Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3470462
COFFIN, WILLIAM FOSTER, soldat, auteur et fonctionnaire, né à Bath, Angleterre, le 5 novembre 1808, fils d’un officier de l’armée et petit-fils de John Coffin*, loyaliste de Boston qui était arrivé à Québec en 1775 et s’était distingué dans la défense de cette ville contre les Américains en 1775 et 1776, décédé à Ottawa le 28 janvier 1878.
La famille Coffin émigra à Québec en 1813. Son père étant militaire, William Foster eut donc conscience, encore enfant, des répercussions de la guerre de 1812. À la même époque, il apprit le français chez le curé de Beauport. En 1815, une fois la guerre terminée, les Coffin retournèrent en Angleterre et, pendant neuf ans, William étudia à Eton. Il chercha peut-être à faire carrière dans les colonies parce que son oncle, Thomas Coffin*, habitait Québec et faisait partie du Conseil législatif du Bas-Canada. Il arriva au Canada en 1830, se plaça comme clerc à Montréal et, après avoir étudié le droit sous la direction de Charles Richard Ogden* et d’Alexander Buchanan*, fut admis au Barreau du Bas-Canada en 1835. Deux ans plus tard, il prit une part active dans l’armée des volontaires qui combattaient les Patriotes, servant d’interprète et intervenant afin de protéger les habitants et d’empêcher certains volontaires de piller les églises.
Ses études de droit et cette preuve de loyauté contribuèrent, au cours des années qui suivirent, à orienter la carrière de Coffin. En 1838, sir John Colborne* le nomma secrétaire civil adjoint pour le Bas-Canada – poste créé dans le but d’organiser une force policière dans la province – et en 1839, il devint magistrat de police. En 1840, Coffin fut nommé préfet de police pour le Bas-Canada et, deux ans plus tard, shérif adjoint du district de Montréal. Il résigna cette dernière fonction en 1851, quand le parlement réduisit subitement de moitié le traitement attaché à ce poste. En qualité de préfet de police, Coffin devait souvent enquêter sur des affaires d’ordre public. En 1840, il procéda à l’examen de l’état de la prison de Montréal et des conditions qui y régnaient ; en 1841, il conduisit une enquête sur les désordres qui s’étaient produits dans la réserve indienne de Caughnawaga et sur les émeutes survenues à Toronto pendant la période des élections [V. Monro]. En 1854, il enquêta sur les accidents du Great Western Railway et, l’année suivante, sur l’état des affaires de l’University of Toronto. En 1855, on l’envoya dans la Gatineau pour y maintenir l’ordre qui était « alors gravement menacé par des rebelles, ce qui causait beaucoup d’inquiétude dans l’industrie forestière ». Pendant ce temps, Coffin achetait des terres, amassait des biens et se portait acquéreur d’importants intérêts dans les compagnies de chemin de fer reliant Montréal et New York.
En 1855, par suite de la guerre de Crimée, la Grande-Bretagne réduisit les effectifs de ses garnisons au Canada ; celles-ci atteignirent leur niveau le plus bas depuis des décennies. Un sentiment d’intense patriotisme allié à une certaine inquiétude devant les possibilités d’une guerre avec les États-Unis décida le gouvernement du Canada-Uni à reviser toute l’organisation de sa milice. Pour la première fois, il accorda l’autorisation officielle de créer des unités de milice formées de volontaires. Coffin, major dans l’ancienne milice, fut un de ceux qui se prévalurent de la nouvelle législation et organisèrent la seule batterie de campagne de la milice à Montréal. L’organisation d’une artillerie de campagne comprenant le louage des chevaux, le recrutement des hommes et l’emmagasinage de l’équipement en plus de la mise sur pied d’un programme d’entraînement assez complexe, seul un homme enthousiaste et riche pouvait mener cette difficile entreprise à bonne fin.
Dans le but d’encourager les Canadiens à organiser leur propre défense de façon permanente, le gouvernement britannique décida en 1856 de remettre aux autorités provinciales la plupart des terres de l’intendance militaire situées en territoire canadien. Le gouvernement canadien, non sans méfiance, accepta le cadeau. Sur les conseils du gouverneur général sir Edmund Walker Head*, on nomma Coffin commissaire des terres de l’intendance, fonction qu’il remplit jusqu’à la fin de sa vie. Ayant choisi d’habiter Ottawa, il abandonna le commandement de la batterie de campagne de Montréal. En reconnaissance pour ses états de service, il fut promu lieutenant-colonel.
