Titre original :  Alfred Fyen 1908 à 1923

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Fyen, Alfred (à sa naissance, il reçut les prénoms d’Alfred-François), ingénieur civil, professeur et directeur d’école, né le 7 mars 1865 à Bruxelles, fils d’Alfred-Jean-Baptiste Fyen et de Jeanne-Wilhelmine Kelder ; il épousa Marie-Joséphine Francart (décédée le 22 mars 1917), puis le 29 octobre 1917 à Montréal, Éva Désy, et de ce mariage naquirent quatre filles et un fils ; décédé le 2 novembre 1934 à Montréal.

Alfred Fyen grandit au sein d’une famille catholique, francophone et industrielle de Bruxelles. Son père, faïencier, possédait une manufacture de porcelaine, dans laquelle il fabriquait des pièces pour usage domestique. Contrairement à la tradition chez les fils de faïenciers, Alfred ne reprit pas la manufacture paternelle. Il étudia à l’université libre de Bruxelles entre 1881 et 1884.

En juillet 1885, Fyen s’engagea comme volontaire dans le 1er régiment de Lanciers, un régiment de cavalerie qui tenait garnison à Namur. Il se distingua par son premier rang au cours d’équitation. En novembre 1888, il arriva à l’école royale militaire de Bruxelles, haut lieu de formation des officiers de l’armée belge. Il y suivit une formation combinée d’artilleur et d’ingénieur militaire. En mai 1893, il sortit de l’école avec le grade de sous-lieutenant d’artillerie. Sa carrière progressa : il accéda au grade de lieutenant en 1897 et fut nommé adjudant, chargé d’assister le directeur de l’école de tir, près d’Anvers, en 1903.

Un établissement industriel de Montréal ayant accepté de le mettre à l’essai comme ingénieur, Fyen s’engagea sur la voie d’une nouvelle carrière en août 1903. Il semble que Fyen n’ait pas occupé longtemps ce poste d’ingénieur à Montréal. En effet, il organisa à Québec un cours central de préparation, où les étudiants étaient formés pour être admis soit à l’École polytechnique de Montréal, soit au Royal Military College of Canada, à Kingston, en Ontario, ou pour se présenter aux concours d’ordres professionnels techniques (dans les domaines du génie et de l’arpentage, par exemple). À la demande du président de la Corporation des arpenteurs-géomètres de la province de Québec, Joseph-Narcisse Gastonguay*, appuyé par la Chambre de commerce de Québec, l’université Laval à Québec créa l’École centrale de préparation et d’arpentage en 1907. Fyen fut le directeur des études de cette école, où il donna aussi des cours de mathématiques, de calcul infinitésimal, de géométrie descriptive et de mécanique. De plus, il signa, en 1907, deux traités pour l’enseignement de l’algèbre et de l’arithmétique.

Fyen ne demeura pas longtemps à Québec. Quand le directeur des études de l’École polytechnique de Montréal, Émile Balète, prit sa retraite, le premier ministre de la province de Québec, Lomer Gouin*, demanda à Fyen de le remplacer. À la nomination de Fyen, le 10 août 1908, l’École polytechnique était annexée à la faculté des arts de l’université Laval. Au terme de l’année scolaire 1907–1908, elle comptait 12 professeurs pour 172 étudiants. Le nouveau directeur fut « assommé de besogne » dès son entrée en fonction, comme il l’écrivit dans une lettre le 20 septembre 1908.

Pendant l’année scolaire 1908–1909, Fyen mit en œuvre l’installation de laboratoires d’électricité, de chimie et de mines, proposée par Balète. Fyen se différencia toutefois de son prédécesseur par l’introduction de cours d’humanités et de sciences naturelles en vue de former des « hommes complets », tel qu’il le déclara dans un discours publié en 1908 dans la Revue canadienne. À partir de l’année scolaire 1909–1910, Fyen ajouta une année aux programmes d’ingénieur civil et d’architecte de l’École polytechnique, pendant laquelle les étudiants se préparaient aux examens d’admission de cette école et aux exigences des études scientifiques ; celle-ci s’avéra nécessaire à la diminution du nombre d’échecs. Dans l’espoir de former non seulement des ingénieurs civils, mais aussi des ingénieurs en mines, en électricité, en hydraulique et en chemins de fer, Fyen dirigea la création d’une année de cours de spécialisation ; des étudiants pouvaient choisir de s’y inscrire en fin de programme. Parmi ces spécialisations, seule celle de chimie industrielle subsisterait (1917–1958), et ce, grâce à l’appui du professeur Louis Bourgoin et à l’aide financière de la Chambre de commerce du district de Montréal (1917) et de Joseph-Émile Vanier (1923–1933), diplômé de la première promotion de l’École polytechnique et ingénieur-conseil.

En tant que directeur des études, Fyen contribua à l’aménagement d’un atelier de préparation mécanique, d’un musée, de salles de dessin et du laboratoire des essais de matériaux de construction et de routes. En outre, il appuya les travaux de l’Association des anciens élèves de l’École polytechnique de Montréal et la publication de son organe, la Revue trimestrielle canadienne. Il créa l’École d’arts décoratifs et industriels (1912–1917) et participa au développement de la section d’architecture, dont les professeurs furent mutés à l’école des beaux-arts de Montréal, fondée en 1922. Fyen augmenta la taille du corps professoral en recrutant des diplômés de l’École polytechnique et des professeurs d’origine belge et française. Le nombre de professeurs doubla dès l’année scolaire 1908–1909 pour se stabiliser ensuite à un peu moins de 30. Le nombre d’élèves diminua légèrement sous la direction de Fyen, en raison, notamment, de la Première Guerre mondiale.

