Titre original :  Une remarquable tradition musicale

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CASAVANT, JOSEPH, facteur d’orgues, né à Saint-Hyacinthe en 1807, fils de Dominique Casavant et de Marie Desanges Coderre, décédé dans sa ville natale le 9 mars 1874.

Joseph Casavant se fit d’abord forgeron. Il aimait bien quitter parfois la musique de l’enclume pour écouter l’unique piano de son village, chez le seigneur de Saint-Hyacinthe, Jean Dessaulles. Doué d’un esprit curieux et entreprenant, il abandonne à 27 ans son métier de forgeron et se rend à Sainte-Thérèse, avec $16 en poche, pour étudier sous la direction du curé Charles-Joseph Ducharme*, qui venait de fonder un petit séminaire. Tout en demeurant au village, Casavant étudie au presbytère. Il n’a rien perdu de son goût pour la musique et il passe des heures « à tirer des sons d’un vieux, piano et d’un violon de sa propre fabrication ». L’ingéniosité naturelle de son élève amène Ducharme à lui conseiller d’étudier le mécanisme de l’orgue. Le curé lui prête les ouvrages de dom François de Bédos de Celles, dont un immense traité, l’Art du facteur d’orgues, dans lequel Casavant s’initie à la facture et apprend son nouveau métier. Bientôt c’est le succès, car il réussit à terminer un orgue inachevé, qui se trouvait au presbytère, et à lui donner vie. Le résultat est tel que, dès 1840, il est en mesure d’entreprendre, à son atelier de Saint-Hyacinthe, l’exécution d’un orgue pour l’église paroissiale de Saint-Martin, sur l’île Jésus.

En 1843, il met en vente un autre instrument, de douze jeux et, en 1844, c’est la fabrique de Saint-Jean (comté de Laval) qui veut avoir son orgue Casavant. C’est sans doute à cette époque qu’il associe à son entreprise Augustin Lavallée, père de Calixa Lavallée*, auparavant forgeron comme lui. La renommée grandissante de Casavant lui vaut bientôt la commande d’un orgue pour l’église de Bytown (Ottawa). Il s’installe provisoirement dans cette ville et c’est là qu’il épouse, le 19 juin 1850, Marie-Olive Sicard de Carufel. Deux fils naissent de cette union : Claver, le 16 septembre 1855, et Samuel, le 5 avril 1859.

Entre-temps, Joseph reçoit de plus en plus de commandes et multiplie les beaux instruments. Citons ceux de Kingston (1854), de Longueuil (1860) et de Saint-Jérôme (1861). En 1866, Joseph Casavant qui se considère comme vieux très tôt, suivant la coutume de l’époque, cède son établissement à son assistant, Eusèbe Brodeur. Mais il pense à l’avenir de ses fils et il s’entend avec le nouveau propriétaire afin que celui-ci accueille Claver et Samuel dès qu’ils seront en âge d’apprendre leur métier.

L’histoire montre qu’il eut raison d’orienter ses fils vers la facture d’orgue. Ceux-ci devinrent, en effet, des maîtres et leur réputation s’est étendue dans toute l’Amérique et jusqu’en Europe. Si, aujourd’hui encore, le nom de Casavant demeure prestigieux, c’est sûrement à cause de la société fondée par les frères, Samuel et Claver. Mais si ces derniers ont acquis la renommée c’est parce que Joseph, leur père, a su leur insuffler le génie créateur et l’amour de l’art. Nous regrettons seulement qu’il ne subsiste rien, aujourd’hui, de ces instruments que bâtissait, il y a un siècle, un forgeron à l’âme chantante.

Antoine Bouchard

Cyclopædia of Can. biog. (Rose, 1888), 590.— The Encyclopedia of Canada, W. S. Wallace, édit. (6 vol., Toronto, 1935–1937), II : 10.— Émile Dubois, Le petit séminaire de Sainte-Thérèse, 1825–1925 (Montréal, 1925), 53s.— Frère Élie [J.-S. Phaneuf], La famille Casavant ; histoire, généalogie, documents, portraits (Montréal, 1914).— Gérard Morisset, Coup d’œil sur les arts en Nouvelle-France (Québec, 1941), 116, 118s.— Léonidas Bachand, L’orgue et les frères Casavant, La Vie canadienne (Montréal), I (1929) : 588–592.— Antoine Bouchard, Casavant Frères ; facteurs d’orgues depuis un siècle, Forces (Montréal), no 2 (1967) : 28–33.— Victor Morin, L’orgue, ce merveilleux instrument, Les conférences du club musical et littéraire de Montréal (Montréal), 1re sér., I (1941–1942) : 93–105.

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Antoine Bouchard, « CASAVANT, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/casavant_joseph_10F.html.

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Auteur de l'article:    Antoine Bouchard
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    28 novembre 2024