HAGGART, JOHN GRAHAM, propriétaire de moulins, homme politique et officier de milice, né le 14 novembre 1836 à Perth, Haut-Canada, fils de John Haggart et d’Isabella Graham ; le 26 mai 1861, il épousa dans cette ville Caroline Douglas, et ils eurent deux enfants ; décédé le 13 mars 1913 à Ottawa et inhumé à Perth.

Venu de Breadalbane, en Écosse, John Haggart père arriva au Canada dans les années 1820 et fut engagé comme maçon au canal Welland et entrepreneur au canal Rideau. En 1836, il épousa Isabella Graham, originaire de l’île de Skye, en Écosse. En association avec George Buchanan en 1832, il avait signé un bail qui l’autorisait à exploiter le moulin à farine d’Alexander Thom* à Perth, dans ce qui allait devenir l’île Haggart, sur la rivière Tay. Dès 1840, il avait construit là un complexe comprenant un moulin à carder, un moulin à farine et une scierie ainsi qu’une belle maison en pierre de style Regency.

John Graham Haggart fréquenta l’école publique et la grammar school de Perth. Il étudiait le droit chez John Deacon lorsque, après la mort de son père en 1855, il prit en main l’entreprise familiale. Jusqu’à la fin de sa vie, il s’occuperait de moulins. Avec divers associés, il donna de l’expansion aux Perth Mills. En 1870–1871, la minoterie fut reconstruite ; en 1886, il y installa des cylindres. En 1896, il était en plus président de la Tay Electric Light Company Limited.

Cependant, la véritable vocation de Haggart, c’était les affaires publiques. Il appartint au conseil municipal de Perth, fut maire en 1861–1862, 1863–1864 et 1871–1872, et tenta deux fois de se faire élire député de Lanark South à l’Assemblée législative de l’Ontario. Candidat de coalition à une élection complémentaire en 1869, il se retira avant le vote final. Bien qu’il se soit dit conservateur, il se présenta sous la bannière libérale deux ans plus tard mais se classa deuxième.

L’occasion de passer sur la scène fédérale se présenta à Haggart en 1872, lorsque le député sortant, Alexander Morris*, démissionna pour devenir juge en chef de la Cour du banc de la reine au Manitoba. Haggart remporta l’investiture conservatrice et fut élu la même année. Il resterait député fédéral de Lanark South jusqu’à sa mort, 41 ans plus tard. À la fin des années 1870, il remplaça le sénateur Alexander Campbell* à la tête des tories de l’est de l’Ontario aux Communes. Après la nomination de Mackenzie Bowell au Sénat en 1892, il dirigerait tous les conservateurs ontariens à la Chambre. Il serait élu en 1896 à la présidence de la Liberal-Conservative Union of Ontario. Haggart accéda au cabinet seulement en 1888, à titre de maître général des Postes. De 1892 à 1896, il fut ministre des Chemins de fer et Canaux. À la mort des premiers ministres sir John Joseph Caldwell Abbott* en 1893 et sir John Sparrow David Thompson* en 1894, on envisagea un moment de le placer à la tête du pays. Cependant, les insinuations à propos de ses problèmes matrimoniaux et de ses fréquentations féminines sur la colline parlementaire, ainsi que sa réputation de fainéant et de « bohème », pour reprendre le terme employé à son sujet en 1894 par lady Aberdeen [Marjoribanks*], jouèrent peut-être contre lui. (Il est possible que Haggart et sa femme aient été séparés depuis 1871.) On se souviendrait surtout de lui comme de l’un des sept ministres – le « nid de traîtres », comme les appelait Bowell – qui quittèrent le cabinet de Bowell pour une courte période en janvier 1896. Tous étaient convaincus de l’incompétence de Bowell. Haggart, un des initiateurs de ces démissions, se fit particulièrement haïr du premier ministre en déclarant que celui-ci, « jour après jour, telle une jeune malade accrochée à la vie, avait refusé de démissionner ».