Comme on pouvait le prévoir, Coffin lutta ferme pour que la politique du gouvernement canadien répondît à l’attente des Britanniques. Les terres de l’intendance, fit-il valoir, « constituent un capital dont l’intérêt annuel, si on s’en tient à l’estimation suggérée, surpassera les besoins actuels de la milice de la province ». Les seuls loyers des terrains et des bâtiments situés à Ottawa pouvaient rapporter, aux fins de la défense militaire, un million de dollars par an. Les efforts que déploya Coffin pour que les biens de l’intendance fussent remis à l’armée canadienne se révélèrent inutiles ; les bureaux et les revenus de son service furent très vite dévorés par l’énorme ministère des Terres de la couronne. Il travailla encore pendant 18 ans comme fonctionnaire, pour le gouvernement de la province du Canada d’abord, puis pour celui du dominion.
Tout au long de sa vie, Coffin soutint avec force que son grand-père avait joué un rôle clé dans la défense de Québec en 1775 et, par conséquent, dans le maintien de la puissance britannique en Amérique du Nord. La décennie de 1860 apportant de nouvelles menaces de guerre avec les États-Unis, Coffin s’attaqua alors à une tâche patriotique de plus grande envergure et publia 1812 : the war and its moral. En s’efforçant de condamner les préjugés patriotiques de l’auteur, John Charles Dent*, son jeune contemporain, ne fit que mettre en relief les intentions de l’œuvre : neutraliser les récits à sensation que les Américains faisaient de la guerre et offrir « un antidote contre la littérature américaine de l’heure ». La ferveur avec laquelle est présenté l’héroïsme de sir Isaac Brock*, de Tecumseh*, de Laura Secord [Ingersoll*] et des miliciens canadiens a enrichi une mythologie dont se nourrissent les écoliers canadiens-anglais depuis plus d’un siècle. En mettant en relief l’importance de Charles-Michel d’Irumberry* de Salaberry et de la bataille de Châteauguay, Coffin fit de son mieux pour donner aux deux peuples fondateurs du Canada les légendes héroïques nécessaires, croyait-il, à l’épanouissement d’un sentiment national commun.
Par la suite, Coffin écrivit encore mais surtout des conférences. Celles qui nous sont parvenues comme Thoughts on defence, from a Canadian point of view et Quirks of diplomacy font preuve d’un sentiment toujours croissant de nationalisme canadien. Même après le retrait des troupes britanniques du centre du pays en 1870 et 1871, Coffin a soutenu que le Canada pouvait se défendre contre une attaque américaine. D’autre part, si les Britanniques décidaient de favoriser leurs relations diplomatiques avec les États-Unis aux dépens du Canada, les Canadiens devraient en être dédommagés.
Coffin refusa en 1873 le poste de lieutenant-gouverneur du Manitoba. Cinq ans plus tard, il mourut « Aux Écluses », sa propriété près d’Ottawa. Le 6 juillet 1841, il avait épousé à Boston Margaret Clark, elle-même loyaliste et issue d’une famille de militaires. Elle lui survécut ainsi que son fils, Thomas.
APC, FM 30, D62 (Papiers Audet), 8, pp.565–569.— W. F. Coffin, 1812, the war and its moral ; a Canadian chronicle (Montréal, 1864) ; [——], Memorial of William F. Coffin to His Excellency Sir Edmund Walker Head (Montréal, 1855) ; Quirks of diplomacy ; read before the Literary and Scientific Society of Ottawa, January 22, 1874 (Montréal, 1874) ; [——], Thoughts on defence, from a Canadian point of view [...] (Montréal, 1870).— Dom. ann. reg., 1878, 333s.— E. J. Chambers, The origin and services of the 3rd, (Montreal) field battery of artillery, with some notes on the artillery of by-gone days, and a brief history of the development of field artillery (Montréal, 1898).— Dent, Last forty years, II : 566.— Hodgetts, Pioneer public service.
Desmond Morton, « COFFIN, WILLIAM FOSTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/coffin_william_foster_10F.html.
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Auteur de l'article: | Desmond Morton |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
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