BRUNET, FRANÇOIS-XAVIER, prêtre et évêque, né le 27 novembre 1868 et baptisé deux jours plus tard dans la paroisse de Saint-André-d’Argenteuil, Québec, fils de François Brunet et de Léocadie Joly ; décédé le 7 janvier 1922 à Montréal.

En 1873, les parents de François-Xavier Brunet s’établissent à Ottawa, où son père exerce le métier de voiturier. François-Xavier fait ses études primaires chez les Frères des écoles chrétiennes puis son cours commercial et ses études classiques au collège d’Ottawa. Il obtient sa licence ès arts de cet établissement en 1890. Il opte alors pour la prêtrise et fait sa théologie au grand séminaire d’Ottawa. Le 23 septembre 1893, à l’âge de 24 ans, il est ordonné par Mgr Joseph-Thomas Duhamel*, archevêque d’Ottawa. D’abord vicaire à Ottawa, à Masson (Masson-Angers, Québec), à Thurso et à Aylmer, Brunet devient curé de Mayo, près de Buckingham au Québec, en 1895. Il y construit l’église paroissiale pour les familles irlandaises et fait ériger une chapelle pour les familles allemandes. Curé de Bourget, en Ontario, à compter de 1900, il est appelé, quatre ans plus tard, à servir comme secrétaire de Mgr Duhamel, puis de son successeur, Mgr Charles Hugh Gauthier.

Le 6 août 1913, Brunet est nommé évêque du nouveau diocèse de Mont-Laurier, né d’une subdivision de celui d’Ottawa en avril 1913. Dès 1879, après une décennie d’expéditions au nord de sa paroisse, le curé François-Xavier-Antoine Labelle*, de Saint-Jérôme, a avancé l’idée de subdiviser les diocèses de Montréal et d’Ottawa pour en créer un nouveau au nord. Il percevait alors son œuvre de colonisation agricole comme le rempart nécessaire face aux protestants du comté d’Argenteuil qui voulaient occuper le même territoire. Après le refus de l’évêque de Montréal de subdiviser son diocèse, Labelle s’en est remis aux autorités religieuses d’Ottawa qui ont fait cheminer le projet jusqu’en 1913, en changeant toutefois le siège de l’évêché prévu de Nominingue à Mont-Laurier. Brunet connaît bien les forces et les faiblesses du territoire agricole et forestier qu’on lui confie : à titre de secrétaire des évêques d’Ottawa, il a accompagné ces derniers dans leurs visites pastorales de toutes les paroisses de l’immense diocèse et a été chargé, en 1912, d’une enquête sur les avantages et les inconvénients d’ériger un diocèse dont le siège serait à Mont-Laurier. Reconnu pour son « esprit de travail », il accepte sa nomination avec humilité, car il sait ce qu’il lui en coûtera pour mettre sur pied le nouveau diocèse. Il est sacré évêque dans la cathédrale d’Ottawa le 28 octobre par son métropolitain, Mgr Gauthier, en présence de nombreux évêques et prêtres représentant le Québec, l’Ontario, l’Ouest canadien et les Maritimes. Il entreprend ensuite, en train, le voyage qui le conduit dans les Hautes-Laurentides. La réception à Mont-Laurier est magnifique : le cortège se dirige vers la petite église de bois dans un parcours balisé de drapeaux, de banderolles, d’arches de sapinage, de mâts de verdure et de lumières. C’est l’occasion pour le nouvel évêque de louanger l’œuvre du regretté curé Labelle et de feu Mgr Duhamel, les principaux artisans du développement spirituel et temporel de ces cantons du Nord qui deviennent son nouveau champ d’apostolat.

Mgr Brunet peut alors compter sur le dévouement de 48 prêtres relativement jeunes et sa priorité est l’organisation diocésaine. Il s’entoure d’hommes dont l’expérience et le dynamisme l’aideront dans ses projets : au poste de vicaire général, il nomme le curé Samuel Ouimet, de Saint-Jovite, l’un des plus proches collaborateurs du curé Labelle et qui est reconnu pour sa diplomatie et son habileté dans son travail de colonisateur et de conciliateur ; l’énergique curé Alphonse Génier, de Mont-Laurier, devient son procureur diocésain avec mandat de s’occuper de la construction d’un véritable évêché ; à la paroisse-cathédrale, il désigne le curé Joseph-Eugène Limoges, l’une des fortes personnalités de son clergé qui deviendra son successeur en 1922.