Haggart se distingua à Perth et fut par la suite l’objet des moqueries de tout le pays à cause de son rôle dans la promotion de la construction du second canal Tay. De 1880 à 1882, avec l’aide du maire de Perth, Francis Alexander Hall, et de Moss Kent Dickinson*, homme d’affaires de Manotick, qui souhaitaient améliorer l’approvisionnement en eau du réseau du canal Rideau, Haggart pressa le département des Chemins de fer et Canaux, où l’on était sceptique, de creuser un nouveau canal de dérivation. Le projet consistait à creuser à partir de Beveridge Bay, dans le lac Lower Rideau, jusqu’à la rivière Tay, en amont de Port Elmsley, et d’approfondir le canal qu’une société privée, la Tay Navigation Company, avait aménagé entre le canal Rideau et Perth dans les années 1831 à 1834. Le fait que l’on projetait de mettre en valeur des gisements de phosphate, de mica et de minerai de fer – ce qui était une perspective emballante – contribua à faire accepter ces nouveaux travaux publics. Le canal fut construit en trois étapes de 1882 à 1891. Au cours de la troisième étape, il devint évident que cet ouvrage – « le fossé de Haggart », disait-on d’un ton sarcastique – coûterait plus cher que prévu et ne servirait pas à grand-chose et que Haggart, pour le faire construire, avait manipulé des fonds dans son propre intérêt. Les travaux furent interrompus après que l’on eut découvert que Haggart utilisait des fonds non dépensés provenant d’un contrat précédent pour prolonger le canal jusqu’à sa minoterie de Perth, et ce, à la veille des élections générales de 1891. En tant que ministre des Chemins de fer et Canaux, Haggart avait néanmoins l’estime de Thompson. On lui reconnaissait le mérite d’avoir amélioré la situation financière du chemin de fer Intercolonial et d’avoir supervisé l’achèvement du canal de Sault-Sainte-Marie, dernier maillon de la chaîne des canaux canadiens reliant les Grands Lacs au Saint-Laurent. Après la défaite des conservateurs en 1896, Haggart devint un virulent critique de la politique ferroviaire des libéraux.

Dans sa jeunesse, John Graham Haggart avait été un grand sportif et avait servi dans la milice. Après l’affaire du Trent en 1861 [V. sir Charles Hastings Doyle*], il leva une compagnie d’infanterie à Perth et y fut capitaine au moins jusqu’en 1870, année où l’on redoutait encore une invasion fénienne [V. John O’Neill*]. Lorsqu’il mourut en 1913, après une longue maladie, le 42nd (Lanark and Renfrew) Regiment lui fit des funérailles avec tous les honneurs militaires. Sa femme était décédée en 1900 et leurs deux enfants étaient morts avant lui : l’un était décédé en bas âge et leur fils Duncan A., champion rameur de couple, avait succombé à la typhoïde en 1885, à l’époque où il travaillait au cabinet d’avocat de D’Alton McCarthy*. Haggart légua tous ses biens à sa sœur, Isabella Maxwell Millar, qui était veuve. Il était de confession presbytérienne. En tant que propriétaire de moulins, il avait manifesté son sens pratique. Sur la scène politique, il avait été dur, compétent et fruste. Selon le Globe de Toronto, il jouait « le jeu de la politique à la manière d’un sportif ».

Larry Turner

On peut voir les portraits de John Haggart père et de John Graham Haggart peints par un artiste anonyme à l’Archibald M. Campbell Memorial Museum (Perth, Ontario) ; on trouve aussi des photographies du sujet aux AN, à la Division de l’art documentaire et de la photographie, PA-25679 et PA-26382.

AN, RG 31, C1, 1871, Perth, div. 2 : 31 ; div. 3 : 11 ; liste 6 : 5.— AO, RG 22-168, n2786.— Elmwood Cemetery (Ottawa), Tombstone inscriptions.— Old Burying Ground (Perth), Haggart family plot.— Perth Courier, 22 janv., 5 févr. 1869, 24, 31 mars 1871, 14, 21 mars 1913.— Perth Expositor, 7 mai 1885, 22 oct. 1891, 14 mai 1896.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Ontario, Chief election officer, Hist. of electoral districts (1969), 187 ; Ministry of Culture and Recreation, Heritage administration branch, Historical sketches of Ontario ([Toronto]), 1976 : 12s.— Larry Turner, The second Tay Canal in the Rideau corridor, 1880–1940 (Parcs Canada, Division des lieux et des parc nationaux, Rapport sur microfiches, n295, Ottawa, 1986).— Larry Turner et J. J. Stewart, Perth : tradition & style in eastern Ontario (Toronto, 1992).— Waite, Man from Halifax.

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Larry Turner, « HAGGART, JOHN GRAHAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/haggart_john_graham_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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