Le mandat de Fyen ne fut pas renouvelé en juillet 1923. Appuyé par la Corporation de l’École polytechnique, Vanier proposa que, pour la première fois, le directeur des études soit plutôt un diplômé de l’école. La corporation créa alors, spécialement pour Fyen, le poste de directeur honoraire ; l’ancien directeur put ainsi renseigner Augustin Frigon*, le nouveau, sur ses fonctions. À partir de septembre 1923, Fyen enseigna les mathématiques à l’École polytechnique et à l’école des beaux-arts de Montréal. Il dirigea également, dans la même ville, une école centrale de préparation semblable à celle qu’il avait fondée à Québec. Il demeura directeur et professeur jusqu’à son décès en 1934.

Fyen avait été naturalisé sujet britannique en 1911 ; il resta néanmoins profondément attaché à sa mère patrie. Il retournait régulièrement voir famille, amis et collègues de l’armée en Belgique. Après la Première Guerre mondiale, il fonda et dirigea le Comité canadien pour la restauration de la bibliothèque de l’université de Louvain, incendiée par des soldats allemands. À partir de 1921, et durant plus d’une décennie, il s’illustra particulièrement en tant que président de la Société belge de bienfaisance. Cette association s’occupait des immigrants belges qui avaient besoin d’argent, de travail, de logement, de vêtements et de charbon pour survivre, ou qui voulaient retourner dans leur pays. En reconnaissance de sa contribution, la Belgique le fit chevalier de l’ordre de Léopold II en 1924 et chevalier de l’ordre de la Couronne en 1930.

Malgré son tempérament sévère et sa discipline militaire, Alfred Fyen était aussi capable de générosité. Il aimait recevoir des amis à sa maison de campagne à Oka. Il vécut la fin de sa vie entouré de ses cinq jeunes enfants et de sa femme qu’il avait rencontrée lorsqu’elle revint d’un voyage en Inde où avait travaillé son père, Louis-Arsène Désy, ingénieur et architecte de Montréal. Fyen s’éteignit à Montréal à l’âge de 69 ans des suites d’une opération à l’estomac.

Jean-François Auger

Nous tenons à remercier Roger Fyen, de Montréal, pour l’entrevue qu’il nous a accordée le 21 juillet 2005 et pour l’accès à ses archives privées qui contiennent des documents officiels, des lettres et des photographies.

Alfred Fyen est l’auteur de : Algèbre [...] (Québec, 1907) ; Traité d’arithmétique [...] (Québec, 1907) ; « Discours de M. Fyen, directeur de l’École polytechnique », Rev. canadienne (Montréal), nouv. sér., 2 (juillet–décembre 1908) : 318–325 ; « Cours de géométrie descriptive » (texte polycopié, [Montréal ?], s.d.) ; « Projets d’épures de géométrie descriptive » (texte polycopié, [Montréal ?], s.d.). De plus, il a publié les rapports annuels de l’École polytechnique de Montréal pour les années 1909 à 1924 : Québec, Dép. de l’Instruction publique, Rapport du surintendant de l’Instruction publique de la province de Québec, 1910–1924.

Arch. de l’École polytechnique de Montréal, Procès-verbaux de la corporation, 10 août 1908 ; 2 févr. 1915 ; 16, 30 juill., 8 oct. 1923.— Arch. du Musée royal de l’armée et d’hist. militaire (Bruxelles), Dossier 11813.— BAnQ-CAM, CE601-S1, 29 oct. 1917 ; CE601-S35, 6 nov. 1934 ; CE601-S51, 28 mars 1917.— Centre de référence de l’Amérique française (Québec), Fonds du séminaire de Québec, Univ., MS-34.8 ; SME 9/168/20a ; SME 9/168/20b ; SME 9/174/70a ; Univ. 52/76.— Le Devoir, 2–3 nov. 1934.— Armand Circé, « Vie de l’école et de l’association », Rev. trimestrielle canadienne (Montréal), 21 (1935) : 102–103.— Robert Gagnon et A. J. Ross, Histoire de l’École polytechnique, 1873–1990 : la montée des ingénieurs francophones (Montréal, 1991).— Jean Hamelin, Histoire de l’université Laval : les péripéties d’une idée (Sainte-Foy [Québec], 1995).— Olivier Maurault, l’École polytechnique de Montréal, 1873–1948 ([Montréal, 1948]).— Univ. Laval, Annuaire, 1908–1909.— André Vermeirre, l’Immigration des Belges au Québec (Sillery [Québec], 2001).— Lowet de Wotrenge, « Essai sur les porcelaines dites de Bruxelles », Soc. royale d’archéologie de Bruxelles, Annales, 36 (1931) : 166–167.

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Jean-François Auger, « FYEN, ALFRED (Alfred-François) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fyen_alfred_16F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-François Auger
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2015
Année de la révision:    2015
Date de consultation:    28 novembre 2024