GRAHAM, JAMES ELLIOT, médecin, auteur et professeur, né le 12 juin 1847 dans la ferme familiale de Richview, à Malton, Haut-Canada, cadet des fils de Joseph Graham et d’Ann Brown (LeBrun) ; le 15 juillet 1873, il épousa Mary Jane Aikins, fille de James Cox Aikins*, et ils eurent trois filles et un fils ; décédé le 7 juillet 1899 à Gravenhurst, Ontario.

James Elliot Graham commença ses études à la Weston Grammar School, où il fut un bon élève et remporta des prix en latin et en grec. Après avoir fréquenté l’Upper Canada College, puis la Toronto School of Medicine [V. William Thomas Aikins], il obtint sa licence en médecine en 1869 et son doctorat l’année suivante à la University of Toronto. C’est à l’école de médecine qu’il rencontra William Osler*, avec qui il se lia d’une amitié qui allait durer 30 ans et qu’Osler commémorerait d’ailleurs en 1900 en dédiant à Graham, peu après la mort de ce dernier, une monographie sur le cancer de l’estomac. Les deux hommes étudièrent également avec le docteur James Bovell*, qui leur enseigna les subtilités de la microscopie ; celui-ci fut longtemps pour eux un modèle à suivre.

Après avoir obtenu son diplôme de médecine, Graham fit un stage d’un an au Brooklyn City Hospital de New York avant d’aller poursuivre ses études postuniversitaires en Europe. Il se trouvait en Allemagne pendant la guerre franco-allemande et se porta volontaire à titre de chirurgien militaire, sans solde, dans l’armée prussienne. Durant ce séjour, il acquit pour le peuple allemand et sa culture une admiration qui ne se démentit jamais. C’est probablement de cette époque que date son intérêt pour les maladies de la peau, qui jouerait un rôle de premier plan dans sa vie professionnelle. Graham quitta l’Allemagne pour aller étudier à Vienne, puis à Londres où il fut agréé par le Royal College of Physicians.

Après ce programme spécial de perfectionnement qu’il s’était lui-même imposé mais qui n’était pas rare à l’époque, Graham revint à Toronto en 1872 et se gagna à la fois une clientèle nombreuse et la réputation de s’occuper de ses patients avec soin et application. Dans des périodiques, tels le Canadian Journal of Medical Science et les Transactions de l’Association of American Physicians de Philadelphie, il publia fréquemment le compte rendu de ses observations sur un grand nombre de sujets, dont les maladies de la peau et du foie, la typhoïde et la tuberculose. De plus en plus de gens, malades comme médecins, le consultaient. Membre du personnel médical du Toronto Général Hospital à partir de 1875 environ, il enseigna à la fois dans cet établissement et à la Toronto School of Medicine. Reconnu comme le « père de l’enseignement clinique au pays » – titre qui n’est pas sans importance étant donné l’intérêt grandissant qu’on portait à l’époque pour cette forme de transmission des connaissances –, Graham ouvrit la voie à l’enseignement moderne de la médecine.

Au fur et à mesure que sa clientèle augmentait, Graham trouvait de plus en plus difficile de maintenir l’objectif d’excellence qu’il s’était fixé et, vers 1880, il devint l’un des premiers praticiens nord-américains à travailler exclusivement en qualité de consultant. Toujours fasciné par les maladies de la peau, c’est dans ce domaine largement négligé qu’il allait se faire connaître. Très tôt, il fit partie de l’American Dermatological Association, fondée en 1876, et en fut élu président en 1888. Il occupa aussi des postes de responsabilité dans d’autres associations professionnelles : président de la Toronto Médical Society, de l’Ontario Pathological Society, de l’Ontario Médical Association et de l’Association médicale canadienne. Professeur de médecine clinique à la University of Toronto à compter de 1887 et professeur de médecine à compter de 1892, il fut élu deux fois au « sénat » de cette université.

