R. LaBrèque

Un portrait de Louis-Édouard Hubert, le représentant dans son manteau rouge de milicien, a été peint par son ami le notaire Jean-Joseph Girouard*, à Laprairie, pendant la guerre de 1812.

ANQ-M, CE1-3, 22 nov. 1796 ; CE1-51, 16 févr. 1766 ; CE2-12, 12 nov. 1842.— ANQ-Q, E21.— APC, RG 1, L3L : 108 ; RG 4, A1, index ; RG 31, C1, 1825, 1831, Saint-Denis (Richelieu).— Arch. de la Soc. d’hist. régionale de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, Québec), Fg-12 ; Notes de Claire Lachance.— ASSH, A, Fg-3 ; Fg-41 ; Fg-46.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1801–1804 ; Conseil spécial, Journaux, 1840.— La Collection Elgin-Grey, 1846–1852, A. G. Doughty, édit. (4 vol., Ottawa, 1937), 4.— La Gazette de Québec, 9 juill. 1800, 14 juin 1804, 8 oct. 1812, 18 juill. 1839.— F.-J. Audet, « les Législateurs du B.-C. ».— F.-J. Audet et Fabre Surveyer, les Députés au premier Parl. du B.-C.— J. D. Borthwick, Montreal, its history, to which is added biographical sketches, with photographs, of many of its principal citizens (Montréal, 1875).— Bouchette, Topographical description of L.C.— Langelier, Liste des terrains concédés, 415–419, 636, 1482.— Le Jeune, Dictionnaire, 1.— Hormisdas Magnan, Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la province de Québec (Arthabaska, Québec, 1925).— Mariages de St-Antoine-sur-Richelieu (1741–1965), Irénée Jetté et Benoît Pontbriand, compil. (Québec, 1966).— Officers of British forces in Canada (Irving).— J.-B.-A. Allaire, Histoire de la paroisse de Saint-Denis-sur-Richelieu (Canada) (Saint-Hyacinthe, 1905).— Francine Bouchard et al., la Vallée du Richelieu : introduction à l’histoire et au patrimoine (Québec, 1981).— Chapais, Cours d’hist. du Canada, 2.— Ouellet, Bas-Canada.— J.-B. Richard, les Églises de la paroisse de Saint-Denis-sur-Richelieu ([Saint-Hyacinthe], 1939) ; les Événements de 1837 à Saint-Denis-sur-Richelieu ([Saint-Hyacinthe], 1938).— Sulte, Hist. de la milice.— Alastair Sweeny, George-Étienne Cartier : a biography (Toronto, 1976).— B. J. Young, George-Étienne Cartier, Montreal bourgeois (Kingston, Ontario, et Montréal, 1981).— J. [E.] Hare, « l’Assemblée législative du Bas-Canada, 1792–1814 : députation et polarisation politique », RHAF, 27 (1973–1974) : 361–395.

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Marie-Paule R. LaBrèque, « HUBERT, LOUIS-ÉDOUARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hubert_louis_edouard_7F.html.

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Auteur de l'article:    Marie-Paule R. LaBrèque
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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