FRASER, DONALD, journaliste, homme d’affaires et homme politique, né en 1810 ou 1811 en Écosse ; décédé le 2 octobre 1897 à Londres.
On sait peu de chose sur les origines de Donald Fraser, si ce n’est qu’il grandit à Inverness, en Écosse, où il eut comme camarades de classe Alexander Grant Dallas*, futur gouverneur de Rupert’s Land, et John Cameron Macdonald, qui allait devenir directeur du Times de Londres. Selon son contemporain Gilbert Malcolm Sproat*, Fraser étudia le droit dans sa jeunesse puis « se lança en affaires et gagna de l’argent » au Chili et en Californie. Il était allé à ce dernier endroit en 1849, au moment de la ruée vers l’or, en qualité de correspondant spécial du Times. Au printemps de 1858, ayant entendu les mineurs qui en revenaient parler de l’or de la vallée du Fraser, il décida de se rendre à Victoria, dans l’île de Vancouver. Il y arriva en juin, nanti d’une lettre d’introduction du consul de Grande-Bretagne à San ; Francisco pour le gouverneur James Douglas*.
Fraser avait rédigé à San Francisco son premier reportage sur la ruée vers l’or de la Colombie-Britannique, après avoir parlé avec des mineurs ; la tournée du district minier qu’il effectua avec Douglas en septembre 1858 ne vint en rien ternir son optimisme. Ses articles parurent périodiquement dans le Times jusqu’à l’automne de 1860, et reprirent l’année suivante après qu’on eut découvert de l’or dans la région de Cariboo. Robert Michael Ballantyne, qui préparait alors un guide de la région, trouva les reportages de Fraser si enthousiastes qu’il décrivit les rivières de Colombie-Britannique comme de « purs lits d’or, si abondant que c’en [était] plutôt dégoûtant ». On vit toutefois plus d’un mineur revenir les mains vides en maudissant Donald Fraser.
Impressionné par la personnalité et les « grandes connaissances juridiques » de Fraser, le gouverneur Douglas en fit rapidement son confident et son conseiller officiel, en même temps qu’un promoteur en vue de l’île de Vancouver. Alors qu’il faisait la tournée des régions aurifères, Douglas nomma Fraser et deux autres personnes membre d’un tribunal à fort Hope (Hope, Colombie-Britannique) pour juger un mineur accusé de meurtre. En octobre 1858, toujours grâce à Douglas, Fraser devint membre du Conseil de l’île de Vancouver, poste qu’il occupa jusqu’en mars 1862. Il siégea également au Conseil législatif d’avril 1864 à juillet 1866.
À Victoria, Fraser s’occupa de diverses opérations commerciales et fit tant de spéculation foncière qu’il en vint à posséder plus de terrains que n’importe quel autre résident de l’endroit. Il gagna aussi du prestige dans la communauté en prenant position sur des questions politiques controversées ; il s’opposa notamment à l’imposition des biens immobiliers et à l’union avec la colonie de la Colombie-Britannique. À titre de membre du conseil, il joua un rôle de premier plan en novembre 1864 dans le rejet, par la chambre d’Assemblée de l’île de Vancouver, d’une proposition du ministère des Colonies voulant que la colonie assume la liste civile, en échange de quoi elle pourrait disposer à sa guise des recettes engendrées par la vente des terres de la couronne [V. sir Arthur Edward Kennedy*]. Après que l’île de Vancouver eut cessé d’être une colonie distincte pour s’annexer à la Colombie-Britannique en 1866, Fraser retourna en Angleterre et travailla activement, avec Sproat et Dallas, à ce qu’ils appelaient le London Committee for Watching the Affairs of British Columbia, puissant lobby formé pour protéger l’hégémonie chancelante de Victoria sur le continent et obtenir le transfert de la capitale, de New Westminster à Victoria – ce qui se réalisa en 1868 [V. Frederick Seymour*].
Donald Fraser passa les 30 dernières années de sa vie en Angleterre. Au moment de l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération en 1871, la presse locale annonça qu’il revenait à Victoria, et certains crurent même qu’on le nommerait sénateur. De fait, il revint à l’île de Vancouver en septembre 1872, mais pour six mois seulement, et passa la plupart de son temps avec son vieil ami Douglas. Ce dernier écrivit à la plus jeune de ses filles, Martha : « Je suis sorti avec M. Fraser presque toute la journée hier ; j’ai beaucoup de plaisir en sa compagnie. Il sait un tas de choses, sa mémoire est prodigieuse, il n’oublie rien. Il aime beaucoup les dîners tranquilles et les soirées sociales à la baie James. » Fraser décéda de mort naturelle en 1897. Sa notice nécrologique, dans le Times, fut remarquablement concise : « Le 2 octobre, à Ben Blair, Putneyhill, Londres, donald fraser, autrefois de Victoria, Colombie-Britannique, âgé de 86 ans. »
On doit glaner les renseignements sur Donald Fraser dans des articles de journaux et des écrits de ses contemporains. Voir ses comptes rendus dans le Times (Londres), 1858–1863, ainsi que dans des communiqués de la presse locale, surtout dans le British Colonist (Victoria), 1858–1860, et son successeur, le Daily Colonist, 1860–1866, 15 nov. 1871, 6 oct. 1897.
PABC, Add. mss 257 ; Add. mss 505 ; B/40/4, particulièrement 10 sept. 1872.— John Emmerson, British Columbia and Vancouver Island ; voyages, travels, & adventures (Durham, Angl., 1865).— Handbook to the new gold fields ; a full account of the richness and extent of the Fraser and Thompson River gold mines [...], R. M. Ballantyne, édit. (Édimbourg, 1858).— Times, 6 oct. 1897.
James E. Hendrickson, « FRASER, DONALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_donald_12F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
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