Bien que substantielle, la contribution de Graham à la médecine nord-américaine est souvent passée inaperçue chez ses contemporains. Heureusement, Osler, qui était déjà un éminent professeur de médecine à la University of Pennsylvania, n’hésitait jamais à reconnaître les réalisations de ses collègues ; il souligna, par exemple, que l’on avait fondé l’Association of American Physicians en 1885 à la suite d’une suggestion de Graham au docteur James Tyson de Philadelphie. Fait à signaler, c’est également Graham qui incita, pendant les années 1890, plusieurs jeunes médecins canadiens de talent à aller étudier avec Osler et ses collègues à l’école de médecine de la Johns Hopkins University, à Baltimore, l’une des meilleures au monde. Ces hommes, dont Llewellys Franklin Barker, Thomas Barnes Futcher, Thomas McCrae et Thomas Stephen Cullen, devinrent à leur tour des chefs de file dans le domaine médical partout en Amérique du Nord pendant la première moitié du xxe siècle.

James Elliot Graham avait commencé à être malade au début des années 1880, atteint d’un diabète qui s’était déclaré tardivement mais qu’il pouvait surmonter grâce à un régime alimentaire. En 1899 cependant, il contracta une pneumonie, et le diabète s’aggrava. Au mois de juin, il se rendit dans la région de Muskoka dans l’espoir de reprendre des forces, mais un coma diabétique l’emporta le 7 juillet. Sa maison, au 70 de la rue Gerrard Est, est devenue en 1982 un centre pour jeunes sans-abri.

Charles G. Roland

James Elliot Graham a produit quelque 57 articles et rapports sur des sujets médicaux, dont 21 concernent la dermatologie. Voici quelques-uns de ses écrits les plus importants : « The external treatment of some of the more common skin diseases », Canadian Journal of Medical Science (Toronto), 4 (1879) : 83–85, 118–119 ; « Leprosy in New Brunswick », Canada Medical & Surgical Journal (Montréal), 12 (1882–1883) : 153–213 ; « General exfoliative dermatitis », Journal of Cutaneous and Venereal Diseases (Chicago), 1 (1883) : 390–395 ; « Skin eruption produced by the bromide of potassium », Canadian Practitioner (Toronto), 14 (1889) : 407–409 ; « The treatment of typhoid fever », 16 (1891) : 53–61 ; « The treatment of tuberculosis », Montreal Medical Journal, 21 (1892) : 253–275 ; et « Poisoning by illuminating gas », Canada Lancet (Toronto), 29 (1896–1897) : 425–434. Une bibliographie complète, « Bibliography of Dr. James Elliot Graham », compilée par H. J. Hamilton, au moment de la mort de Graham, figure aux pages 229–230 de l’ouvrage de R. R. Forsey, « James Elliot Graham, Canada’s first dermatologist », Arch. of Dermatology (Rochester, Minn.), 99 (1969) : 226–231.

AN, RG 31, C1, 1861, Peel County : 38.— UTA, A73-0026, J. E. Graham file.— British Medical Journal (Londres), juill.–déc. 1899 : 317 (notice nécrologique incluant un hommage de [William] Osler).— I. H. Cameron, « The overcrowding and the decadence of scholarship in the profession », Montreal Medical Journal, 28 (1899) : 649–662.— Canadian Practitioner and Rev. (Toronto), 24 (1899) : 480–484.— William Osler et Thomas McCrae, Cancer of the stomach ; a clinical study (Philadelphie, 1900).— Brampton Conservator (Brampton, Ontario), mars 1899.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Centennial history of American Dermatological Association, 1876–1976, F. J. Szymanski, compil. ([Philadelphie], 1976), 62.— H. A. Kelly et W. L. Burrage, American medical biographies (Baltimore, Md., 1920), 1337.— H. [W.] Cushing, The life of Sir William Osler (2 vol., Oxford, Angl., 1925 ; réimpr. en 1 vol., Londres et Toronto, 1940).— H. E. MacDermot, History of the Canadian Medical Association (2 vol., Toronto, 1935–1958), 1 : 201.— Donald Jones, « Modern mission brings new life to famous doctor’s old mansion », Toronto Star, 27 févr. 1982 : F14.

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Charles G. Roland, « GRAHAM, JAMES ELLIOT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/graham_james_elliot_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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