La besogne ne manque pas car tout est à faire. En 1913, le diocèse compte 30 400 catholiques, soit 4 240 familles francophones, 200 anglophones et 66 amérindiennes, réparties dans 28 paroisses et 7 missions. On dénombre moins de 2 000 protestants. Mgr Brunet met sur pied l’organisation spirituelle et temporelle, et doit en outre ériger les diverses constructions du diocèse naissant. Au printemps de 1914, il demande l’aide financière des fidèles pour l’érection de son évêché, qui sera inauguré le 28 octobre suivant, jour anniversaire de sa première année d’épiscopat. Avant même d’entreprendre la construction de sa cathédrale, il s’occupe de l’édification d’un séminaire diocésain. Le bâtiment est érigé près du nouvel évêché et, le 6 septembre 1915, avec le jeune supérieur l’abbé Rodolphe Mercure, Mgr Brunet accueille les 110 premiers élèves du séminaire Saint-Joseph, affilié à l’université Laval de Québec. Il donne lui-même les cours de théologie aux grands séminaristes. Plus qu’un programme d’études, il veut créer une atmosphère et inculquer un esprit de fraternité et de solidarité. Le 16 juin 1918, il bénit la pierre angulaire de sa cathédrale, belle construction de pierre qui surplombe les eaux de la rivière du Lièvre.

Durant son épiscopat de huit ans, Mgr Brunet préside à l’ordination de 29 nouveaux prêtres qui deviennent ses collaborateurs diocésains. Il décrète l’érection de 12 nouvelles paroisses et, à quatre reprises, il parcourt tous les cantons des vallées de la Gatineau, de la Lièvre, de la Rouge, de la Maskinongé et de la Diable afin de prendre connaissance des problèmes spirituels et temporels de ses diocésains. Au printemps de 1920, il effectue son premier et unique voyage ad limina à Rome auprès du pape Benoît XV.

En janvier 1921, Rome autorise Mgr Brunet à mettre sur pied la communauté des Sœurs de Notre-Dame de Mont-Laurier afin de répondre aux besoins en institutrices dans les écoles paroissiales de son diocèse. Un mois plus tard, il est l’un des évêques instigateurs de la fondation du séminaire des Missions étrangères, installé à Pont-Viau à compter de 1924 et d’où partiront des prêtres qui iront œuvrer dans plusieurs régions du monde. En décembre 1921, au retour d’un voyage à Saint-Boniface (Winnipeg), pour assister au sacre de Mgr Joseph-Henri Prud’homme, il doit prendre le lit. Transporté quelques jours plus tard à l’Hôtel-Dieu de Montréal, il y meurt le 7 janvier 1922 à l’âge de 53 ans. Après le service funèbre, sa dépouille est déposée dans la crypte de sa cathédrale à Mont-Laurier.

Son court épiscopat de huit années aura permis à Mgr François-Xavier Brunet de donner de solides assises à son diocèse. Évêque bâtisseur, il aura érigé 12 nouvelles paroisses, fondé le séminaire Saint-Joseph et construit l’évêché et la cathédrale. Doté d’un fort sens de l’observation, d’un jugement solide et d’une grande facilité de parole, il aura su, grâce à sa connaissance de l’être humain, choisir des collaborateurs remarquables pour poser les premières pierres de son diocèse.

Luc Coursol

C’est aux Arch. du diocèse de Mont-Laurier, Québec, que l’on trouve l’essentiel de la documentation concernant l’épiscopat de Mgr François-Xavier Brunet.

ANQ-M, CE606-S7, 29 nov. 1868.— A.-M. Cadieux et Louise Paradis, « le Programme de colonisation du curé Labelle », les Cahiers d’hist. de la rivière du Nord (Saint-Jérôme, Québec), 1 (1983), no 1 : 3–15.— Luc Coursol, Histoire de Mont-Laurier (1 vol. paru, Mont-Laurier, [1985]– ) ; Mont-Laurier, 1901–1922 : capitale des cantons du Nord ([Mont-Laurier, 1983]) ; Un diocèse dans les cantons du Nord : histoire du diocèse de Mont-Laurier (Mont-Laurier, 1988).— Richard La Grange, le Nord, mon père, voilà notre avenir… : une histoire de L’Annonciation et de canton Marchand (L’Annonciation, Québec, [1986]).— Maurice Lalonde, Notes historiques sur Mont-Laurier, Nominingue et Kiamika ([Beauceville, Québec, 1937]).— Albiny Paquette, Hon. Albiny Paquette, soldat, médecin, maire, député, ministre ; 33 années à la législature de Québec : souvenirs d’une vie de travail et de bonheur.— J.-P. Poulin, « Petite Histoire du diocèse », l’Élan (Mont-Laurier) (chronique parue de 1962 à 1965.— Séminaire Saint-Joseph, Annuaire (Mont-Laurier), 1915–1965.

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Luc Coursol, « BRUNET, FRANÇOIS-XAVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brunet_francois_xavier_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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