DRAKE, FRANCIS WILLIAM, officier de marine et gouverneur de Terre-Neuve, décédé en 1788 ou 1789.

Francis William Drake était un frère cadet de sir Francis Henry Drake, dernier baronnet du nom dans la succession de sir Francis Drake*. La date et le lieu de sa naissance sont inconnus et, dans les récits qu’on a donnés de sa vie, certains détails ont été confondus avec d’autres relatifs à son frère cadet, lui aussi officier de marine, qui mourut vers le même temps que lui. Avant 1750, Drake commanda plusieurs navires. L’un d’entre eux, le Fowey, fit naufrage dans le golfe du Mexique en 1748, mais Drake fut exonéré par une cour martiale. Bien que nommé gouverneur de Terre-Neuve en 1750, il exerça de facto les fonctions de gouverneur sous l’autorité du commodore George Brydges Rodney, l’officier supérieur de la marine à la station, en 1750 et 1751, avant de les assumer à part entière en 1752.

L’importance du gouvernement de Drake tient à la création de cours criminelles à Terre-Neuve. Auparavant, les personnes accusées de crimes étaient transportées en Angleterre pour y subir leur procès. Bien que le projet des instructions destinées au gouverneur Philip Vanbrugh, en 1738, ait contenu des provisions pour la création de semblables cours, ces provisions furent ensuite supprimées à cause de l’opposition faite au parlement par les marchands du sud-ouest de l’Angleterre, qui craignaient que tout nouveau pouvoir conféré aux gouverneurs navals ne limitât l’autorité de leurs propres capitaines de navires. Le gouvernement britannique demanda, toutefois, l’opinion d’experts en droit, qui indiquèrent que la création de ces cours ne contreviendrait pas aux lois déjà existantes, et procéda, en 1750, à la création de cours d’assises. Drake fut autorisé à nommer des commissaires, qui présideraient aux procès réguliers avec jury. Il reçut aussi pouvoir de gracier tout coupable, sauf pour les meurtres prémédités, en quels cas il pouvait accorder une commutation de la peine capitale si les circonstances le justifiaient. Dans les cas de sentences impliquant la « perte de la vie ou d’un membre », Drake devait faire un rapport complet au gouvernement métropolitain, accompagné d’une transcription intégrale des documents de cour, pour que les condamnations à mort puissent être avouées ou désavouées par la couronne. Il fut par la suite autorisé à permettre les exécutions des condamnés sans recourir à la couronne, sauf dans les cas impliquant des officiers et des hommes de la marine royale ou de la marine marchande.

Même si les cours ne siégeaient que pendant la courte période de l’année où le gouverneur était présent dans l’île, elles diminuèrent efficacement l’illégalité qui avait cours à Terre-Neuve, et particulièrement à St John’s. Drake, cependant, répugnait à prononcer des sentences de mort et renvoyait en Angleterre, pour examen, tous les cas, ou presque, entraînant la peine capitale. On ignore si cette répugnance venait de ce qu’il n’était pas familier avec le droit criminel, ou de la pensée que la connaissance, plus que l’exemple, que l’on avait de son pouvoir de condamner à la peine capitale était suffisante pour dissuader les criminels éventuels.

En 1753, Drake fut remplacé, au gouvernement de Terre-Neuve, par le capitaine Hugh Bonfoy* et, pendant la guerre de Sept Ans, il servit à la station d’Amérique et aux Antilles. Durant la Révolution américaine, il fut en poste dans les Downs et à Portsmouth, Angleterre ; en septembre 1780, il fut promu vice-amiral de l’escadre bleue et nommé au commandement d’une escadre de la flotte de la Manche, sous les ordres du vice-amiral George Darby. Toutefois, de cruelles attaques de goutte réduisirent ses aptitudes au commandement et mirent abruptement fin, cette année-là, à sa carrière active. Il fut néanmoins promu vice-amiral de l’escadre rouge en septembre 1787. Le 23 janvier 1788, à Ripley, il épousa, après avoir obtenu un permis spécial, la fille unique, encore mineure, de George Onslow, député de Guildford au parlement durant plusieurs années. Drake mourut à la fin de cette année ou au début de 1789.

Frederic F. Thompson

Robert Beatson, Naval and military memoirs of Great Britain from 1727 to 1783 (2e éd., 6 vol., Londres, 1804).— Charnock, Biographia navalis, VI : 61.— DNB (biographie de sir Francis Samuel Drake).— R. G. Lounsbury, The British fishery at Newfoundland, 1634–1763 (New Haven, Conn., 1934 ; réimpr., New York, 1969), 275s., 298, 300.— A. H. McLintock, The establishment of constitutional government in Newfoundland, 1783–1832 : a study of retarded colonisation (Londres et New York, [1941]).

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Frederic F. Thompson, « DRAKE, FRANCIS WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/drake_francis_william_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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